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En 1962, des pensionnaires d’une école pour filles de l’actuelle Tanzanie sont prises d’une crise de fou-rire incontrôlée et interminable. Plus de la moitié des écolières sont touchées. Les médecins et les autorités, qui n’y comprennent rien, décident alors de fermer l’établissement. Mais l’épidémie se propage aux villages voisins, pendant six mois. Un épisode rare d’hystérie collective qui restera le plus impressionnant de l’histoire.

 

C’est une maladie plutôt curieuse qui touche, en 1962, un pensionnat pour orphelines du village de Kinshasha, au Tanganyika, l’actuelle Tanzanie. Cette histoire inédite est racontée sur le site du Point. Ce 30 janvier, trois jeunes filles sont, tout à coup et sans aucune raison, prises d’un fou-rire interminable. Tellement interminable, qu’il se propage dans le reste de l’école.

 

95 des 195 pensionnaires touchées

Plusieurs autres fillettes, âgées de 12 à 18 ans, contractent elles-aussi le fou-rire quelques jours après avoir été en contact avec une “malade”. Toutes se mettent soudain à rire, parfois jusqu’à en pleurer. Elles arrêtent pendant quelques jours, puis reprennent de plus belle. Chez certaines d’entre elles, ce cycle se répète jusqu’à quatre fois. Et les symptômes s’accompagnent d’une agitation voire, parfois, de réactions violentes envers ceux qui cherchent à les retenir. Certaines assurent même avoir peur et avoir l’impression d’être poursuivies. Mais les jeunes filles n’ont pas de symptômes physiques. Si ce n’est des pupilles dilatées et des réflexes exagérés au niveau des jambes. Certaines auraient aussi eu de la fièvre quelques jours après le début de la maladie.

En six semaines, 95 des 195 pensionnaires sont touchées par cette incroyable crise de fou-rire, sous les yeux médusés de leurs professeurs qui, eux, échappent à l’épidémie. Et on commence à s’inquiéter pour la santé des enfants. D’autant plus que les médecins ne comprennent rien à ce qui se passe. Les autorités décident donc de fermer cette école et de renvoyer les enfants dans leurs villages.

C’est alors qu’il se passe quelque chose d’inattendu. Une fois séparées, les écolières continuent de rire. Et de transmettre leur fou-rire. Très vite, dans le village de Nshamba, à 80 kilomètres ce sont 216 enfants qui sont atteints. Un autre foyer apparaît dans une autre école, à Ramashenye au milieu du mois de juin, puis dans le village de Kanyangereka, où a été envoyée une élève de l’école de Ramashenye.

Sans que personne n’y comprenne rien, l’“épidémie” touche plusieurs milliers de personnes autour du lac Victoria. Ce sont essentiellement des enfants, des filles pour la plupart, et quelques adultes illettrés. Quatorze écoles au total ont été fermées. Puis, finalement, au bout de six mois les rires finissent par s’estomper.

 

Echantillons de sang envoyés en Europe

Mais que s’est-il passé ? A l’époque toutes les hypothèses sont envisagées : une attaque biologique, une bactérie inconnue, une intoxication alimentaire… Des échantillons de sang, ainsi que d’eau et de nourriture sont prélevés et envoyés en Europe pour y être analysé. Mais aucune substance toxique n’est retrouvée.

A l’époque, des chercheurs analysent l’épidémie et publient un article dans le Central African Medical Journal. Ils parlent bien d’épidémie, de maladie. L’ex-Tanganyika est victime d’un phénomène rarissime d’hystérie collective. Aujourd’hui encore, les psychologues et neurologues ne cessent de relater cet épisode pour étudier et comprendre ces crises de rire contagieux. Car, jamais, aucune crise n’aura été aussi importante et surréaliste que celle qui a touché ces enfants du lac Victoria.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : A.B.

 

D’après des articles du Point.fr et de La Revue Médicale Suisse.