Derrière ses lunettes, sa blouse et son allure froide, le Dr Florence Cortot, anesthésiste à l’hôpital de Roubaix cache bien ses talents d’humoriste. Et pourtant, la moitié de son temps est consacré à la scène où elle présente son one-woman show drôle et trash baptisé “Pas avec n’importe qui”.

 

Brune, 35 ans, mariée et mère de deux petites filles, allure sérieuse derrière ses petites lunettes noires… Qui imaginerait le Dr Florence Cortot se muer en humoriste trash et caustique dès lors qu’elle enlève sa blouse ? “Lorsque j’ai appris à mes collègues que je voulais consacrer plus de temps à mon spectacle, ils étaient plutôt surpris. Les gens qui me connaissent bien, savent que j’ai un humour assez caustique mais c’est vrai que j’ai l’air sérieux avec un visage assez froid. J’ai pas l’air très rigolote comme fille. L’habit ne fait pas le moine !”, s’amuse Florence Cortot.

 

 

“Je ne me voyais pas être que médecin”

Si l’anesthésiste n’a pas toujours su qu’elle voulait devenir comique, la médecine s’est en revanche très vite imposée à elle. “Après le bac, être médecin était le seul métier qui m’intéressait. Je ne sais pas si on peut parler de vocation mais depuis petite, j’ai toujours eu envie de m’occuper des autres”, témoigne-t-elle. L’étudiante devient alors anesthésiste. Un choix qui n’a pas été évident à prendre parmi le large panel de spécialités. “En devenant anesthésiste, je me suis dit que je ne me voyais pas ne faire que ce métier jusqu’à la fin de ma carrière”, confie Florence Cortot.

Une fois sa thèse rédigée, la jeune médecin décide donc d’écouter ses envies et s’inscrit à un cours de théâtre. “C’était plutôt du classique. J’ai appris à poser ma voix, transmettre des émotions”, raconte l’anesthésiste. En parallèle, elle s’amuse à écrire. “Mes premiers textes avaient surtout vocation à faire rire”, se souvient-elle. Elle s’oriente donc naturellement vers le comique. Un choix naturel pour celle qui s’est toujours senti à l’aise avec l’humour carabin et sa “liberté de ton”.

L’humour, une arme efficace aussi pour se moquer des difficultés du quotidien de médecin. “La réalité du métier est parfois dure. Je me dis qu’il vaut mieux en rire qu’en pleurer”, philosophe Florence Cortot qui s’inspire de certains patients où situations vécues à l’hôpital pour écrire ses sketches. Son humour est, comme elle le défini elle-même, “trash, caustique et pas toujours très populaire”. Elle s’amuse à dresser des portraits de femmes “un peu folles, excessives et obsédées”. De la catho fanatique de Matt Pokora à la Roubaisienne qui a accouché treize fois et avorté quinze fois en passant par la relookeuse perverse et la zoophile schizophrène… “Je n’ai pas de volonté de nuire avec ces portraits. Toutes les femmes que j’incarne sont attachantes.”

 

“Au début, c’était dur. Les gens ne riaient pas”

A Lille, la scène du Spotlight, connue pour laisser leur chance aux artistes débutants, permet à la praticienne de tester son humour sur un public. “Au début, c’était dur. Les gens ne riaient pas ou c’était des rires forcés”, se souvient-elle. Avec le recul Florence Cortot réalise que ses sketches n’étaient pas mauvais sur le fond mais péchaient sur la forme. Elle les travaille, les peaufine, les fait lire à sa famille puis revient sur scène avec un spectacle (interdit aux moins de 14 ans) qui remporte un franc succès.

Depuis un an et demi l’anesthésiste a modifié son emploi du temps à l’hôpital pour ne travailler qu’à mi-temps et pouvoir consacrer plus de temps à son one-woman show. “Passer de l’hôpital à la scène est un vrai plaisir et cela me permet de jongler avec les deux facettes de ma personnalité”, s’enchante Florence Cortot. Jusqu’à janvier prochain, elle prévoit de se produire une fois par mois à Lille, Paris ou encore Croix. Son vœu pour 2015, “faire connaître son spectacle” et décrocher des représentations supplémentaires. Et si la scène finit par prendre trop de place, elle n’exclu pas de s’y consacrer à 100%.

En attendant, elle relativise. “Je n’ai pas grand-chose à perdre. Le seul risque que je prends et de ne pas faire rire mais je n’en mourrais pas. J’aurai toujours mon diplôme d’anesthésiste.”

 

Prochaines représentations :

– Le 22 décembre au théatre Le Bout à Paris
– Le 14 janvier 2015 au Spotlight de Lille

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi-Bonin