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Revalorisations tarifaires : forcer le gouvernement et le calendrier

Alors que le gouvernement ne varie pas d’un pouce sur son intention de mettre en place le tiers payant généralisé, et que les revalorisations tarifaires ne pourront intervenir qu’en juillet 2017, l’UNOF-CSMF appelle au rassemblement des forces généralistes, pour forcer les ouvertures et débloquer la situation.

 

Il n’aura pas fallu bien longtemps pour que la garde des Sceaux, une autre dame de fer, capitule devant la fronde des avocats, engagés dans un mouvement unitaire contre la réforme de l’aide juridictionnelle qu’elle comptait pourtant leur imposer. Devant la menace d’un gel de tous les tribunaux, et à un mois de régionales mal parties pour la majorité, Christiane Taubira a abandonné son idée d’un financement partiel de l’aide juridictionnelle réservée aux justiciables les plus démunis, par un prélèvement sur les intérêts des fonds placés dans des caisses gérées par les avocats. “La gauche fait aux avocats ce qu’elle a fait aux médecins : les faire passer pour des salauds refusant leurs services aux pauvres” a grincé un internaute sur Twitter.

Sans doute, mais dans ce cas de figure, pour les avocats servis par un bon calendrier, la mobilisation a marché. La rue a gagné. Un signe des temps, a relevé Luc Ferry, le philosophe invité à réfléchir à l’actualité avec les troupes confédérales réunies en septembre à Hyères.

Pourtant, malgré une mobilisation historique et des mouvements de grève, rien ne bouge pour les médecins généralistes libéraux. Marisol Touraine ne dévie pas d’un pouce s’agissant de sa loi de Santé et de la mise en place du tiers payant généralisé, par étapes (la seule concession). Il parait même, selon Le Figaro, que la Ministre aurait, dans cette partie de bras de fer qui semble tourner à son avantage, gagné un statut politique lui permettant de briguer un ministère régalien, après les régionales. Le TPG est un marqueur de gauche et “à l’heure du bilan, lors de la campagne pour la présidentielle, les valeurs de gauche seront dans son camp” commente Jérôme Guedj, un frondeur ex député.

Que faire donc contre cette loi de santé et des revalorisations tarifaires extrêmement lointaines ? Appeler à l’union de toutes les forces de la médecine générale, comme vient de faire Luc Duquesnel, Président de l’UNOF-CSMF, après le week-end des élections, pour faire un peu bouger une tutelle totalement figée et aux abois.

Le paysage qui s’offre aux médecins libéraux est en effet bien déprimant, marqué après l’élection des bureaux des nouvelles unions en janvier, puis un début de négociations conventionnelles, en février seulement. Ce qui signifie qu’en tenant compte de la période d’observation de 9 mois, réglementaire avant l’application des revalorisations approuvées par la tutelle, ces dernières ne seront pas applicables avant juillet 2017… D’où l’idée d’une action tarifaire qui commence à s’imposer.

“Que ça lui plaise ou non, nous considérons que la revalorisation du C est prioritaire” a commenté Luc Duquesnel. Il réagissait à la conférence de presse de Nicolas Revel, le directeur de la CNAM, appelant les syndicalistes aux principes de “réalité et de lucidité” s’agissant de leurs revendications tarifaires sur le C à 25 euros, notamment. Et insistant sur le fait que la véritable valeur du C était de 31,5 euros en 2015, tous forfaits confondus. Les priorités de la Caisse nationale seront, évidemment, celles du conseil de l’UNCAM (Union nationale des caisses d’assurance maladie) et de la Ministre, qui a déjà fait savoir qu’elle préférait largement promouvoir les organisations structurantes, comme l’exercice coordonné, plutôt que la simple valeur de l’acte.

“Certains syndicats demandent une dissociation de la valeur du C en fonction de la durée et de la difficulté de l’acte. Ce n’est pas une revendication portée par la CNAM, elle nécessiterait de sérieux garde fous pour éviter que tous les actes simples basculent en actes compliqués”, a signalé le directeur général, rappelant que l’enveloppe était contrainte et que certaines revalorisations pouvaient s’échelonner sur la durée de la convention…

“La hiérarchisation des actes de consultation était un engagement figurant déjà dans le cadre de la précédente convention, a relevé Luc Duquesnel. La caisse la retirerait déjà de l’ordre du jour de la suivante ? La durée de la convention, c’est 10 ans pour lui ? Le directeur a fermé des portes, mais entrouvert celle de l’exercice coordonné. Si les généralistes se mobilisent, on peut obtenir d’autres ouvertures”, a prophétisé le président de l’UNOF-CSMF. Une chose semble certaine, le panorama médico-social sera bien agité pour le gouvernement, jusqu’à la présidentielle.