Les internes entrent dans la danse de la contestation de la loi de santé. L’ISNI, principal syndicat d’internes va déposer un préavis de grève illimité à compter du jeudi 29 janvier. Sa nouvelle présidente, Mélanie Marquet nous en explique les raisons.

 

Egora.fr : Vous allez déposer un préavis de grève illimitée à compter du 29 janvier, pourquoi ?

Mélanie Marquet : Les internes sont informés sur la loi de santé depuis déjà un certain temps. Depuis le début de mon mandat, nous avons lancé une grande campagne d’informations. Dans les villes, les internes font des assemblées générales. Ils commencent à se mobiliser. Avec cette grève, ils expriment leur mécontentement. Elle permettra de couvrir toutes les actions locales, à savoir sitting dans le hall des CHU, distribution de tracts…

 

Les médecins se sont mobilisés beaucoup plus tôt. Vous démarrez votre grève alors que des groupes de travail viennent d’être mis en place. N’êtes-vous pas en retard ?

Non je ne pense pas. Les internes sont ulcérés de n’entendre parler de la part des libéraux que de tiers-payant généralisé et de revendications tarifaires alors que l’enjeu de la loi de santé est bien au-delà de ça. Les jeunes médecins ont des envies pour leur futur métier qui ne se résument pas à une revendication de 2 euros de la consultation. Il y a un mécontentement de la part des internes de n’entendre médiatiquement que des revendications de libéraux concernant l’argent alors que cela ne figure même pas dans la loi de santé. Il y a une déconnexion entre le contenu de la loi et les revendications qui sont portées.

 

Quels sont les points qui vous dérangent dans ce projet de loi de santé ?

Le premier point est qu’il manque tout un chapitre sur les jeunes professionnels, qui sont complétement oubliés de cette loi de santé. Les propositions censées restructurer l’offre de soins ou faire la révolution du premier recours ne le font pas. Le texte ne correspond pas aux aspirations des jeunes professionnels de santé. Nous avons des points d’opposition mais aussi des propositions qui n’ont pas été entendue et qui ne figurent pas dans cette loi.

Nous voulons une vraie révolution du premier recours, en redéployant par exemple le numerus clausus vers la spécialité de médecine ambulatoire de premier recours. Nous souhaitons que les rôles soient redéfinis en fonction de ce que doit faire le médecin de premier recours et celui de deuxième et troisième recours. Il s’agit là d’une proposition structurante pour l’offre de soins de demain. C’est ce qu’attendent les jeunes médecins.

Nous avons aussi des propositions qui concernent plus spécifiquement les internes. Je pense notamment à la déconnexion entre rémunération et activité afin d’affirmer le statut d’étudiant. Nous sommes avant tout en formation. Nous avons fait en tout 48 propositions que nous avons déjà développées avec le cabinet de Marisol Touraine.

 

Lundi et mardi prochain, l’ISNI sera reçue par Marisol Touraine puis par l’Elysée. Qu’attendez-vous de ces rencontres ?

Le rendez-vous avec Marisol Touraine était prévu depuis plusieurs semaines. Le but est de confirmer les propositions qui nous ont été faites par son cabinet la semaine dernière et de réaffirmer la place des jeunes médecins. Lorsque l’on voit que les jeunes médecins ne sont pas mentionnés dans le communiqué de presse du ministère sur les groupes de travail, on se pose des questions…

Le rendez-vous avec l’Elysée aura un double objectif. Lorsque nous lisons dans la presse que c’est l’Elysée qui reprend la main sur le projet de loi de santé, autant aller négocier directement là-bas. Il faut vraiment réécrire en profondeur cette loi de santé. Pour un Président qui voulait faire de la jeunesse sa priorité, je pense qu’il est crucial que les jeunes médecins soient entendus.

L’autre point visera à faire cesser la cabale médiatique et le mépris contre les internes au sujet des fresques.

 

Qu’est-ce qui pourra faire stopper la grève ?

Les internes sont très en colère donc ils feront grève. Mais nous attendons que la place des jeunes médecins soit réaffirmée. Nous voulons aussi que nos propositions soient ajoutées au projet de loi de santé et qu’il y ait un vrai chapitre dédié aux jeunes professionnels.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi-Bonin