Négocier un contrat de complémentaire santé adapté aux besoins des habitants de son village, voilà l’idée qu’a eue une adjointe municipale du Vaucluse pour répondre aux problèmes d’accès aux soins de ses concitoyens. Forte de cette expérience, elle a même créé un cabinet de conseil pour que d’autres communes suivent l’exemple.

 

“La santé est un droit, pas un choix”. Ce pourrait être le slogan de Véronique Debue, adjointe aux affaires sociales à la mairie de Caumont-sur-Durance (Vaucluse), qui propose depuis un an une mutuelle à ses habitants.

L’idée a commencé à germer à la fin de l’année 2011. Au centre d’action sociale, elle reçoit de plus en plus de demandes d’aides pour des examens médicaux ou des hospitalisations. “C’était quelque chose de plutôt nouveau”, se souvient l’élue. En se renseignant auprès des habitants de la commune elle prend conscience de l’ampleur du problème d’accès aux soins. “Je me suis rendue compte que la complémentaire santé était un souci pour beaucoup. Pour certains, les remboursements étaient insuffisants, et pour d’autres les contrats étaient inaccessibles. Je me souviens d’un médecin qui m’a dit avoir prescrit des semelles orthopédiques à un enfant. Mais qu’il ne les aurait pas parce que la mère ne pouvait pas. Il y avait un vrai renoncement aux soins.”

 

Une simple “idée à chaud”

Alors que les demandes d’aides pour des soins médicaux ne tarissent pas, elle propose ce qui n’est alors qu’une “idée à chaud” : négocier un contrat avec une mutuelle, spécialement pour les habitants de Caumont. “Je voulais trouver une solution qui permette de régler ce problème, pas un pansement qui ne dure pas”, témoigne Véronique Debue. Le maire, d’abord surpris par l’idée, donne finalement carte blanche à son adjointe pour mener à bien son projet original.

“Je voulais impliquer la société civile dans mon projet, trouver des personnes qui soient des valeurs ajoutées”, souligne-t-elle. Un “comité de pilotage” voit alors le jour. “Véronique Debue était ma patiente, explique le Dr Julien Yeghnoyan, dentiste à Caumont. Elle m’a appelé et m’a convaincu de faire partie de son projet. La question de l’accès aux soins me parlait particulièrement : les soins dentaires sont les moins bien remboursés en France.”

Le petit groupe se met alors à la recherche d’une mutuelle suffisamment à l’écoute pour s’adapter à leur projet. “Il y avait des critères importants, souligne le docteur Yeghnoyan.On voulait un même contrat pour tout le monde. Donc pas de questionnaire médical, pas de différence de tarif par tranche d’âge et un contrat qui puisse couvrir une famille entière.” Pour Véronique Debue, à l’origine du projet, il s’agit d’un véritable engagement citoyen. “Je voulais retrouver l’esprit de la mutuelle solidaire et intergénérationnelle”, tient-elle à souligner.

 

250 communes interessées

Résultat, après un an d’existence, le contrat de 47 euros mensuels négocié avec la Mutuelle Générale d’Avignon couvre près de 300 foyers et entreprises basées sur la commune. On ne saura pas le détails des prestations, mais “les patients sont contents, assure le Dr Yeghnoyan. Dans le village ça communique beaucoup, ça intéresse beaucoup de monde.”

Dans le village, mais aussi au-delà. A tel point que d’autres communes ont manifesté leur intérêt pour mettre en place un dispositif semblable. Véronique Debue a d’ailleurs monté un cabinet de conseil pour faire partager son expérience. “Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’il ne s’agit pas juste de négocier un contrat. Il faut que le projet soit pérenne et adapté au territoire, à la population. Il ne s’agit pas de donner le projet aux communes, c’est quelque chose qu’elles doivent construire. Il n’y a rien de standardisé. Et cela demande un énorme travail en amont”, assure l’élue pour justifier la création de ce cabinet. Quant aux “250 communes” qui ont déjà sollicité son assistance, elle n’en dira rien. “Dans quelques jours, d’autres villes proposeront leurs contrat, consent-elle à indiquer, laconique. C’est la seule manière de sortir de cette impasse collective.”

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Fanny Napolier