C’était il y a tout juste 300 ans. Louis XIV rend son dernier souffle le 1er septembre 1715 dans sa fastueuse chambre du château Versailles, son corps entièrement rongé par la gangrène. Avant de s’éteindre, le Roi Soleil a vécu 22 jours de terribles souffrances pendant lesquelles les médecins ont tout tenté, en vain.

 

Précisément trois cents ans après, c’est sur Twitter que l’on commémore la mort du plus grand roi de l’Histoire de France. Pour l’évènement, le château de Versailles fait revivre sur le réseau social, jour par jour et presque heure par heure les derniers instants du roi soleil.

En 1715, Louis XIV règne sur la France depuis 72 ans. Mais à 77 ans, il est désormais à la tête d’un royaume ruiné et d’un peuple énervé. Le Roi Soleil s’enferme donc à Versailles où il vit une vieillesse difficile, étant constamment malade. On le dit diabétique, presque dépressif et la goutte le fait terriblement souffrir. Le Roi n’arrive d’ailleurs presque plus à marcher et il se déplace dans une chaise à roulette recouverte de feuilles d’or que ses courtisans se font un plaisir de pousser.

Le 10 août 1715, Louis XIV se plaint d’une violente douleur dans la jambe, et convoque ses médecins. Le premier d’entre eux est Guy Crescent Fagon, qui diagnostique une banale sciatique et prescrit au souverain une dose de sirop d’opium. Un remède efficace, qui permet à louis XIV de poursuivre ses promenades officielles.

Le 17 août, le roi a de plus en plus mal et doit s’aliter. Dès lors, il ne quittera sa chambre qu’une seule fois… pour rejoindre celle qu’il a épousée secrètement il y a quelques années, madame de Maintenon.

Mais la douleur empire. Est-ce vraiment une sciatique ? Dans l’équipe de médecins, personne n’ose remettre en cause le diagnostic de Fagon, excepté le premier chirurgien Georges Mareschal, qui suggère un mal plus grave. Mais ce dernier, qui suit le roi depuis des années, est aujourd’hui un homme vieillissant de 77 ans qu’on ne prend plus vraiment au sérieux. De plus, il n’est “que” chirurgien, une profession à l’époque largement inférieure à celle de médecin. 

On tente donc toute sorte de remèdes pour soulager Louis XIV : des pansements à l’eau-de-vie camphrée ou des bains de lait d’ânesse. Mais voyant que l’état du malade ne s’arrange pas, Mareschal tient tête. Ce ne peut pas être une simple sciatique. Avec l’appui de Madame de Maintenon, il obtient la permission d’examiner le Roi. Le chirurgien observe alors des tâches noires sur sa jambe et diagnostique la gangrène. Il évoque la possibilité d’une amputation, ce que Louis XIV accepte dans un premier temps : “Mareschal, n’avez-vous pas là des rasoirs ? Coupez ! Et ne craignez rien !”Et puis “Me sauvera-t-on lavie ?” Et Mareschal de soupirer : “Il y a bien peu d’apparence.” “Si de toute façon je dois mourir, je préfère garder tous mes membres”, conclut Louis XIV.

Ce n’est finalement que le 24 août, soit 14 jours après que le mal ne se soit déclaré, que les médecins s’accordent sur le diagnostic de gangrène. Son pronostic vital est engagé. A Versailles, on comprend que les jours du roi sont comptés. C’est l’effroi.

Le 25 août, alors que de grandes festivités sont organisées pour la Saint Louis, le Roi Soleil fait un malaise. Voyant ses dernières heures arrivées, il demande à recevoir l’extrême onction et le viatique, le sacrement de l’Eucharistie pour les personnes mourantes. Vingt-quatre violons jouent devant la porte de la chambre du Roi.

