Auteur du célèbre Traité des caresses vendu à plus d’un million d’exemplaires, le Dr Gérard Leleu, 83 ans, vient de publier ses mémoires dans un nouveau livre intitulé Confidences d’un sexologue. Egora vous propose aujourd’hui de lire un extrait de ce livre, dans lequel il retrace l’une de ses consultations de sexologie. Il revient notamment sur l’importance des caresses pour atteindre l’orgasme.

Extrait de Confidences d’un sexologue, du Dr Gérard Leleu (Leduc.s Editions).
 

 

Lire l’interview du Dr Leleu.

 

Etre à l’écoute de l’autre

Son plus grand malheur c’est de s’être amourachée de Hugues, un macho comme il en existait (et il en existe encore). C’est ensemble qu’ils viennent à ma consultation.

– Lui : Docteur, ma femme est frigide, est-ce que vous pouvez faire quelque chose pour elle ?

Pour une des rares fois où un homme vient à ma consultation, c’est pour y traîner sa femme en accusée. Sophie est assise sur le bord de sa chaise, elle regarde son mari. Je sens bien qu’elle a consenti à venir et à porter l’étiquette infâme autant qu’infondée de “frigide” pour sauver son couple. Je me retiens de prononcer le dicton célèbre : “Il n’y a pas de femme frigide, il n’y a que des hommes malhabiles.”

– Moi : Qu’appelez-vous frigide ? Est-ce un manque de désir ou bien un manque de plaisir ?

– Lui : Le désir, elle en avait au début. Maintenant elle n’est plus jamais partante. En moi : C’est logique, à n’avoir jamais de plaisir, le désir s’efface.

– Lui : Je voudrais qu’elle jouisse, qu’elle ait des orgasmes. En moi : Voilà, on y est, c’est la conséquence du “terrorisme” de l’orgasme. Avant on disait “une femme honnête n’a pas de plaisir”, maintenant on dit qu’une femme qui n’a pas d’orgasme est une malade.

– Moi : A-t-elle des orgasmes lorsque vous lui caressez le clitoris ?

– Lui : Oui, une fois sur deux. En moi : c’est ce que dit la statistique : quand un homme caresse le clitoris, la femme jouit dans 45 % des cas ; si c’est elle-même qui se caresse ou une autre femme, elle jouit dans 99 % des cas. Ce qui montre que les stimulations de l’homme ne sont pas toujours parfaites ; mais il ne peut bien connaître ce qu’il ne possède pas.

– Moi : Donc elle connaît l’orgasme, elle n’est pas anorgasmique.

– Elle : Mais, Docteur, il me dit que ça ne compte pas. Ce qu’il veut, c’est que je jouisse quand il me pénètre. En moi : Voilà bien une conséquence des écrits machistes de Freud qui prétendait que le clitoris n’était qu’un pénis vestigial et le plaisir clitoridien un ersatz d’orgasme. Seul l’orgasme vaginal est digne d’une vraie femme, affirmait-il.

– Moi : Avant de vous pénétrer est-ce qu’il vous caresse et vous embrasse longuement ?

– Lui : Oui, je fais les préliminaires. Elle : C’est vrai, mais c’est toujours trop court. Et c’est mécanique. En moi : Les préliminaires, ça ne doit pas être une simple tactique de petit baiseur qui veut arriver à ses fins. C’est avant tout l’adoration de la femme.

 

Sophie n’est pas la seule à n’avoir pas d’orgasme au cours de la pénétration vaginale : seules trois femmes sur dix en ont au début de leur carrière érotique. Pourtant, la cavité vaginale est si richement pourvue en points érogènes que je l’ai appelée la “constellation vaginale”. Outre le très connu “point G”, elle brille de sept autres points, dont le mirifique point C situé dans le cul-de-sac vaginal postérieur. Mais tout cela dort. Oui, la cavité vaginale, à l’aube de la vie adulte, est “la Belle au bois dormant”. Si la fille jusqu’alors s’est bien amusée avec son clitoris, elle a en revanche négligé son vagin ; d’autant qu’à la puberté, les difficultés d’y accéder se sont multipliées : l’entrée a reculé entre les cuisses, une importante pilosité puis du sang y sont apparus, autant d’éléments dissuasifs auxquels se sont ajoutés, selon ce que les filles entendent dire, une membrane, l’hymen, dont la rupture peut être douloureuse et sanglante, voire préjudiciable pour l’avenir. Voilà pourquoi une fille est muette, je veux dire son vagin. Alors que le garçon, depuis sa naissance, et même avant, in utero, se masturbe allègrement et se présente donc aux rencontres sexuelles le pénis super-entraîné.

Pour réveiller leur “Belle au bois dormant”, les filles, jusqu’alors, comptaient sur un Prince charmant, méthode qui demande beaucoup de temps et coûte beaucoup de déceptions, car le garçon (et l’homme) ne connaît rien à la sexualité féminine. Aussi, de plus en plus de filles et de femmes, pour éveiller leur muqueuse vaginale et, à terme, parvenir à l’orgasme, utilisent des jouets plus ou moins automatiques.

Conscient que la Nature nous a donné tout ce qu’il fallait pour exciter et faire jouir nos compagnes (deux mains, vingt doigts plus deux lèvres, une langue et… un cerveau), je reste partisan du “fait-main”. Aussi, je préconise la “caresse vaginale” dont j’ai fait état précédemment pour amener la femme à l’extase. Mission est donnée à la main masculine agissant avec subtilité, tendresse et l’intuition grande ouverte mais aussi une certaine fermeté, d’aller stimuler les différents points de la constellation vaginale. Le temps fort est le massage du col et des culs-de-sac vaginaux, tellement ravissant qu’autrefois les gynécologues le pratiquaient pour apaiser l’anxiété de leurs patientes “hystériques” – en tout bien, tout honneur. Au bout d’un certain temps, le vagin s’éveille, devient sensible, et un beau jour, c’est l’extase. Beaucoup de femmes affirment même que la caresse vaginale est meilleure que la classique pénétration, même quand celle-ci est devenue jouissive. Aussi continuent-elles à réclamer “la belle caresse” à leur amoureux.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Dr Gérard Leleu