Et maintenant, que faire ? Après que le gouvernement a choisi de repousser à quatre reprises l’ultime examen du projet de loi de santé par l’Assemblée nationale, pour fixer (a priori) définitivement le vote au 1er décembre prochain, comment agir sachant que ce vote des députés vaudra aval du chapitre le plus décrié par les médecins, la mise en place du tiers payant par étapes, généralisé en 2017 ?

Pour la deuxième fois, depuis janvier dernier, les médecins libéraux et les cliniques privées ont interrompu leur mobilisation – manifestations et grèves – la nuit même des attentats, pour répondre présents et faire face aux urgences. Et cette deuxième fois, à l’Assemblée Nationale, Marisol Touraine n’a salué que les hospitaliers, pour leur abnégation, leur mobilisation, leur sens du devoir et même leur héroïsme. Et pas un mot, pas un seul mot, pour les médecins libéraux qui ont stoppé un mouvement préparé depuis des semaines… Mieux, la Ministre de la Santé a débloqué un chèque de 3 millions d’euros pour primer les blouses blanches médaillées du devoir. Un geste d’ailleurs mal perçu par le corps médical si l’on en croit les protestations virulentes lues sur les forums médicaux.

“Décidément non, il n’y a vraiment rien à attendre de cette Ministre, soupire Luc Duquesnel, le président de l’UNOF-CSMF. Elle n’a eu pour nous que mépris, pas un mot à l’Assemblée pour les libéraux.

Elu de Mayenne, le médecin généraliste se souvient pourtant de l’énervement des médecins libéraux qui voulaient descendre en car à Paris pour manifester devant l’Assemblée Nationale contre la loi de santé, lundi 16 novembre. “Nous demandions un moratoire jusqu’à la tenue de la Grande Conférence de Santé de Manuel Valls. Il ne s’est rien passé. Il n’est pas envisageable que tout s’arrête maintenant”, résume Luc Duquesnel.

Prochaine échéance : le vote du Sénat, à la mi-décembre, qui ne fera qu’entériner celui de l’Assemblée Nationale. Puis la négociation de la prochaine convention, à partir de février prochain. Or, “les médecins généralistes traversent un énorme malaise car la situation actuelle, tant en matière de conditions d’exercice que de rémunération, n’est pas acceptable et le cadrage de la prochaine convention, donné par le directeur de la CNAM, laisse entendre qu’il n’y aura pas grand-chose à attendre du côté des honoraires”, rappelle le président de l’UNOF-CSMF.

Pour lui, la précédente convention “ne leur a pratiquement rien apporté alors que les conditions financières qui président à la prochaine, laissent encore moins d’espoir”, sauf 1 euro sur le C en 2017. Comment inverser la tendance ?

“Sur le terrain, les médecins veulent suivre les actions unitaires. Ils sont révoltés, et depuis les attentats, les conditions sont les mêmes”, explique Luc Duquesnel. Le Président de l’UNOF-CSMF a pris des contacts avec ses homologues de MG France, Claude Leicher, de la FMF, Jean-Paul Hamon et du SML, Eric Henry, pour “lancer quelque chose qui a du sens”. Ainsi, le directeur de la CNAM a nettement fait comprendre qu’il n’était pas très chaud pour mettre en place une hiérarchie des actes – alors que cet engagement figurait déjà dans la convention 2010 ! “Eh bien, on va prendre les devants”. En Poitou Charentes, par exemple, les médecins traitants demandent 2 C pour l’ouverture d’un dossier médecin traitant, consultation longue qui ne se produit qu’une fois. Ailleurs, des médecins généralistes ont opté pour la visite longue, consultations peu nombreuses à domicile et très chronophages. “Les patients acceptent de payer un acte de leur poche car il y a une véritable contrepartie”, analyse le Président de l’UNOF-CSMF. Luc Duquesnel œuvre désormais avec les autres composantes de la médecine générale pour qu’une action unitaire se mette en place dès le 1er janvier 2016. Si la situation sécuritaire dans le pays le permet, évidemment, la négociation sera difficile pour le directeur de la CNAM et le gouvernement.