Si vous étiez au pouvoir, quelle serait votre toute première réforme ? Egora a posé la question à plusieurs personnalités du monde de la santé. A l’initiative d’une “opération main propre” sur l’industrie pharmaceutique, la députée verte Michèle Rivasi n’y va pas par quatre chemins. Au pouvoir, elle met immédiatement en place une réduction drastique du prix de tous les médicaments. Les laboratoires pharmaceutiques peuvent trembler.
“Comme je viens d’arriver au pouvoir, je diminue immédiatement de 30 % le prix de tous les médicaments, les molécules princeps et les génériques pour m’aligner sur les prix italiens. Le Comité économique des produits de santé (CEPS), qui fixe les prix, sera chargé de revoir les prix de tous les médicaments pour appliquer une réduction de 30 %. Cette disposition permettra à la sécurité sociale de faire une énorme économie, et de redistribuer cet argent au niveau des hôpitaux et pour pratiquer la prévention à tous les niveaux. Cette mesure peut être prise très vite. Les laboratoires pharmaceutiques, ils font 20 % de profit par an. Je leur opposerai tout simplement le prix des médicaments italiens, dont certains sont même 50 % moins chers. Pour les génériques, il suffira d’ouvrir le marché par un appel d’offre qui permettra de réduire leurs prix de 30 %. Les laboratoires s’adapteront.
“Je ne veux pas tuer les laboratoires pharmaceutiques, mais ils font vraiment trop de profit”
Par ailleurs alors qu’aujourd’hui 70 % des dividendes reviennent aux actionnaires, je prendrai une mesure pour interdire cela. Il faudrait que les actionnaires conservent 30 %, mais que le restant soit dirigé vers la recherche et développement, l’investissement et les salariés. Aujourd’hui, les laboratoires n’investissent plus du tout, ils pleurent, ils disent qu’ils sont trop taxés .. Il faut tout de même savoir que les laboratoires français font 20 % de profit, alors qu’en Allemagne, ce n’est que 9 % et 5 % au Japon. Les laboratoires français parviennent à donner autant à leurs actionnaires, parce qu’ils réduisent la part sociale, ils licencient. Ils ne consacrent plus que 14 % du chiffre d’affaire à la recherche et développement, alors qu’on frôlait les 20 % il y a quelques années…
J’étais récemment à Bruxelles, les ministres de la santé hollandais et belges se sont réunis pour faire des appels d’offre communs qui ont permis de faire baisser le prix des médicaments. Je ne veux pas tuer les laboratoires pharmaceutiques, mais ils font vraiment trop de profit. Sur le dos des gens et de la sécurité sociale, qui ne peut plus rembourser certains produits. Je leur propose de faire un effort draconien avec le gouvernement, de travailler ensemble et on élaborera une loi qui obligera au partage des dividendes entre les actionnaires, l’investissement et les salariés. Il faut redonner de l’innovation à la France, alors que ce n’est plus le cas. Les laboratoires préfèrent acheter des petites start up, plutôt que de financer un pôle de recherche dans les grosses entreprises.
Je fermerais Fessenheim en urgence, et je mettrai en place une véritable transition énergétique
Il faudra bien expliquer aux gens que les laboratoires pharmaceutiques se font des profits dingues, ils se font plus de profit que les pétroliers et les banques. Dans le monde, ce sont les multinationales pharmaceutiques qui se font le plus de profit, sur un temps court. Je veux redonner la parole au politique. Ca va être très dur avec les labos, le marché français les intéresse énormément car nous sommes de gros consommateurs de médicaments. Le sofosbuvir (Sovaldi), qui soigne les malades atteints d’hépatite C, on l’achète 41 000 euros pour 12 semaines alors que son prix de revient n’est même pas de 100 euros. Mais Gilead a acheté 11 milliards le laboratoire Pharmaset, et en deux ans, ils ont remboursé leur mise. Eh bien moi, je ne veux pas de ce mode de développement, cela ne va pas du tout.
Mais si j’étais présidente, je fermerais Fessenheim en urgence, et je mettrai en place une véritable transition énergétique en aidant les gens à rénover l’habitat, trouver des financements pour qu’elles puissent rénover en souscrivant un emprunt dont une partie sera payée par les économies réalisées par rapport aux énergies fossiles. Il faudra aussi que les régions se fixent des objectifs conformes aux objectifs européens.”
Source :
www.egora.fr
Auteur : Catherine le Borgne