MG France vient de relancer le mouvement appelant à utiliser la lettre clef MPC, pour hisser le prix de la consultation des généralistes à 25 euros (CS + MPC). La mesure, qui peut pénaliser patients et praticiens, ne fait pas l’unanimité parmi les syndicats.

 

A la veille du débat de la loi de santé en séance plénière, MG France appelle de nouveau les médecins généralistes du premier secteur à réagir à une “injustice” : l’interdiction pour les spécialistes en médecine générale, de coter la lettre MPC (coordination), réservée depuis 2007 et l’avenant N° 9 de la convention 2005, aux 45 autres spécialités. Le syndicat les encourage ainsi à utiliser cette lettre clef pour atteindre un prix de consultation de 25 euros, soit le montant du CS (23 euros), plus la lettre clef MPC (2 euros).

 

L’exaspération monte

MG France est le seul syndicat à porter ce mot d’ordre, lancé à l’occasion du mouvement de fermeture des cabinets en décembre dernier. Il incite d’autres syndicats à le rejoindre sur ce terrain. Une conférence de presse commune entre tous les syndicats représentatifs plus l’ISNAR-IMG, prévue demain, à l’occasion de la journée “Santé morte” et des débuts des débats sur la loi de santé dans l’hémicycle, devrait permettre de compter les troupes. sur ce terrain tarifaire.

Déjà, la revendication du C à 25 euros ne figurait pas en tant que telle sur les banderoles des manifestants le 15 mars dernier. “Pour cette mobilisation, nous avions convenu avec les autres syndicats que nous n’insisterions pas sur ce point, étant donné la variété des professions représentées – spécialistes, internes, libéraux… Cette problématique nous est propre”, explique Claude Leicher, le président de MG France, à Pourquoidocteur.fr.

Le sujet revient sur le devant de la scène, à l’occasion de l’examen du projet de loi de santé. Il faut se souvenir que la revalorisation du C à 23 euros était prévue en 2007. Elle n’a été appliquée qu’en 2011. D’où, dès 2010, un appel à la désobéissance tarifaire lancé par tous les syndicats qui a amené les généralistes à majorer d’un euro leur consultation… jusqu’à obtenir gain de cause de la part du gouvernement Fillon. Année électorale oblige. Mais le C est resté coincé à ce niveau depuis l’élection de François Hollande et entame sa quatrième année à 23 euros. Et l’exaspération monte.

 

Aligner le tarif de la consultation

“Il s’agit d’aligner le tarif de la consultation des généralistes sur celle des spécialistes, qui est à 25 euros, martèle Claude Leicher. Cette différence est injuste et n’a aucun fondement. Elle participe du manque d’attractivité de la médecine générale, en particulier en secteur 1. Elle pousse à s’expatrier vers des pays où les consultations sont mieux valorisées, et où les médecins peuvent s’offrir un secrétariat et des locaux. Nous avons longtemps reculé devant cette forme de mobilisation, car nous ne voulions justement pas pénaliser les patients. Nous appelons malgré tout les médecins à faire du cas par cas, selon la situation financière de leurs patients”, précise le président du syndicat à Pourquoidocteur.fr.

En lançant en décembre dernier cet objectif du C à 25 euros, auquel s’ajoutait celui de la Visite à 46 euros (le prix de la visite longue), MG France avait bien précisé qu’il ne porterait que sur les patients en tiers-payant, pour qui l’augmentation sera indolore. En revanche, le médecin qui ne pourra pas percevoir ces deux euros supplémentaires (ou le surcoût de la visite), s’expose en outre à bien des ennuis de la part de sa Cpam. Il s’agit donc d’un acte militant, avec tous les risques que cela comporte. A commencer par des poursuites de la part des caisses.

 

“Il y aura de la bagarre”

“J’attends de voir ça ! défie Claude Leicher, interrogé par pourquoidocteur.fr. Il y a aura des menaces et de la bagarre sur le champ conventionnel. Mais cela ne nous effraie pas”.

“Ce n’est pas une revalorisation de deux euros qui va régler le problème de la médecine générale, estime ainsi Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des Médecins de France (FMF). “les médecins ne rentreront pas à la niche pour 2 euros, l’heure n’est pas à la revendication de miettes, fussent-elles égalitaires. Le vrai sujet, c’est la désertification médicale. Les jeunes ne s’installeront pas davantage pour deux euros de plus. Les médecins ne réclament pas plus d’argent, mais de meilleures conditions d’exercice. La consultation à 25 euros, ce n’est pas le sujet. La FMF a d’autres ambitions pour les médeicns libéraux que de faire évoluer leurs honoraires à la moitié de la moyenne européenne”.

L’UNOF-CSMF, qui revendique aussi le C à 25 euros, compte sur la négociation conventionnelle pour y parvenir. Mais le calendrier fixé par le nouveau directeur de la CNAM – aucune négociation tarifaire avant la nouvelle convention 2016 – incite Luc Duquesnel, le président de l’UNOF, à maintenir voire durcir la pression pour anticiper cette échéance.

Très énervé lorsque Marisol Touraine, en décembre dernier, avait évalué à 31,40 le coût réel de la consultation, si l’on y ajoute les rémunérations forfaitaires (PDSa, ROSP, ASV etc.). Le président de l’UNOF avait pris la ministre au mot en revendiquant l’abandon de ces forfaits, contre un C à 31 euros… Silence du ministère. Quant au SML, il s’était lui aussi prononcé pour un C à 31 euros.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Catherine Le Borgne