Ce mardi, avec l’appui de tous les syndicats médicaux, c’est journée santé morte pour marquer le début de l’examen du projet de loi de santé en séance plénière à l’Assemblée nationale. Le gouvernement déclare vouloir faire un geste pour la médecine générale, mais reste ferme sur le tiers-payant généralisé.
Cette journée représente un peu l’acmé de la mobilisation des médecins libéraux contre ce projet de loi de santé, commencée vers le mois de novembre. Et qui n’a fait que croître depuis, malgré les attentats à Paris, en janvier. Et la défection récente des internes de l’ISNI.
Au programme de ce mardi : grève des soins et de la PDSa, manifestations et rassemblements devant l’Assemblée nationale, à l’initiative de la CSMF-UNOF, de MG France, du SML, de la FMF, du BLOC de l’INNAR-IMG et de l’UFML du Dr Marty. Et conférences de presse unitaires ou pas, devant ou derrière l’Assemblée nationale… Une nouvelle fois, après la séquence de grèves de la fin et du début de l’année, associant tous les syndicats médicaux, et la journée de sensibilisation du 19 mars, à l’initiative de MG France, les médecins et les professions de santé sont appelés à fermer leurs cabinets, pour marquer leur refus de cette future loi, dont certains, rangés derrière le Mouvement pour la santé de tous, fédérant les médecins, les dentistes et les paramédicaux, demandent le retrait.
Promesses
Car le succès de la grande manifestation historique du 15 mars n’aura servi qu’à faire bouger le gouvernement à la marge, il ne veut rien changer sur les grands principes. De belles promesses ont été faites pour la médecine générale qui ont fait l’objet d’amendements à la loi. Ces promesses ont paru suffisamment intéressantes à l’ISNI pour qu’il quitte le mouvement de protestation.
Quant au président du Collège de médecine générale, le Dr Pierre-Louis Druais, reçu lundi matin par Marisol Touraine, il est sorti conforté de cet entretien où il aurait obtenu des “engagements forts” pour la médecine générale. Un chapitre entier de la future loi serait consacré à la médecine générale, a-t-il confié. Il aurait obtenu la garantie qu’une bonne partie des 12 propositions contenues dans son rapport, serait prochainement traduite dans les faits.
Néanmoins, sur le sujet du tiers-payant généralisé qui cristallise toutes les rancœurs et malgré les résultats obtenus par la majorité aux élections départementales, le Premier ministre est resté sourd aux clameurs du 15 mars. Il reste campé exactement sur la même ligne que durant la campagne où il a visité un centre de santé en soutenant ostensiblement Marisol Touraine.
Empêtrée dans un conflit avec le corps médical libéral, depuis presque un semestre, la ministre a été assurée à plusieurs reprises par le chef du gouvernement qu’elle resterait en poste après les élections. Et notamment, lorsque Manuel Valls a reçu, en sa présence, une délégation des leaders de la grande manifestation du 15 mars contre la loi de Santé. Le Premier ministre avait promis, à cette occasion, un nouveau rendez-vous après le vote des députés, pour “faire un point d’étape”, rien de plus.
“Il est nécessaire de reprendre une concertation”
Le Premier ministre a fait part de la même détermination dimanche soir. Dans son discours post défaite électorale, il a situé le tiers-payant généralisé dans le camp des réformes qui feront progresser la France.
“Lorsqu’une loi fait à ce point l’unanimité contre elle, qu’elle soulève une opposition constante et résolue de la part de l’ensemble du monde médical et des professions de santé, un gouvernement et une majorité qui ne bénéficient plus de la confiance du pays devraient utilement se poser la question de la nécessité d’un passage en force”, a écrit ce matin Lamine Gharbi, le président de la Fédération de l’Hospitalisation privée (FHP), qui soutient la nouvelle journée santé morte de ce jour et participera au rassemblement citoyen unitaire “Tous enfants d’Hippocrate”, organisé par l’UFML, prévu devant l’Assemblée nationale avec le “Mouvement pour la santé de tous”, co-animé par le Dr Eric Henry, du SML. “Il est nécessaire de reprendre une concertation qui n’a jamais eu réellement lieu et qui a abouti à faire monter la colère dans le monde médical”, ajoute-t-il.
Cette revendication soutenue par le président du Conseil national de l’Ordre des médecins, est appuyée par le SML et la FMF, qui demande un “Grenelle” de la santé. Le Premier ministre a annoncé une Conférence de santé, après la tenue des élections professionnelles, et donc après l’adoption de la loi de Santé. Ce qui a fait pouffer tous les intéressés…
C à 25 euros
A l’occasion de cette nouvelle journée d’action, MG France a rappelé sa revendication du C à 25 euros, que les médecins généralistes pourraient obtenir en cotant le CS + la lettre clef MPC (acte de coordination). Une lettre clef que les 45 spécialités peuvent utiliser, à l’exception de la médecine générale. Invité au congrès de la médecine générale, la semaine dernière, Nicolas Revel, le nouveau directeur de la CNAM, a prévenu les praticiens qui utiliseraient cette lettre clef, qu’ils sortent du cadre légal et que cette initiative “aurait pour seul effet de pénaliser les assurés sociaux en alourdissant leur reste à charge”. Il a également été clair : la CNAM ne laissera pas faire. “S’affranchir ouvertement de la convention” sera lourd de conséquences pour les médecins généralistes, a-t-il menacé.
A MG France, on se dit prêt à la bagarre et à aller au contentieux. Mais du côté de l’UNOF-CSMF, on continue de privilégier la voie de la négociation conventionnelle. Laquelle ne devrait se dégager qu’en 2016, à l’occasion de la prochaine convention médicale. De quoi donner du cœur aux médecins généralistes pour ne pas baisser les bras et acculer le gouvernement à négocier plus tôt…
Source :
www.egora.fr
Auteur : C. L B