La loi de santé votée, Marisol Touraine serait déjà en train de rêver d’un autre ministère. Mais qui pourrait la remplacer avenue de Ségur ? La rédaction d’Egora s’est prêtée au jeu des pronostics, avec plus ou moins de sérieux, et a dressé les portraits de quelques potentiels futurs ministrables.

Premier ministre de la santé nommé par Egora, Bruno Le Roux. C’est le manœuvrier du parlement, celui qui, de la soute du Parti Socialiste, rêve de grimper sur le pont du navire pour enfiler le dossard N° 1. Député de Saint Denis il a eu les honneurs d’un “indiscret” du Journal du dimanche, qui, le 6 décembre dernier, révélait son ambition de devenir ministre de la Santé, après le remaniement des régionales. Les médecins fulminent.

Probabilité : 4/10

 

Certes, on ne parle plus de remaniement depuis l’instauration de l’état d’urgence. Mais dans le microcosme, l’indiscrétion du JDD a été suivie par un florilège de réactions variées allant de l’étonnement à l’ironie, en passant par une incrédulité teinté de colère. Certains y ont même vu une “provocation”, tant le nom du patron des députés PS est synonyme de sectarisme anti-libéral, d’étatisme idéologique, d’anti-médecin.

 

Bruno Le Roux est rentré dans le rang

Car si le nom de Bruno Le Roux ne dit pas grand-chose au commun des mortels, il résonne fortement aux oreilles des médecins et professions de santé libéraux, car son patronyme est à jamais accolé aux réseaux de soins mutualistes qui ont fait descendre contre eux, des milliers de médecins libéraux dans la rue, voici deux ans. Dans une proposition de loi éponyme, le patron des députés PS de l’Assemblée national, très proche idéologiquement de la Mutualité et très bon soldat de la Hollandie, envisageait de permettre aux mutuelles d’inclure les médecins libéraux dans leurs réseaux de soins aux remboursements bonifiés. Un avantage concurrentiel jugé scandaleux, et dénoncé à ce titre par les médecins installés, les internes et chefs de cliniques qui ont même menacé de bloquer les hôpitaux…

Quelques grèves, manifestations et une longue phase d’interruption plus tard, la loi était votée sans tambours ni trompettes, excluant les médecins et ne concernant plus que l’optique et les chirurgiens-dentistes. Bruno Le Roux est rentré dans le rang, mais, chats échaudés, les médecins sont sur leurs gardes. D’ailleurs, la révélation de l’ambition du député de Saint-Denis pour le maroquin de la Santé a immédiatement fait le buzz, à un moment où les assurances privées et les mutuelles tentent par tous les moyens de contourner les interdits de la loi Leroux, pour contracter directement avec les cliniques privées et leurs praticiens. “Si Bruno Le Roux est avenue de Ségur, il ne lui sera pas difficile de changer sa loi pour y inclure les médecins”, a immédiatement réagi Jean-Paul Ortiz, le président de la CSMF.

Mais l’affaire n’est pas conclue, loin de là. Certes, le chef de file du groupe PS peut se féliciter d’avoir réussi à y remettre un peu d’ordre après que le groupe des frondeurs était vent debout contre la loi Macron et s’est ensuite abstenu de voter le budget. Bruno Le Roux est aussi allé tirer quelques députés par la manche pour qu’ils votent, au final, le paquet neutre qui est passé à quelques voix près, dans le projet de loi de santé. Autant de bons points pour un fantassin qui estime que son rôle est de soutenir le gouvernement, vaille que vaille, rapporte Le Journal du Dimanche. Mais Bruno Le Roux semble peu soutenu par les siens.

 

“Il a énormément de mal à gérer les conflits et n’arrive pas à faire face”

“J’ai tenté de l’interpeller dans les couloirs de l’Assemblée un nombre incalculable de fois. A chaque fois, il m’a esquivé, il disait qu’il n’avait pas le temps”, se plaint un député PS dans le JDD. “Soit il s’en fout de ce qu’on a à dire, ça ne l’intéresse pas, soit il a énormément de mal à gérer les conflits et n’arrive pas à faire face. A force d’esquiver, il a laissé le groupe se fracturer pour de bon. L’avis de l’écrasante majorité, c’est qu’il n’est pas à sa place”, poursuit cet élu. Un avis cassant tempéré par celui du sénateur PS Luc Carvounas, qui met au défi “quiconque de faire mieux que lui face à autant de personnalités indépendantes et incanalisables”.

Pas certain donc, que le député de Saint-Denis dont le nom est régulièrement avancé à chaque remaniement, soit la bonne personne, pour calmer les médecins libéraux après la purge de la loi Santé. A deux ans de la présidentielle, le président de la République pourrait bien juger urgent de ne rien changer. Marisol Touraine a fait le job, elle pourrait donc bien rester.

Demain Egora vous fait vivre votre pire cauchemar en imaginant l’ennemie numéro 1 des médecins libéraux au Ministère de la Santé…

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Catherine Le Borgne