La loi de santé votée, Marisol Touraine serait déjà en train de rêver d’un autre ministère. Mais qui pourrait la remplacer avenue de Ségur ? La rédaction d’Egora s’est prêtée au jeu des pronostics, avec plus ou moins de sérieux, et a dressé les portraits de quelques potentiels futurs ministrables.

Qui de mieux qu’un médecin pour parler aux médecins ? Le Dr Gérard Bapt, cardiologue retraité de 69 ans pourrait être l’un des candidats en cas de remaniement au ministère de la santé. Ce député socialiste est particulièrement concerné par tous les sujets relatifs à la santé. Il a été le président de la mission d’information de l’Assemblée nationale sur le Mediator et la pharmacovigilance.

Taux de probabilité : 5/10

 

18 ans. Cela fait déjà 18 ans que le Dr Bapt prend place sur les bancs de l’Assemblée Nationale. Cet ancien cardiologue de 69 ans est en effet député de Haute Garonne depuis 1997. Autant dire que les lois de santé, il en a vu passer. A quand la sienne ? D’autant que la dernière n’a pas semblé lui donner entière satisfaction. Si dans la presse il se montrait sceptique sur les méthodes de travail mises en place par le gouvernement pour faire voter la loi, en coulisse, il se positionnait contre la mise en place du tiers payant généralisé.

 

“Compétence ne rime pas forcément avec nomination”

Gérard Bapt pourrait être un candidat crédible à la tête du ministère de la santé. Un ministère qui jusqu’à la fin du quinquennat de François Hollande n’aura plus de gros dossier à gérer. Celui qui a présidé la mission d’information sur le Mediator et a fondé le club Hippocrate, un cercle de réflexion parlementaire sur les questions de santé, serait donc parfait pour le poste. “Je pense qu’en terme d’ancienneté, et par ma connaissance des milieux médicaux, de la santé publique et de la santé environnementale, je serais compétent en tant que ministre de la santé”, admet le député avant d’ajouter “compétence ne rime pas forcément avec nomination”.

Si son nom circule en effet depuis déjà de longues années et Gérard Bapt ne croit plus en ses chances. “Cela fait tellement longtemps que cela dure, j’ai perdu mes illusions”, a-t-il confié à Egora. “Je me console en me disant que je suis plus libre en tant que député qu’en tant que ministre”.

 

Repêcher les recalés de 1ère année pour repeupler les déserts

Une liberté dont s’est servi le député pour lancer une proposition de lutte contre la désertification médicale, inspiré du service de santé des armées. “Je propose d’augmenter le numerus clausus de 10% (cette proportion pourrait être adaptée en fonction des besoins) de manière à ce que les étudiants reçus-collés puissent passer en deuxième année moyennant un engagement d’exercice de la médecine générale dans une zone fléchée par les ARS pendant 8 ans”, avait-il dévoilé à Egora en septembre dernier. Une façon selon Gérard Bapt de “contourner la coercition”. Mais sa proposition n’avait pas convaincu les médecins.

Si lors d’un prochain remaniement il échoue à passer les portes du ministère, cela sera plutôt la faute à son récent voyage en Syrie. Un déplacement qui pourrait ternir son avenir politique. Le député qui est président du groupe d’amitié France-Syrie à l’Assemblée s’est en effet rendu à Damas en mars dernier sans l’aval du gouvernement. Il était accompagné de trois élus de l’opposition Jacques Myard, Jean-Pierre Vial (LR), et François Zocchetto (UDI). Ces derniers ont été reçus par le président syrien Bachar el-Assad, ce qui n’a pas été le cas de Gérard Bapt, qui a décliné l’invitation.

 

La faute du voyage en Syrie

“Deux éléments n’ont pas été respectés par mes collègues de l’UMP: on ne devait pas rencontrer Bachar el-Assad, et on ne devait pas faire de réactions à la presse. Jacques Myard a répondu à toutes les interviews, je ne le connaissais pas comme ça. Il s’est d’ailleurs fait engueuler par les sénateurs”, avait regretté Gérard Bapt à son retour. “Je comprends que cela ait pu gêner le gouvernement, mais je ne me sens pas concerné par la faute morale parce que je n’ai pas vu Assad”, avait-il poursuivi, en référence aux remontrances qui lui avaient été adressées par Manuel Valls.

Aujourd’hui avec le recul, le député ne regrette pas son déplacement en Syrie bien qu’il reconnaisse que la polémique liée à son voyage ait pu lui “porter préjudice”. “J’aurais au moins attiré l’attention sur le peuple syrien qui souhaite continuer à vivre avec une certaine idée de la citoyenneté, bien que le régime d’Assad soit une dictature”, estime Gérard Bapt.

Lundi, Egora nomme l’un des médecins les plus célèbres de France au Ministère de la Santé.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi-Bonin