Après le grand succès de son livre Alors Voilà, les 1001 vies des urgences, traduit en douze langues, le jeune médecin Baptiste Beaulieu publie un second ouvrage aux éditions Fayard. Alors vous ne serez plus jamais triste est un roman qui relate les sept derniers jours de la vie d’un médecin désespéré qui a prévu de se suicider.

Retrouvez un extrait de Alors vous ne serez plus jamais triste, de Baptiste Beaulieu.

 

Egora.fr : Que devenez-vous depuis la sortie de votre précèdent livre ?

Baptiste Beaulieu : Je continue les remplacements et j’écris à côté lorsque j’ai du temps. J’écris pour le blog, pour le Huffington Post et de petits romans de temps en temps.

Désormais vous partagez donc votre temps entre votre carrière de médecin et celle d’écrivain…

Je suis surtout médecin. J’écris le matin, le soir et dans les périodes où je ne remplace pas. Je n’ai pas prévu de m’installer tout de suite, je me plais bien dans les cabinets où je remplace, j’aime bien y retrouver les patients.

Vous publiez chez Fayard un nouveau livre, de quoi s’agit-il ?

Je planche sur ce projet depuis un an. Il s’agit d’un conte pour adultes mais dans lequel tout est vrai. Il n’y a pas de surnaturel. J’ai juste eu envie de raconter l’histoire d’un médecin qui ne va pas bien et qui a décidé de se foutre en l’air. Il va monter dans un taxi le dernier jour de sa vie et y faire la rencontre du chauffeur qui est une vielle dame. A partir de là, rien ne va se passer comme il l’avait prévu…

Comment vous est venue l’idée ?

Je reçois beaucoup de courriers de médecins qui m’écrivent au sujet de leur burn-out ou de choses plus intimes qui les touchent. Il ne faut pas perdre de vue que la profession de médecin est celle qui se suicide le plus.

Vous avez pris la décision de paginer votre livre à l’envers. Il se termine par la page 1, pourquoi ?

Je voulais surprendre les lecteurs et leur proposer un objet ludique qui ne soit pas seulement un livre banal. Comme le livre se passe sur les sept derniers jours de la vie de ce médecin, j’ai voulu faire une pagination à l’envers pour ajouter du suspens au suspens. Que les pages se déroulent à la manière d’un compte à rebours.

Imagineriez-vous écrire sur un autre sujet que la médecine ?

Bien-sûr, j’ai envie de raconter les autres, les gens que je vois dans la rue, mon boulanger, mon facteur. J’ai envie de parler d’eux. Là j’ai une idée qui est en train de germer. Je voudrais raconter un récit de voyage.

Vous revenez justement d’Inde…

Oui il y aurait un lien ! Ce n’est qu’un projet pour l’instant, je me consacre surtout à mon activité médicale.

Comment avez-vous vécu le succès de votre précédent livre ?

Une fois que j’avais écrit le livre je n’avais plus l’impression qu’il m’appartenait. C’était très étrange, le livre n’était plus à moi mais au lecteur. J’étais content de son succès mais je ne le vivais pas comme une victoire ou comme un succès personnel. Et puis je suis très vite passé à l’écriture du deuxième et ça m’a permis de relativiser. Cette fois c’est encore pareil, pour éviter le stress de la sortie du deuxième, je planche sur le troisième.

Ecrire des histoires sur la médecine, qu’il s’agisse de votre blog ou de vos livres, est-ce que cela change votre manière de soigner et d’appréhender les gens ?

Lorsque je lis les témoignages que m’envoient mes pairs et que je vois ce qui les touche, cela m’apprend beaucoup, notamment sur la communication. Après, le revers de la médaille, c’est que certains matins j’évite de lire mes mails parce qu’il y a souvent des histoires très tristes.

Vous exploitez tous les courriers que vous recevez ?

J’ai un petit dossier dans ma boîte mail dans lequel je mets tous les courriers que je reçois. Je réponds à toutes les personnes qui m’écrivent mais toutes les histoires ne sont pas publiables. Je ne reçois pas que des courriers de médecins, je reçois des lettres d’infirmiers, de kiné ou de gens qui ne sont pas de la profession médicale. Je suis très content de cette diversité.

En tant que médecin généraliste, comment appréhendez-vous la situation politique du moment avec les débats autour de la prochaine loi de santé ?

J’essaye d’éviter de parler de politique parce que je n’ai que 29 ans et que ce n’est pas mon job. Tout ce que je peux dire, c’est que je soutiens mes confrères. Je comprends très exactement les inquiétudes qui sont les leurs et je les partage.

Allez-vous faire partie de la grande manifestation du 15 mars ?

J’irai si une manifestation s’organise dans la ville où je suis. Si ce n’est pas le cas, je les soutiendrais autrement.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi-Bonin