Dans le cadre d’une expérimentation sur une évolution de la PACES* (première année commune aux études de santé), la faculté de médecine et de pharmacie de Rouen planche sur la mise en place d’une licence “sciences de la santé”. Un projet qui exaspère les étudiants en médecine rouennais qui dénoncent “l’illégalité” de la méthode.

 

À partir des rentrées 2014 ou 2015, sept universités vont expérimenter des filières alternatives à la PACES** (première année commune aux études de santé). L’Université de Rouen fait partie des sept facultés sélectionnées sur projet pour participer à cette expérimentation qui doit durer six ans.

Ainsi, dès la rentrée 2014, Rouen testera sa nouvelle licence de “sciences de la santé”. 120 étudiants maximum issus des baccalauréats généraux pourront s’inscrire. Une sélection jugée “illégale” par la Corpo Santé de la faculté de médecine de Rouen. “La direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle (DGESIP) nous a confirmé l’illégalité de cette licence affirme le président de la Corpo, Maxime Dumont, la sélection ne doit pas se faire uniquement pour des élèves de bac général, tous devraient avoir le droit de s’inscrire”, s’insurge-t-il.

 

15% du numerus clausus

Des propos réfutés par Sabine Ménager, vice-présidente de l’Université, en charge de la mise en place de l’expérimentation. “Notre premier objectif est de recruter différemment. Les données nationales démontrent qu’aucun élève des filières technologiques n’intègre les études médicales. C’est leurrer ces étudiants de leur dire qui le pourront”.

Cette nouvelle licence vise à diminuer le gâchis engendré par la PACES. Actuellement sur 1 700 inscrits, 219 sont intégrés en médecine, 85 en pharmacie, 33 en dentaire et 27 en maïeutique. A partir de la rentrée prochaine, 15% du numerus clausus sera réservé aux étudiants du cursus “sciences de la santé”. Après la deuxième année de licence, 6% des élèves pourront rejoindre les études médicales. Leur admission se fera sur dossier (12 de moyenne générale minimum), ils devront présenter une lettre de motivation et passer un oral devant une commission. A l’issue de la troisième année de licence, 9% des élèves pourront intégrer les études médicales, selon le même dispositif.

Comme c’est actuellement le cas en PACES, les étudiants auront le droit à deux essais pour intégrer les études médicales. S’ils n’y parviennent pas, leur licence leur ouvrira des débouchés similaires à ceux des licences scientifiques comme l’intégration d’une école d’ingénieur ou la poursuite en master.

 

Mise en place compliquée

Côté programme, les élèves bénéficieront d’un enseignement similaire à celui de la PACES sur les deux premières années, agrémenté de cours d’anglais, de sciences humaines et de travaux dirigés. En troisième année, les étudiants approfondiront les disciplines de la PACES et prépareront les prérequis à une éventuelle intégration aux études médicales explique Sabine Ménager.

Si les idées semblent claires, la mise en place pratique de la licence serait compliquée. “Tout se fait de manière précipitée, c’est nous qui avons informé les profs. Aux portes ouvertes de la faculté quasiment personne n’était au courant de la mise en place de cette filière” s’agace Maxime Dumont qui déconseille aux étudiants de “s’engager dans cette voie pour la rentrée 2014”. “Le programme est complétement flou. Rien n’a encore été écrit. On ne sait même pas s’il y aura des salles pour les cours” ajoute-t-il. Des propos qui ont peut-être été entendus. A l’issu du recrutement “moins de 120 élèves” se sont inscrits dans ce programme expérimental.

D’ici septembre la faculté devra donc “terminer la maquette pédagogique, finaliser l’organisation et gérer les flux d’étudiants”. Rien d’alarmant pour la vice-présidente.

Bilan dans six ans…

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi-Bonin

 

* Cf article Egora Bientôt la fin de l’enfer des P1.
** Cf article Egora Sélection en début de Paces : l’expérimentation est votée.