Vers les années 1630, la foule se presse à Loudun, dans la Vienne, pour observer un étrange spectacle. Il s’agit en fait de séances d’exorcisme auxquelles se prêtent les jeunes religieuses du couvent des Ursulines, apparemment possédées par le diable. Un spectacle libertin et indécent qui scandalise les chrétiens du XVIIème siècle.

 

L’affaire durera sept années pendant lesquelles les possédées de Loudun, ou “vierges folles”, ne cessent de se livrer à des gestes et des paroles à mille lieues de ce qu’on pourrait attendre de jeunes ursulines. Tout commence en 1632. Jeanne des Anges est la prieure du couvent de Loudun. Elle est régulièrement prise de convulsions, d’hallucinations et de catalepsie qui lui valent une réputation de femme perverse et dépravée. Le problème est que sa folie se propage telle une épidémie dans le couvent et, très vite, une vingtaine de religieuses souffrent elles-aussi de crises de délire. Elles se disent possédées par de mystérieux spectres, errent dans les couloirs la nuit ou montent sur les toits. Et bien souvent leurs délires frisent l’érotomanie.

 

Glisser un crucifix sous sa jupe…

Ainsi, l’une des possédées, sœur Claire a pris l’habitude de soulever sa robe pour montrer ses parties intimes ou de se masturber en criant des insanités. On l’aurait aperçue glisser un crucifix sous sa jupe… Des scènes bien trop scandaleuses pour un couvent d’Ursulines. Il faut soigner ces malheureuses possédées par le diable.

Le premier exorcisme est pratiqué le 5 octobre 1630, sur Jeanne des Anges, qui est, dit-on possédée par pas moins de sept démons, donc cinq se refusent à partir. C’est pourquoi, pendant sept années, quotidiennement, la prieure et ses religieuses se plieront à ces étranges cérémonies. Au cours de la séance d’exorcisme qui se déroule dans une église, les sœurs sont prises de violentes et étranges convulsions. Elles balancent par exemple leur corps pour que leur tête vienne toucher leurs pieds puis dansent dans cette position improbable. Leurs gestes et leurs propos sont tellement obscènes que le public, invité à observer, repart bien souvent choqué et scandalisé.

 

Très vite, on désigne un coupable

Puisque l’exorcisme est sans effet, il faut trouver l’origine du mal. Très vite, on désigne un coupable, le sulfureux prêtre du diocèse, Urbain Grandier. Hautain, séducteur et libertin, le personnage, qui milite contre le célibat des prêtres, est controversé dans la région. Le cardinal de Richelieu en personne veut sa tête. Si bien que les jeunes sœurs, qui n’ont jamais réellement eu affaire à lui, le désignent comme le spectre qui les tourmente.

Le prêtre est arrêté et emprisonné. Sauf qu’on ne sait pas trop pourquoi le condamner. On ressort donc le motif de sorcellerie. L’enquête commence. Plus de 60 témoins assurent que le père Grandier a fait un pacte avec le diable et qu’il a jeté un sort sur le couvent de Loudun. Un procès est organisé et, malgré les remords de Jeanne des Anges qui concède avoir menti sur l’ensorceleur, Urbain Grandier est condamné à mort et brûlé en place publique en 1634.

 

L’épidémie s’est propagée à l’extérieur du couvent

Mais la mort de Grandier n’aura aucun effet sur les possédées. Les séances d’exorcisme se poursuivent pendant quatre ans. Là encore, sans aucun effet, l’excitation des religieuses semble de plus en plus vive. Pourtant, un beau jour de 1638, après des années de séances et une grossesse nerveuse, Jeanne des Anges semble mystérieusement guérie. La guérison des autres sœurs est instantanée. Le couvent de Loudun semble libéré de ses démons.

Mais entre-temps, l’épidémie s’est propagée à l’extérieur du couvent. Deux exorcistes sont atteints des convulsions de Loudun et plusieurs jeunes femmes venues par curiosité assister aux séances attrapent cette étrange la maladie. Et d’autres cas d’hystérie collective se font connaitre à Aix-en-Provence, Louviers et Auxonne, là encore, chez des Ursulines.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : A.B.

 

[Avec Lemonde.fr et Histoire-pour-tous.fr]