Champignons, mimosa, fleur de pavot… nos ancêtres avaient déjà à leur disposition toute une série de plantes aux effets euphorisants. Et ils s’en servaient. Preuve en est, les peintures “hallucinantes” qu’ils ont laissées sur les murs de leurs grottes. Des scientifiques ont prouvé que l’usage de drogues était courant à la préhistoire, et qu’il était même, déjà, fortement encadré.

 

Les hommes prennent des drogues depuis la nuit des temps. Les archéologues ont toujours soupçonné le fait que certains de nos ancêtres, dans le cadre de cérémonies religieuses le plus souvent, aient pu s’adonner à l’usage de drogues, à base de peyote notamment (dont est extraite la mescaline). Ces dernières années, plusieurs études scientifiques ont prouvé l’utilisation de produits hallucinogènes par les hommes préhistoriques.

 

Le petit matériel du junky préhistorique

L’une de ses études nous emmène à Carriacou, une île des Grenadines dans les Caraïbes. Quetta Kaye, chercheuse anglaise de l’University College London, et Scott Fitzpatrick, archéologue américain de l’Université d’Etat de North Carolina y ont découvert un “équipement” complet destiné à la préparation de drogues hallucinogènes qui auraient été utilisées par des tribus sud-africaines vivant il y a plus de 2400 ans.

Le petit matériel du junky préhistorique se compose de bols en céramique et de tubes pour inhaler des fumées, voire de la poudre. Les scientifiques soupçonnent les utilisateurs de ce matériel d’avoir utilisé la cohoba, une substance hallucinogène issue des fèves de certaines espèces de mimosa.

Mais l’usage des drogues serait encore bien plus ancien. Une autre étude menée par des scientifiques de l’Université de Tokyo, tend à démontrer que les peintures qui ornent les grottes, réalisées il y a environ 40 000 ans, étaient réalisées par des “artistes” sous hallucinogènes. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Adaptative Behavior.

 

Les peintures rupestres réalisées sous l’effet de plantes hallucinogènes

De forts soupçons pèsent sur la réalisation de certaines formes les plus symboliques comme des grilles, des damiers, des spirales, des cônes, des tunnels ou encore des toiles d’araignées. Selon les chercheurs, ces peintures rupestres des hommes du paléolithique ont sans doute été réalisées sous l’effet de plantes hallucinogènes. Ils auraient en réalité simplement recréé sur les murs des grottes, les formes abstraites qui se formaient dans leur cerveau pendant qu’ils “planaient”.

“La prévalence de certains motifs géométriques dans la culture matérielle symbolique de nombreuses cultures préhistoriques, commençant peu après l’apparition de notre espèce biologique et se continuant dans certaines cultures autochtones jusqu’à aujourd’hui, est expliquée par des expériences hallucinatoires”, indiquent dans leur publication les trois chercheurs.

Ils se sont appuyés sur des résultats de tests réalisés par ailleurs pour expliquer que, sous psychotrope, le cerveau humain “voit” des figures géométriques assez similaires à la structure du cerveau. Ce phénomène s’appelle “instabilités de Turing”, du nom du mathématicien britannique Alan Turing.

“Quand ces motifs visuels sont vus pendant les états altérés de la conscience, ils sont directement ressentis comme très chargés de signification”, expliquent les chercheurs. Cela explique pourquoi ils ont ensuite été reproduits sur les murs de grottes lors de rituels plus ou moins spirituels.

Alors les hommes préhistoriques, tous toxicos ? Sans la moindre impunité ? Non, assure une troisième étude publiée cette semaine dans la revue Journal of Archeological Method and Theory. L’auteur, Elisa Guerra-Doceassure que l’usage des drogues à l’époque préhistorique n’était pas récréatif mais bel et bien encadré. L’archéologue a passé en revue les diverses sources archéologiques disponibles. Les hommes préhistoriques avaient déjà accès à un choix varié de substances : la fleur de pavot, qui produit l’opium, le cannabis, les champignons hallucinogènes… et déjà de la bière d’orge, plus connue sous le nom de cervoise.

 

Un rôle sacré dans les sociétés préhistoriques

Mais, dans la plupart des cas, les restes trouvés provenaient de sites funéraires ou dédiés à des cérémonies religieuses. “Loin d’être consommées dans un but hédoniste, les plantes psychoactives et les boissons alcoolisées avaient un rôle sacré dans les sociétés préhistoriques”, analyse Elisa Guerra-Doce, pour qui cela “soulève la possibilité que la consommation de produits altérant la conscience soient socialement contrôlés dans l’Europe préhistorique.”

Les hypothèses, quant à l’utilité d’une telle modification de la conscience, sont nombreuses. Parmi elles, l’usage des substances pour fournir des aliments à l’esprit du défunt dans son voyage outre monde, ou encore comme tribut aux divinités de l’au-delà. Dans tous les cas, elles revêtaient une dimension sacrée… et donc, déjà, strictement interdites dans le cadre d’une consommation individuelle.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : A.B.

 

[Avec Pourquoidocteur.fr, Metronews.fr et Gentside.com]