Après six jours de mobilisation massive, les grévistes ne peuvent que constater le mutisme du gouvernement. Aucune négociation n’est en cours avec les médecins généralistes libéraux. L’heure est à l’unité entre les syndicats de généralistes qui annoncent en cœur une poursuite des actions au delà du 31 décembre. Une grève des télétransmissions est déjà au programme.
 

 

“Lorsque l’on essaye de joindre le ministère, on nous répond que Marisol Touraine est en vacances jusqu’au 2 janvier prochain”, rit jaune le Dr Jérôme Marty président de l’Union Française pour une médecine libre (UFML). Car depuis le début du mouvement, il y a six jours, la situation n’a pas avancé d’un millimètre. “La ministre a décidé de prendre ses vacances en famille, cela illustre parfaitement la légèreté avec laquelle elle prend le problème. Elle se moque complètement des médecins libéraux. Elle est d’un mépris sans nom”, tacle le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF.

 

“Les appels dans les centres 15 battent des records”

Six jours après le début de la grève, le mouvement ne faiblit pas, bien au contraire. “Les appels dans les centres 15 battent des records. Ils sont multipliés par 3, voire par 4 par rapport à la normale. Les appels vers les régulateurs sont nos meilleurs indicateurs de suivi”, commente le Dr Luc Duquesnel président de l’UNOF-CSMF. Pourtant des communiqués du ministère et de la direction générale de l’offre de soins (DGOS) se targuent d’annoncer qu’aucune sur-fréquentation des urgences n’est constatée. “Un mensonge”, selon les syndicats qui relaient sur Twitter les témoignages de médecins urgentistes débordés. “Le ministère ne communique plus depuis le 26 décembre date à laquelle il ne parlait que de la fréquentation des urgences et non de la hausse d’appels vers les régulateurs du 15”, constate le Dr Duquesnel.

Selon le président de l’UNOF, les ARS sont tenues d’envoyer au ministère tous les jours à 13 heures, les chiffres sur le nombre d’appels vers les services de régulation de la veille. Le praticien qui a pu se procurer ces chiffres constate l’augmentation massive des appels. Des médecins libéraux sont d’ailleurs réquisitionnés pour faire partie de la régulation. Et la situation devrait empirer aujourd’hui, car SOS Médecins entre dans la danse.

 

“D’autres actions plus dures sont à venir”

“Nous sommes dans le cadre d’une action de longue durée et ce mouvement n’en est que la première étape. D’autres actions plus dures sont à venir”, prévoit le Dr Duquesnel, suivi par plusieurs syndicats comme la FMF ou MG France. De son côté le Dr Marty de l’UFML appelle à une poursuite du mouvement au-delà du 31 décembre. “Il faut continuer à mettre la pression sur le gouvernement. En plus de la grève, nous stopperons toutes les missions liées à l’Etat demandées par les ARS, à commencer par la grève des télétransmissions”.

“S’il est difficile de continuer la grève pour des raisons financières, nous irons vers un harcèlement du gouvernement et des caisses”, annonce pour sa part Luc Duquesnel avant d’ajouter, “les généralistes fourmillent d’idées et d’actions pour les mois à venir. Lorsque l’on voit la rapidité avec laquelle Marisol Touraine a répondu aux urgentistes en leur lâchant 90 millions d’euros, on constate qu’elle entend très bien de l’oreille des urgentistes mais que l’oreille des généralistes est désépérement sourde”.

Si les médecins généralistes se sentent dénigrés et méprisés par le gouvernement, ils constatent un soutien de la part des patients qui comprennent leur mouvement. D’après un sondage réalisé le 21 décembre par OpinionWay pour Axys Consultants, relayé par Le Figaro et BFM Business, près des deux tiers des Français comprennent la grève des médecins. Et ce, quelles que soient la classe d’âge, la catégorie socioprofessionnelle et la proximité partisane politique.

 

Les Français favorables au C à 25 euros

52% des sondés adhèrent même à la revalorisation de l’acte à hauteur de deux euros. “Nous ressentons aussi le soutien des patients sur Twitter. Ils sont de plus en plus nombreux à craindre la perte de liberté du médecin qui reflète l’esprit même de cette loi”, note le Dr Marty.

A l’unisson, les syndicats demandent une réécriture de tous les points de la loi et notamment ceux concernant le tiers-payant généralisé et obligatoire. Ils appellent à un arrêt immédiat de toutes les mesures visant à démanteler le métier de généraliste comme la vaccination par le pharmacien par exemple. Enfin ils réclament l’ouverture urgente de négociations tarifaires avec une première étape fixant le C à 25 euros.

Une manifestation de médecins libéraux est prévue aujourd’hui à Rennes, alors que 90 % des généralistes bretons sont en grève.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi-Bonnin