Les médecins, eux, tentent le tout pour le tout en incisant à plusieurs endroits la jambe du Roi, qui hurle de douleur. Mais il survit. Il fait alors appeler son petit-fils, le futur Louis XV, puis Mme de Maintenon. “J’ai toujours ouï dire qu’il est difficile de mourir ; pour moi, qui suis sur le point de ce moment si redoutable aux hommes, je ne trouve pas que cela soit si difficile”, lui confie-t-il en privé.

Le 27 août, comme à son habitude, la Gazette de Versailles publie le bulletin de santé du Roi. Et celui-ci est positif. L’état de Louis XIV est stable, la gangrène ne progresse pas. Ce n’est qu’un court répit. Dès le lendemain, le bulletin fait état de la nuit agitée du malade. Louis XIV est de plus en plus faible.

C’est alors qu’un homme mystérieux se présente à Versailles, apportant un dernier espoir. Il arrive de Marseille et prétend être capable de guérir le Roi grâce à un remède miracle contre la gangrène. Sieur Brun est en réalité un charlatan qui s’est mis en tête de faire fortune en vendant à prix d’or un élixir soi-disant miraculeux. Il n’est d’ailleurs pas le premier à promettre de pouvoir guérir le Roi, mais sieur Brun a, lui, réussi à convaincre le duc d’Orléans que son remède serait efficace. Face au neveu du Roi, et futur régent qui insiste fermement, les médecins s’inclinent. De toute façon, les espoirs sont si minces…

Comme sieur Brun ne veut absolument rien dire sur la composition de son produit, si ce n’est qu’il est fait à partir du corps d’un animal, on le force à absorber lui-même son breuvage, ce qu’il fait sans rechigner.

Le 28 août, à midi, le Roi avale donc à son tour dix gouttes de cet élixir diluées dans trois cuillerées de vin d’Alicante. Le remède pue atrocement. “Je ne le prends ni dans l’espérance ni avec désir de guérir, mais je sais qu’en l’état où je suis je dois obéir aux médecins.”

Au bout d’une heure, le roi va mieux, mais au bout de quatre il est pris de faiblesse. Les médecins et les courtisans se disputent pour savoir s’il faut continuer ou non le traitement. On demande donc au duc d’Orléans de trancher. Il décide de poursuivre le traitement pour soulager son oncle. Toutes les huit heures, Louis XIV ingurgite cet étrange mélange.

Et, miraculeusement, le lendemain, le Roi va mieux. A la Cour, on salut Brun, l’”ange envoyé du ciel pour guérir le Roi”. Mais là encore l’espoir est de courte durée. Lorsque les médecins changent le pansement de Louis, ils s’aperçoivent que la gangrène s’est propagée jusqu’à la cuisse. Son gros orteil est tombé et on aperçoit ses os à travers la chair. La chambre du Roi empeste l’odeur de chair pourrie.

Sieur Brun est prié de quitter la cour. On fait venir un autre charlatan, venu de Calabre, qui propose un remède à base de poudre de racines et de bulbes. Sans grand succès. A partir du 30 août, le Roi Soleil tombe dans l’inconscience. Il rend son dernier soupir le 1er septembre à 8h23.

Coiffé de noir, le grand chambellan de France se présente à la fenêtre de Versailles : “Le Roi est mort”, clame-t-il. Il réapparait quelques secondes plus tard, coiffé de blanc : “Vive le Roi”.

On procède à l’autopsie puis à l’embaumement. Le Roi est vidé de tous ses organes et de son cerveau, puis on le bourre d’aromates et on entoure son cadavre de bandelettes. Le corps du Roi, ainsi que des urnes contenant son cœur et ses entrailles, sont ainsi exposés pendant 8 jours dans le salon de Mercure à Versailles où les courtisans peuvent venir se recueillir.

Selon les volontés du Roi, son cœur est transporté à l’église des jésuites, rue Saint-Antoine. Ses entrailles iront dans le chœur de Notre-Dame de Paris. Son corps quant à lui, est enterré le 23 octobre, en pleine nuit, à la Basilique Saint-Denis… aux côtés des anciens rois de France.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : A.B.

 

[Avec Leroiestmort.com et Lepoint.fr]