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Boom des braquages de pharmacies : ce qu’il ne faut surtout pas faire

Cinq pharmacies situées dans Paris intra-muros ont été braquées la semaine dernière. Ce qui a aussi été le cas d’une officine du Val de Marne. Alain Marcillas est référent national sécurité à l’Ordre des pharmaciens. Il décrypte la stratégie de sécurité mise en place par l’Ordre et donne des conseils aux pharmaciens pour minimiser les dégâts des braquages.

 

Egora.fr : Six pharmacies braquées en une semaine, dont 5 à Paris. Est-ce que ces chiffres sont habituels ?

Alain Marcillas : Non la situation est tout à fait exceptionnelle. Sur Paris intra-muros, depuis que nous faisons des statistiques, c’est la première fois qu’un tel évènement se passe. D’après ce que nous avons recueilli des confrères, je pense qu’il pourrait s’agir d’un seul individu qui a attaqué l’ensemble des officines parisiennes. C’est toujours le même mode opératoire. Le braqueur est casqué, il porte un foulard…

D’octobre à janvier, une dizaine d’officines situées à Paris et dans le Val-de-Marne ont été braquées par la même personne. Il s’agissait d’un préparateur en pharmacie. Il a été écroué.

Ces gens-là font grimper les statistiques.

Quelles sont les statistiques justement ?

Au Conseil national nous recevons les fiches de déclaration des pharmaciens. Il s’agit soit de vol à main armée, soit d’agressions physiques ou verbales, soit de cambriolages. On recense tout cela et on fait un bilan chaque année. Pour l’année 2015, nous sommes autour de 120 déclarations d’agressions. C’est énorme mais c’est en stagnation par rapport à 2014.

Ces chiffres importants ont permis de mettre en place un protocole de sécurité que nous avons signé avec les ministères de l’Intérieur, de la Justice et de la Santé et tous les présidents des Ordres de santé nationaux. A la suite de cela, nous avons mis en place des référents sécurité ordinaux dans chaque département. Ces derniers sont l’interface entre les forces de police, les confrères et le niveau national où ils nous font remonter les informations.

Quels conseils donnez-vous aux pharmaciens ?

Sur le site de l’Ordre nous avons une page consacrée aux conseils de sécurité pour les confrères. Nous proposons aussi cette fiche de déclaration d’agression qui est téléchargeable. Cela nous permet d’être avertis des événements en temps réel partout en France métropolitaine et ultra-marine.

Les consignes basiques sont de dégager les vitrines des panneaux publicitaires pour pouvoir contrôler ce qu’il se passe dehors mais aussi pour que les patrouilles de police puissent voir de l’extérieur ce qu’il se passe à l’intérieur. Nous rappelons aussi aux confrères de laisser un minimum d’argent dans la caisse. Dans le cas des récents braquages parisiens, l’agresseur ne volait à chaque fois qu’une centaine d’euros. Nous avons également diffusé des conseils de gestion du vol à mains armées. Nous avons fait des fiches conseil sur les violences à personne.

Nous conseillons de répondre aux ordres immédiatement, c’est-à-dire de donner l’argent pour que l’agresseur reparte le plus rapidement possible. Nous voulons que l’agression soit la plus courte possible. Nous rappelons aussi que dès que l’agresseur est parti, il faut donner l’alerte en composant le 17. Enfin il faut aussi geler la scène de crime pour que les forces de police puissent tirer des éléments exploitables.

La préfecture de police a mis en place, jeudi soir, un plan d’action et de prévention pour les officines parisiennes. Ils vont augmenter le nombre de patrouille auprès des officines parisiennes.

Des médicaments ont-ils été volés lors des récents braquages ?

Qu’il s’agisse des 10 pharmacies cambriolées entre octobre et janvier ou de celles de la semaine dernière, il n’y a que de l’argent qui a été volé. Et encore 150 euros maximum. C’est de la folie de prendre autant de risque pour des sommes aussi dérisoires.

Faut-il aller plus loin dans la protection des officines ?

Les pharmacies sont des lieux qui doivent accueillir du public, elles ne peuvent pas se transformer en bunker. Le message à faire passer est de laisser le minimum d’argent dans la caisse.

Vous sentez-vous soutenus par les pouvoirs publics ?

Oui beaucoup. J’ai eu le commissaire divisionnaire au téléphone. La préfecture de police a mis en place le site cespplussur, auxquels adhèrent les commerçants, les bijoutiers, les buralistes mais aussi les pharmaciens. Les inscrits reçoivent des alertes par SMS adaptées à la profession.

Quelle aide psychologique proposez-vous aux pharmaciens agressés ?

Nous essayons de les diriger vers des cellules d’aide aux victimes. A ce jour heureusement, les confrères n’ont pas eu de trop grandes séquelles psychologiques. Notre rôle en tant que référent sécurité est aussi de suivre le cheminement du confrère et voir s’il est apte ou pas à reprendre. Nous constatons aussi que plus la reprise se fait rapidement, mieux elle se passe.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi-Bonin