Comment gagner 1 800 euros en deux semaines, quand on a 19 ans et besoin d’argent ? Pour Jean-Marc Poirier, la solution est passée par des essais cliniques à Biotrial, à Rennes. En 2008, il entend une annonce à la radio et fonce tête baissée. D’ailleurs, malgré le drame récent, si c’était à refaire, il n’hésiterait pas.

 

J’habitais à Rennes à l’époque. J’avais 19 ans. Je n’étais pas étudiant. Je sortais de terminale, et j’avais pris une année comme ça pour me chercher. J’ai entendu une annonce à la radio. J’ai regardé ensuite sur Internet, j’ai vu que c’était bien rémunéré. Je n’avais pas de projet particulier, mais à l’époque j’avais besoin de cet argent pour vivre au quotidien.

C’était un test pour des bronchodilatateurs, payé 1 800 euros pour deux semaines d’hospitalisation et quatre visites ambulatoires après les tests.

 

“On est suivis de A à Z”

J’ai contacté Biotrial. J’ai eu un rendez-vous. On m’a demandé mes motivations, même s’ils savent très bien que l’aspect financier est important. Ils ne sont pas dupes, c’est le jeu. Ensuite ils nous font faire des tests. J’ai eu des tests urinaires, des prises de sang, un électrocardiogramme, un bilan complet pour voir si je n’avais pas de problèmes de santé à la base. Ils ont besoin d’individus sains pour tester les molécules.

L’hospitalisation a duré deux fois une semaine. On avait comme des sprays, à aspirer deux fois par jour, matin et soir. Je n’ai jamais su si j’avais eu le placebo ou pas. Même après la fin de l’essai.

Il s’est passé des choses dramatiques à Rennes récemment, mais je tiens à dire qu’on était très bien suivis. J’ai vu un médecin lors des tests de sélection, et le jour de l’entrée. J’ai eu des radios des poumons avant le début de l’essai pour voir si tout allait bien, des prises de sang… On est suivis de A à Z. A aucun moment je n’ai senti de laisser aller. Au contraire, je me sentais très encadré, suivi, protégé. On avait des prises de sang régulières. L’infirmière était là 24h sur 24 en cas de besoin. Ils sont là toute la journée, ils tournent autour de nous, s’il y a quelque chose, ils agissent dans la minute. J’ai eu aussi deux entretiens avec une infirmière.

 

J’y suis allé un peu tête baissée

A la sortie, j’ai eu quatre visites ambulatoires avec un médecin. J’ai eu des prises de sang, des tests urinaires et tout un questionnaire pour savoir s’il n’y avait pas d’effets secondaires. Ça s’est étalé sur un mois, une visite par semaine.

Moi, je n’ai eu aucun souci particulier. Dans mon groupe, on était huit, âgés entre 20 et 30 ans. Personne n’a rien eu.

Je n’ai pas consulté mon médecin avant de faire ces tests. J’y suis allé un peu tête baissée, parce que ça ne m’a pas paru inquiétant. C’était juste prendre une sorte de spray. Mes proches ne se sont pas vraiment inquiétés. Beaucoup de personnes dans ma famille travaillent dans le milieu médical, et ils m’ont dit de peser le pour et le contre. Ils m’ont dit de réfléchir, que le risque 0 n’existait pas… Mais j’en étais déjà conscient. Qui ne tente rien n’a rien.

On a toujours un petit doute. Mais on est prévenu des risques, ils sont écrits noir sur blanc, on signe un papier. On sait ce qu’il en est. Les risques sont exposés, donc on fait ça en son âme et conscience. On m’avait décrit des insuffisances respiratoires, des vertiges, des nausées, une augmentation du rythme cardiaque. C’est vrai qu’on est encore en phase de test, donc on peut encore développer autre chose. Mais je me sentais sécurisé. Et tester des bronchodilatateurs, ça ne m’a pas paru risqué. J’aurais aussi pu participer à d’autres tests, notamment sur les anticoagulants. Ça, ça m’a fait plus peur. Donc je ne l’ai pas fait.

 

On se dit qu’on aide à faire progresser la science à notre niveau

Non seulement il y a l’aspect financier, mais en deuxième plan, je me dis que ça aide des personnes. Sur le moment, c’est l’argent qui compte. Mais ensuite, on se dit qu’on aide à faire progresser la science à notre niveau. Je n’ai pas de proches concernés par ce type de maladie, c’était vraiment pour aider quelqu’un quelque part.

C’est la seule fois où j’ai fait ce genre de test. Ensuite, j’ai trouvé du travail, j’ai changé de ville. Ça ne s’est pas présenté, mais c’est quelque chose que j’aurai pu refaire. Tout dépend des tests que l’on choisit de faire. Si j’avais besoin d’un complément de revenus, ou si j’avais momentanément besoin d’argent, c’est quelque chose que je pourrai faire. Malgré ce qu’il s’est passé. Le critère déterminant, c’est surtout le type de tests. Pour moi, ce qui s’est passé à Rennes, ça ne change rien.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Fanny Napolier