La campagne électorale pour les unions professionnelles (URML) a été lancée en grandes pompes par plusieurs centrales syndicales dès le début de la semaine. 116 000 électeurs sont appelés à voter pour élire vos 870 représentants. Et vous, irez-vous voter ?

 

Et c’est parti ! Sous un ciel parisien aussi plombé qu’humide, la campagne pour les élections aux unions professionnelles a démarré sur les chapeaux de roues. Au sens premier du terme d’ailleurs puisque l’UNOF (branche généraliste de la CSMF) avait choisi de recevoir la presse dans une brasserie devant laquelle était garé un combi décoré aux couleurs de la campagne électorale, le “tour de France de l’UNOF”, blanc, bleu et rouge. Car elle va aller vite cette campagne. Le dépouillement des résultats aura lieu le 18 octobre (trois collèges, 116 200 médecins électeurs, 870 praticiens élus, 13 nouvelles régions plus la Corse et les DOM-TOM), et la consultation électorale par voie postale sera close le 12 au soir. S’agit pas d’avoir les deux pieds dans le même sabot pour aller toucher les électeurs, dont on ne sait pas encore si ce vote les intriguera, les motivera ou les laisse indifférents après le grand chambardement de la constatation contre la loi de santé, au premier semestre. Et alors que le Sénat se penche, précisément, sur le projet de loi noyé sous les amendements.

 

Enjeu local majeur

En conséquence, pour tous les états-majors, les déplacements se compteront par dizaines d’ici le vendredi 25 septembre, date de fin officielle de la campagne, et les émissaires syndicaux s’emploieront à faire la netteté sur les deux focales de ces élections : l’enjeu national et l’enjeu régional et local. Un enjeu national car la contestation contre la loi de santé, son tiers payant obligatoire, le démantèlement du métier ou l’atteinte au secret médical qu’elle porterait en germes. Avec encore l’open data devant lequel les mutuelles et les assurances privées se pourlèchent les babines, a constitué pour tous, le ciment fort qui a construit la grande manifestation unitaire du 15 mars dernier à Paris. Et l’enjeu local est majeur car dans la nouvelle configuration que leur construit la future loi de santé, les URML deviendront encore plus qu’avant, les bras armés du ministère de la santé sur le terrain, organisant les soins et régulant la démographie médicale, fléchant les crédits et organisant la permanence des soins au moins couteux. Et, affirme la CSMF, laissant libre court à l’hospitalocentrisme anti libéraux et anti médecine spécialisée libérale, qui sous-tend la politique du ministère.

En outre, les résultats des élections unions pourraient aussi rebattre les cartes sur le terrain et même en national, pour les cinq ans à venir, puisque les scores de chacun seront pris en compte pour établir un classement de l’influence, établir une échelle de représentativité qui sera immédiatement mise à profit pour négocier la prochaine convention. Et attribuer, soit dit en passant, le montant des dotations liées à la signature des diverses conventions.

“Vous pourrez compter sur nous pour faire des URML autre chose qu’une chambre d’enregistrement des Agences régionales de santé. Nous disons aux confrères, élisez-nous et vous aurez des représentants qui exigeront une complète égalité de traitement, pour les urgences, entre la médecine libérale et la médecine hospitalière”, s’est engagé Jean-Paul Hamon, qui lui, aussi avait invité la presse dans une brasserie, entouré de ses lieutenants.

 

“C’est MG France qui a inspiré l’idée du tiers payant au Parti Socialiste…”

Le jeu se jouera donc sur la pugnacité affichée ces derniers mois et sur le bilan de la période conventionnelle écoulée. “La CSMF a suscité le grand mouvement unitaire de 50 000 médecins dans les rues de Paris” a rappelé sans modestie, en oubliant pas mal de monde, Jean-Paul Ortiz, le président de la CSMF. Nous appelons à la désobéissance civile en n’appliquant pas le tiers payant pour l’ACS, nous n’irons pas à la conférence de santé du Premier ministre, une mascarade pour faire illusion. Nous appelons les sénateurs à un sursaut démocratique en amendant profondément la loi de santé qui passera au Sénat en septembre. Nous ne lâcherons pas.”

De l’autre côté, la FMF et sa branche généraliste Union généralistes, ricanait franchement. “Ils ont tout signé à la CSMF. Nous, on est rentrés dans la convention pour défendre les médecins du secteur 2 attaqués par le harcèlement des caisses. Cet accord tue les honoraires libres. Les jeunes fuient la profession, les honoraires sont bloqués depuis 2011. Alors, nous, on répète aux médecins : si vous voulez que cela change, votez pour nous. On veut être premiers pour faire bouger les choses. Il y a de l’argent, il faut la volonté politique pour aller le chercher. Nous on ne se résigne pas. On refuse le tiers payant généralisé, le harcèlement des caisses, le gâchis des urgences, l’hôpital qui sort hors les murs, la mauvaise protection sociale et l’angoisse sur la retraite. Et ben sinon, restez comme vous êtes… Mais ne pas oublier que c’est MG France qui a inspiré l’idée du tiers payant au Parti Socialiste…”

Et la FMF peut d’ailleurs de targuer d’avoir ajouté une plume à sa coiffe en la personne du Dr Jérôme Marty, le président de l’UFML, convoité comme les yeux de Chimène, surtout par le SML, et qui aura, en définitive, choisi de faire son nid sur les listes de la FMF. Un symbole.

Alors, c’est évidemment le choc des programmes, qui seront la trame de la négociation conventionnelle future. Ils mêlent rejet de la loi de santé aux engagements pris dans le cadre de la future convention ou même e-santé (messagerie sécurisée Apicript, défendue mordicus par la FMF, contre l’ASIP santé).

 

Tous d’accord sur le C à 30 euros

Mais, la CSMF, l’UNOF et la FMF sont bien d’accord pour une fois : on n’en est plus à revendiquer le C à 25 euros. Pour la Confédération, il faut envisager un C à 30 euros au moins, mais surtout, “une profonde refondation tarifaire au travers d’une classification des consultations en fonction de leur complexité pour valoriser le travail du médecin”. Luc Duquesnel, le président de l’UNOF, précise que pour ces consultations : plusieurs motifs, complexes et longues, visites à domicile, soins non programmés, etc “le paiement à l’acte sera prépondérant”. La FMF envisage elle aussi une remise à plat de la rémunération et se dit prête à travailler à fond ce sujet avec les caisses. Tout en préservant un “espace de liberté pour tous”. But : que les médecins libéraux aient une rémunération équivalente globale à la moyenne européenne.

Quelle attitude en cette période contestation tarifaire, alors que MG France a clairement demandé à ses troupes depuis des mois, de coter CS à 25 euros, soit C + MPC ? “Les médecins généralistes doivent comprendre que s’ils ne prennent pas leur avenir en mains en se mobilisant, rien ne changera, argumente le Dr Luc Duquesnel. Si l’on ne veut pas que le C soit un enjeu des prochaines négociations conventionnelles, et donc attendre le printemps 2017, il faudra que les médecins généralistes le prennent puisque le gouvernement ne veut pas leur accorder.” Voilà qui est clair.

Si la FMF veut devenir le premier syndicat français, l’UNOF-CSMF affiche la même ambition. “Nous avons été premiers en 2010 en nombre d’élus au plan national confiait Luc Duquesnel. Nous voulons faire au moins aussi bien cette année, en élus et en voix”.

MG France, le SML et le BLOC n’ont pas encore dévoilé leurs cartouches.

 

Et vous ? Voterez-vous le 12 octobre prochain ?

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Catherine le Borgne