A partir de la rentrée prochaine, sept universités françaises expérimenteront pendant 6 ans de nouvelles modalités d’admission en deuxième année de médecine, dentaire, pharmacie et maïeutique. Le projet de l’université d’Angers est sans doute le plus osé de tous. Il prévoit de supprimer complétement la Paces (première année commune aux études de santé). Une mesure révolutionnaire qui enchante les carabins et qui pourrait faire école.
 

 

“La Paces n’est une bonne chose pour personne. La supprimer a été notre idée de départ” confie Isabelle Richard, doyenne de la faculté de médecine d’Angers exaspérée par l’aberrant taux d’échec engendré par la première année de médecine. “Tous les élèves qui arrivent chez nous méritent de réussir, ils ont pour la plupart obtenu leur bac avec mention” explique la doyenne.

 

“Faire réussir tous les étudiants”

Depuis 2012, elle travaille, en coordination serrée avec les étudiants de l’université à la mise au point d’une licence pluridisciplinaire. A partir de la rentrée 2015 : oubliée la Paces, bonjour la licence plurisanté. En pratique, cette licence ne sera ouverte qu’aux bacheliers des départements de Maine et Loire, Mayenne et Sarthe. A l’issue des deux premiers semestres, les étudiants ayant une moyenne au-delà d’un seuil qui sera fixé ultérieurement par l’université seront admissibles aux études médicales. Si leur moyenne dépasse un second seuil très élevé, ils seront directement admis.

Pour les élèves se situant entre les deux, ils seront départagés par une épreuve orale “qui portera sur d’autres domaines que les compétences académiques, la qualité de présentation orale et de communication, notamment”. 75% du numerus clausus sera sélectionné de cette manière.

Les 25% restant seront admissibles de la même manière à la fin du troisième semestre. Ils rejoindront directement leurs camarades en 4ème semestre d’études médicales (P2). Les autres poursuivront un 4ème semestre en plurisanté dans lequel ils se perfectionneront dans une discipline. A l’issue de ces deux premières années, ils “s’éparpilleront vers des tas de formations différentes dont des écoles d’ingénieurs” indique la doyenne. 120 places sont d’ores et déjà réservées pour les étudiants plurisanté au sein de ces écoles.

“Nous voulions trouver un moyen de faire réussir tous les étudiants. D’autant qu’il nous semble important de développer les filières pluridisciplinaires, ce qui va créer un vivier d’étudiants formés à de nouveaux métiers comme la bio-informatique par exemple” justifie Isabelle Richard. Car l’autre idée novatrice de cette nouvelle licence est d’obliger les étudiants à réfléchir à deux projets professionnels. “Tous les étudiants plancheront sur un plan A relatif aux études médicales et un plan B, non médical. La validation du plan B sera nécessaire à l’obtention de la première année. Nous voulons que les élèves aient tous réfléchi à la possibilité de faire autre chose et qu’ils n’y pensent pas le lendemain des résultats comme c’est le cas actuellement” note la doyenne avant d’ajouter “nous aimerions que les meilleurs étudiants décident finalement de ne pas choisir la santé, cela serait un beau gage de réussite”.

 

Bien accueilli par les étudiants

Contrairement à l’Université de Rouen, où faute de communication le projet a été froidement accueilli par les étudiants, cette nouvelle licence est largement applaudie par les carabins angevins qui ont largement participé au projet. “Nous avons été intégrés aux groupes de travail et nous faisions partie des comités qui se sont réunis tous les trois mois” s’est réjoui Alexis Racine vice-président de la corporation médecine Angers en charge du tutorat. “C’est osé mais c’est un beau projet, je pense que c’est la solution au problème de la Paces qui est un traumatisme pour beaucoup d’étudiants” juge-t-il.

Comme c’est le cas pour les sept facultés qui participent à l’expérimentation, la licence plurisanté sera testée sur six années. Elle pourrait faire école…

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi-Bonin