Ils sont des dizaines d’Américains à avoir choisi un congélateur en guise de cercueil dans l’espoir qu’un jour, les progrès de la science leur permettent de revenir à la vie. Une petite folie qui coûte quand même quelques dizaines de milliers d’euros. Le premier “cryogénisé” de l’histoire est un professeur de psychologie, James Bedford. Son corps repose dans le froid depuis 1967.
 

 

Une légende raconte qu’à sa mort, en 1966, Walt Disney a été plongé dans la glace, dans l’attente qu’un jour quelqu’un parviendrait à le ramener à la vie. En réalité, Walt Disney, fasciné par la cryogénisation, a été incinéré. D’autres en revanche, moins célèbres sont allés jusqu’au bout. Ils seraient plusieurs dizaines à attendre, dans la glace, de pouvoir ressusciter.

 

Vidé de son sang pour être transfusé par un fluide spécial

Le plus ancien est un brillant professeur de psychologie, James Bedford. En 1965, il apprend que son cancer du rein s’est métastasé dans les poumons et qu’il va bientôt mourir. Son cancer est incurable, mais James Bedford est persuadé qu’un jour les progrès de la science permettront de le guérir. C’est alors qu’il tombe sur une petite annonce dans un journal : une toute jeune société, la Life Extension Society (LES), fondée par un certain Cooper recherche des volontaires pour tester un procédé de cryogénisation qu’il vient tout juste de mettre au point. Bedford est emballé par l’idée. Il signe, comme beaucoup d’autres, un contrat de congélation et s’engage à offrir son corps à la LES. Deux ans plus tard il est le premier des volontaires à mourir, à 73 ans.

Quelques heures à peine après la déclaration du décès, le professeur est vidé de son sang pour être transfusé par un fluide spécial. En effet, le principal problème de la congélation est que les cellules peuvent être lourdement abimées par les cristaux de glace. Elles risquent donc d’être totalement inutilisables une fois dégelées, ce qui complique sérieusement le processus de ressuscitation. Le fluide mis au point par LES est censé supprimer cette cristallisation des cellules. Le fait est que les employés de Cooper ne réussissent pas complétement à remplacer tout le sang du défunt par le fluide. Las, ils poursuivent quand même l’opération et entreprennent le refroidissement du corps à – 196°C, dans de l’azote liquide. Le corps de James Bedford est ensuite plongé dans une capsule isolante, en attente d’être décongelé.

Reste à savoir où entreposer la capsule, et le corps qu’elle conserve. C’est un médecin, le Dr Robert Prehoda qui se décide à entreposer le tout dans son garage. Jusqu’à ce que sa femme menace de le quitter s’il ne se débarrasse pas de ce cercueil gelé. Finalement une filiale de la LES, l’Alcor Life Extension, ouvre un entrepôt en Arizona pour accueillir tous les patients congelés, et quelques animaux de compagnie.

 

Il est possible de ne congeler que la tête

Depuis les années 70, ils seraient une petite centaine de personnes à avoir cassé leur tirelire, pour s’offrir un congélateur en guise de cercueil. Les sociétés de cryogénistes promettent qu’un jour, le clonage ou les nanotechnologies seront parfaitement capable de les ramener à la vie. Et pour ceux qui n’ont pas les moyens de s’offrir une cryogénisation du corps entier, il est possible de ne congeler que la tête. Après tout, une science capable de ramener des personnes cliniquement mortes à la vie devrait aussi être capable de greffer un corps entier…

Illégale en France, la cryogénisation est aujourd’hui possible aux Etats-Unis notamment, où quelques entreprises promettent encore la vie éternelle. En Russie, KrioRus propose des contrats à partir de 440 ?euros par an pour un homme jeune, tandis qu’une personne âgée doit débourser 8 750 ?euros pour une neuropréservation partielle de la tête ou du cerveau et 26 250 ?euros pour un corps entier. La société assure avoir pris en charge 35 patients en huit ans, en promettant que d’ici une cinquantaine d’années, et au plus tard à la fin de ce siècle, un retour à la vie sera possible.

Quant à James Bedford, il attend toujours dans son entrepôt, en Arizona. En 1991, on l’a changé de capsule. Ses cryogénistes ont alors assuré qu’il n’avait pas pris une ride.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : A.B.

 

[Avec Lepoint.fr, Sciencepresse.qc.ca et Parismatch.com]