En 1599, Gabrielle d’Estrées, favorite d’Henri IV depuis de nombreuses années, est sur le point de mettre au monde le 4e enfant du roi. Seulement, à sept mois de grossesse, la duchesse est prise de terribles douleurs. Les médecins, démunis face à de telles souffrances tentent l’impossible et extraient son fœtus, en plusieurs morceaux. Gabrielle d’Estrées ne survivra pas.

 

En ce début d’année 1599, tout le monde ne parle que de ça à la Cour. Le roi Henri IV serait en train de planifier son mariage avec Gabrielle d’Estrées, sa maîtresse depuis huit ans. Mais pour cela, il doit auparavant faire annuler son mariage avec la Reine Margot, ce qui n’est pas chose aisée. Pourtant, le roi aurait bien promis à Gabrielle, dont il est éperdument amoureux, de la faire Reine de France avant Pâques.

A cette époque Gabrielle d’Estrées a à peine 30 ans, et elle est l’une des plus belles femmes du royaume. Elle attend le quatrième enfant du roi, et alors qu’elle entame son septième mois, ce dernier est aux petits soins. Pourtant, la jeune femme n’est pas sereine. En effet, les astrologues qu’elle consulte régulièrement lui prédisent le pire : une mort très jeune, et un enfant qui serait à l’origine de terribles événements.

Le 6 avril, Gabrielle prévoit de passer quelques jours à Paris et de séjourner chez sa tante au doyenné de Saint-Germain-L’auxerrois. Le lendemain de son arrivée, elle assiste, comme une grande partie de la haute société parisienne à une cérémonie donnée à l’église du Petit-Saint-Antoine, avant de rejoindre la demeure de Sébastien Zamet, un de ses amis banquier. Mais, dans le carrosse qui l’y conduit, Gabrielle est prise de maux de tête, de maux de ventre et de convulsions. Les symptômes reprennent quelques temps plus tard alors qu’elle est chez Zamet. La maîtresse du roi décide donc de renoncer au dîner et de retourner chez sa tante, accompagnée de son amie, Melle de Guise. Tout juste prend-elle le temps d’avaler un gros citron. Beaucoup affirmeront par la suite que le fruit avait été empoisonné.

De retour au doyenné, Gabrielle est prise de convulsions de plus en plus violentes, et décide d’aller se coucher. Le lendemain, après avoir assisté à la messe, les douleurs reprennent, toujours plus fortes. On croit que c’est l’heure de l’accouchement, mais l’enfant n’arrive pas. Les médecins renoncent à lui administrer un quelconque remède du fait de son état. Gabrielle passe une deuxième nuit difficile. Inquiète de n’avoir aucune nouvelle d’Henri IV, elle se décide à lui faire parvenir une lettre, demandant au souverain de la rejoindre au plus vite. En réalité, l’intendant de Gabrielle, La Varenne, a bien écrit au roi. Mais il lui a déconseillé de venir, l’état physique de sa maîtresse a tellement changé en quelques heures que La Varenne craint que cela ne refroidisse Henri IV. En effet, des observateurs évoquent “un visage si beau devenu tout hideux et effroyable”, ou encore des convulsions si fortes que la tête était “tournée presque devant derrière”.

Le 9 avril, vers 14 heures, les douleurs reviennent, et elles sont effroyables. Cette fois, Gabrielle perd beaucoup de sang. Elle a perdu son enfant, mais celui-ci ne sort pas. L’agonie de la jeune femme dure des heures et des heures… Les médecins se décident à intervenir pour extraire l’enfant mort-né. Mais la tâche est délicate, ils doivent s’y prendre “à pièces et à lopins”, c’est-à-dire qu’ils doivent le couper pour le faire sortir en plusieurs morceaux.

Après cela, Gabrielle d’Estrées est toujours en train d’agoniser. Les médecins lui prodiguent leur remède favori, la saignée, trois fois, les lavements, trois fois également et quatre suppositoires. Naturellement, cela ne parvient pas à atténuer les douleurs et les convulsions qui sont tellement fortes, que la jeune femme ne cesse de se griffer le visage. Ses médecins témoigneront qu’ils n’ont jamais vu quelqu’un souffrir à ce point.

Un prêtre est appelé pour les derniers sacrements, et on informe Henri IV que sa bien-aimée est mourante. Pierre de Beringhen, valet de chambre du roi est l’un des messagers “Sire, madame la duchesse est devenue aveugle et sourde… Elle se frappe elle-même le visage et le corps… Les médecins et chirurgiens désespèrent de la violence de son mal.” Mais sur les conseils de ses proches, le roi renonce à rejoindre Gabrielle. La voir dans un tel état aurait été trop difficile.

Gabrielle d’Estrées meurt finalement de dimanche 10 avril, des suites d’une éclampsie puerpérale, et non d’un empoisonnement comme beaucoup l’ont affirmé. L’autopsie montre des poumons et un foie “gâtés”, une pierre en pointe dans le rognon et le cerveau “offensé”. Mais rien n’est dit sur l’estomac que le chirurgien aurait trouvé en mauvais état en cas d’empoisonnement.

Le lendemain de sa mort, le dimanche 11 avril Henri IV organise pour sa bien-aimée des obsèques quasi royales en l’église Saint-Germain-L’auxerrois.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : A. B.

[Avec Lepoint.fr et De quoi sont-ils vraiment morts, de Jacques Deblauwe]