La loi de santé votée, Marisol Touraine serait déjà en train de rêver d’un autre ministère. Mais qui pourrait la remplacer avenue de Ségur ? La rédaction d’Egora s’est prêtée au jeu des pronostics, avec plus ou moins de sérieux, et a dressé les portraits de quelques potentiels futurs ministrables.

La canicule de 2003 en avait déjà fait le médecin star des médias, les attentats de Charlie Hebdo l’ont presque érigé au rang de héros national. Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf), moitié militant, moitié people, fréquente depuis longtemps les hautes sphères du pouvoir et est un habitué du ministère de la santé. Très souvent courtisé par différents bords politiques, il a toujours refusé de s’engager. Jusqu’à quand ?

Probabilité : 2,5/10

 

Paris, le 11 janvier dernier. 1,5 million de de personnes défilent dans les rues de la capitale pour rendre hommage aux victimes des attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Casher. Parmi les images qui marquent cette journée, une accolade, celle du Président de la République à son ami rescapé, Patrick Pelloux. L’urgentiste, chroniqueur de Charlie Hebdo, a été l’un des premiers à arriver sur le lieu de la tuerie le 7 janvier et c’est lui qui aurait appelé François Hollande pour le prévenir. Car les deux hommes sont amis très proches depuis plus de 10 ans.

Leur rencontre remonte à l’été 2003, alors que le Dr Pelloux, en poste aux urgences de l’hôpital Saint-Antoine, interpelle médias et responsables politiques sur les conséquences sanitaires de la canicule qui est en train de frapper la France. Depuis, les hommes ne se sont presque jamais quittés. Pelloux s’est de nombreuses fois rendu à Tulle, circonscription de Hollande pour défendre les hôpitaux locaux. Il a crié haut et fort son soutien lors de la Présidentielle de 2012, et lui a même écrit une véritable lettre d’amitié intitulée “Mon pote François” publiée dans Charlie Hebdo, alors que Valérie Trierweller vient de sortir son livre.

 

La Légion d’Honneur

Le drame de janvier semble les avoir rapprochés un peu plus encore. Après les attentats au musée du Bardo, Hollande demande à son ami de l’accompagner à Tunis. Pelloux monte donc dans le Falcon présidentiel aux côtés de Claude Bartolone et de Bertrand Delanoë. Quelques semaines plus tard, il accompagne encore le Président, à Cuba cette fois, pour découvrir la politique sanitaire du pays et voyage notamment aux côtés de Marisol Touraine.

Puis en juin dernier, Patrick Pelloux se rend à l’Elysée pour recevoir la Légion d’Honneur. De grands noms de la gauche sont dans la salle, mais aussi ses amis du showbiz : Josiane Balasko, Benabar ou Michel Drucker. Naturellement, c’est François Hollande qui prononce le discours : “Votre vie, comment la résumer ? Vous avez voulu soigner les institutions, la société française, le monde… Dès qu’il y a une souffrance, vous voulez l’apaiser ; ça fait beaucoup de travail.”

 

Faire tomber les ministres

Cette amitié avec Hollande pourrait-elle valoir à l’urgentiste le plus célèbre de France un poste au Ministère de la Santé ? Dans Vanity Fair un cousin de l’urgentiste confiait :”A 16 ans, il disait qu’il serait ministre de la santé.” La prémonition pourrait-elle se réaliser ? Rien n’est moins sûr. Car s’il fréquente les hautes sphères du pouvoir depuis 10 ans, Patrick Pelloux semble se plaire dans son rôle de trublion, de grande gueule ou de conseiller de l’ombre. Plus qu’un ministre, il préfère être le syndicaliste qui fait plier, voire tomber, les ministres. Il n’est certainement pas étranger à l’éviction de Jean-François Mattei après la canicule de 2003 et a maintes et maintes fois demandé la démission de Roselyne Bachelot. Cette année encore, il ne s’est pas fait prier pour critiquer à la télévision la loi Touraine. Il y a un an, l’Amuf appelle à une grève des urgentistes contre la loi de santé. Une matinée plus tard, un accord est signé au Ministère de la Santé.

Pourtant, nombreux sont les politiques qui auraient souhaité avoir ce médecin très populaire à leurs côtés. Dernier en date, Claude Bartolone lui aurait proposé de rejoindre sa liste pour les régionales, sans succès. Dans un long portait publié il y a quelques mois dans Vanity Fair, il avouait : “On m’a offert à peu près tous les postes dans tous les partis de gauche. J’ai toujours refusé. Un jour peut-être, pas maintenant.”

 

Trop grande gueule

Difficile d’apprivoiser le “versatile” docteur Pelloux. S’il se dit “homme de gauche”, qu’il est chaque année l’invité des fêtes de l’Huma, il jure n’avoir jamais été encarté à aucun parti. Il y a deux ans, lorsque l’économiste socialiste Pierre Larrouturou, monte “Nouvelle donne”, un parti politique regroupant des personnalités de la société civile, il affiche ouvertement son soutien. Mais quelques mois plus tard, il refuse de représenter le parti aux européennes… et appelle à voter Mélenchon. En 2007, il disait voter Bayrou, s’était dit “intéressé” par Sarkozy, avant de finir par soutenir Ségolène Royal.

L’autre obstacle entre Pelloux et la politique, c’est sa personnalité qu’on dit souvent “trop”, trop grande gueule, trop sanguin, trop ingérable. Fonceur, Patrick Pelloux s’est aussi brisé les ailes : en 2008, il est remercié des urgences de Saint-Antoine après 15 ans de service. C’est grâce à l’intervention de Bertrand Delanoë qu’il obtient un poste au Samu qu’il occupe encore actuellement. Il dit d’ailleurs vouloir s’y consacrer pleinement depuis qu’il a cessé sa collaboration avec Charlie Hebdo en novembre dernier. Ultra médiatique, Patrick Pelloux a été ces deux dernières années chroniqueur télé, écrivain, acteur de cinéma, et bien sûr syndicaliste. On l’imagine mal rester bien sagement au centre de régulation du 15…

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Aline Brillu