A l’annonce de la fermeture, les salariés de la clinique Saint-Louis à Rodez, ont choisi de ne pas baisser les bras. Médecins, infirmiers, personnels de ménage, ils se sont associés pour pouvoir racheter l’établissement. Une première pour un établissement de soins. Ils défendent leur projet aujourd’hui en commission.

 

Un matin de janvier, la nouvelle est tombée : la clinique Saint-Louis, à Rodez (Aveyron) est placée en redressement judiciaire. Un mois plus tard, la liquidation était prononcée, les salariés au chômage et les patients évacués. “Ca été très rapide. On n’a pas trop compris. Ca été très difficile pour les salariés”, se souvient Laura Barlaguet, ex responsable qualité à la clinique. En quelques semaines, 78 employés sans travail et 80 lits sans patients.

Mais au lieu de s’apitoyer sur leur sort, les salariés ont décidé de prendre les choses en main. “Un jour en discutant, quelqu’un a soumis l’idée de racheter la clinique”, explique Laura Barlaguet. “On s’est d’abord dit que c’était impossible, que c’était trop cher”, admet-elle. Et puis, l’idée fait son chemin et finit par séduire une trentaine de salariés qui se mettent à plancher. La création d’une société coopérative d’intérêt collectif (Scic) est alors envisagée. Une grande première pour un établissement de soins.

 

“Des soins de qualité et des salariés à payer, rien de plus”

“Ils avaient une idée très précise de ce qu’il fallait faire pour que la clinique fonctionne. Le seul problème c’est qu’elle n’était pas à eux”, indique Cyrille Rocher, de l’Union régionale des Scop de Midi-Pyrénées, qui a accompagné les salariés dans leur projet de reprise. “J’ai tout de suite trouvé l’idée intéressante, parce qu’elle permettait de sauvegarder les emplois et le site. C’était original, mais toute aventure est bonne à entreprendre”, glisse le Dr Heba, cardiologue. Aujourd’hui, avec une collègue pharmacienne et M. Rocher, il présente leur projet devant la Commission spécialisée de l’organisation des soins (Csos), qui doit rendre un avis consultatif à l’ARS de Midi-Pyrénées.

Le pari n’est pas encore gagné. D’autres plans de reprises ont été déposés, notamment par l’hôpital de Rodez. “Mais le nôtre est le plus original et le plus durable”, souligne Cyrille Rocher. En effet, toute plus-value sera réinjectée pour le bon fonctionnement de l’hôpital. “Nous devons dégager assez de bénéfices pour assurer des soins de qualité et payer les salariés, rien de plus”, précise-t-il en insistant sur le double objectif de viabilité économique, mais surtout d’utilité sociale.

 

Une centaine d’investisseurs, pour un million d’euros

Pour obtenir les capitaux indispensables, des sociétaires seront sollicités, mais ne toucheront aucun dividende. Des parts sociales, fixées à 50 euros, seront proposées aux ex-salariés, mais aussi aux associations de patients, aux entreprises de la région, aux habitants… Une centaine d’investisseurs au total, pour réunir un million d’euros. Même le maire de Rodez a promis de contribuer.

Des sociétaires qui seront impliqués dans la vie de la clinique. Réunis en collèges thématiques, ils réfléchiront à la vie de l’établissement, et formuleront des propositions au Conseil d’administration. “On veut centrer notre projet autour du patient. Par exemple, les établissements traditionnels se préoccupent peu de ce que devient le patient une fois sorti. Nous, on veut aller au-delà, penser à ce qu’on peut mettre en place pour le suivre”, explique Cyrille Rocher.

De nombreux actionnaires, des salariés propriétaires de leur outil de travail, une organisation coopérative… mais des responsabilités bien définies. “Comme ailleurs, on aura un président, nommé par le CA”, souligne Laura Barlaguet. Le propriétaire de l’établissement, qui est l’ancien directeur de la clinique, a déjà fait une promesse de bail à la Scic et le matériel restera en place.

 

Décision de l’ARS en juillet

“C’est l’avantage de notre proposition. Les locaux et les personnels sont prêts. Contrairement aux autres, on est capables de rouvrir très rapidement”, indique Laura Barlaguet. D’autant que les salariés demandent à reprendre les mêmes spécialités que celles qui étaient déjà assurées auparavant : des soins de suite et de rééducation cardiologie, respiratoire et polyvalent.

La décision finale de l’ARS devrait être connue fin juillet. Si leur projet est choisi, les salariés envisagent une ouverture dès l’automne, le temps de remettre la clinique en route et de faire quelques aménagements. Un argument en leur faveur. “Depuis janvier, on a une vraie carence hospitalière à Rodez”, assure Cyrille Rocher.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Fanny Napolier