Au XVIIIe siècle, Franz-Anton Messmer assurait pouvoir guérir toutes sortes de maladies en agissant sur le “magnétisme animal” de ses patients. Son remède : un fluide magnétique transmis par un dispositif de son invention : le baquet. Les malades sont pris d’hystérie mais en sortent guéris. A la Cour de Louis XVI, la méthode fait fureur. Jusqu’à ce qu’une commission médicale désavoue l’original médecin.

 

Franz-Friederich-Anton Mesmer est né en 1734 en Allemagne. Passionné par la nature, il suit des études de philosophie, de théologie puis de droit avant d’entrer en école de médecine. C’est lors de ses études qu’il commence à s’intéresser aux sciences occultes, puis à l’exorcisme. Il rédige d’ailleurs sa thèse sur l’influence des planètes sur le corps humain.

 

Au lit avec ses patientes, pour accélérer le processus

Très vite, il affirme l’existence d’un “fluide magnétique animal” qui agit sur le corps humain. Pour Mesmer, la maladie est causée par une mauvaise distribution dans le corps de ce magnétisme animal et la guérison demande une restauration de cet équilibre perdu. Et justement, Mesmer assure être capable de rééquilibrer tout ça, grâce à ses talents de magnétiseur… A cette époque, le jeune médecin exerce à Vienne, mais ses méthodes ne sont pas vraiment du goût de ses confrères. Une rumeur se répand, Mesmer se mettrait de temps en temps au lit avec ses patientes, pour accélérer le processus de guérison. C’en est trop, il est expulsé de la faculté de médecine pour “pratiques charlatanesques”.

Le magnétiseur se réfugie donc en Suisse, puis en France, en 1778 où il reçoit la protection de Marie-Antoinette. A la Cour de Louis XVI, ses excentriques remèdes vont prendre une toute autre dimension. Mesmer organise des séances dans lesquelles il accueille ses patients par de la musique douce et une lumière tamisée. Il se déplace à travers la salle habillé de soie lilas et utilise ses mains et des incantations pour transmettre ce fameux fluide magnétique invisible. Une méthode qui, selon ses malades, guérit de tous les maux. Le médecin allemand devient une célébrité : le Marquis de Lafayette, Mozart, et surtout la reine Marie-Antoinette ne jurent que par ses remèdes.

 

Mesmer n’hésite pas à “magnétiser” des arbres

Mais les patients deviennent trop nombreux. Mesmer, qui met un point d’honneur à soigner autant les nobles de la Cour que les gens du peuple, invente donc son célèbre “baquet”. Il s’agit de de larges récipients en bois de chêne remplis d’eau “magnétisée”. Les malades, reliés entre eux par une corde, devaient agripper de grandes tiges de fer pour recevoir le fluide magnétique sur la partie du corps qui les faisait souffrir. Dans la caisse, il y a de l’eau dans laquelle sont immergés de la limaille de fer, du verre pilé et d’autres objets. Puis l’influence du magnétisme agit. Beaucoup sont pris de crises d’hystérie et de convulsions. Un signe que le fluide fait son effet, assurait Mesmer.

Et quand le baquet, qui peut soigner 20 personnes simultanément ne suffit pas à répondre à la demande des malades, Mesmer n’hésite pas à “magnétiser” des arbres autour desquels ses patients peuvent se frotter. “Il n’y a qu’une maladie, qu’un remède, qu’une guérison” assurait-il.

 

Ces experts expérimentent la méthode “à l’aveugle”

Mais le médecin a aussi beaucoup d’ennemis. Parmi eux, les membres de l’Académie des sciences, mais surtout Louis XVI, féru de sciences. A la demande du roi, le gouvernement charge deux commissions d’enquêter sur la véracité scientifique du magnétisme animal. Parmi les membres de ces commissions on trouvait Antoine Lavoisier et Benjamin Franklin, ambassadeur des États-Unis à Paris, ou encore le mathématicien Jean Sylvain Bailly et le médecin Joseph Guillotin. Ces experts expérimentent la méthode Mesmer “à l’aveugle”. On fait croire à des gens qu’ils sont magnétisés, avec de l’eau normale, et on en magnétise d’autres à leur insu. Les conclusions sont sans appel pour Mesmer : il n’y a aucune évidence scientifique dans ses remèdes. Et les effets observés chez les patients ne sont que le fruit de leur “imagination”. C’est la fin de la gloire pour le magnétiseur qui retourne vivre à Vienne, et continue ses recherches, plus discrètement.

Quelques années plus tard, pourtant, on reparlera de lui. En 1840, un médecin écossais, James Braid, développe la technique de l’hypnotisme. Pour ce faire, il s’inspire des travaux du magnétiseur de Marie-Antoinette.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Thierry Lefebvre

 

[Avec Sciencepresse.ca et Medarus.org]