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Praticien territorial de MG : le drame de ceux qui ne travaillent pas assez

Installée depuis près de trois mois à Saint-Céré, aux confins du Lot, le Dr Violeta Popovici et sa consœur le Dr Elisabet Vecino sont l’exemple même d’une des failles du contrat de praticien territorial de médecine générale. Avec moins de 8 patients par jour, elles ne travaillent pas assez pour toucher les aides de l’ARS et doivent compter sur le soutien de la municipalité de Saint-Céré pour gagner leur vie.
 

 

Le calvaire du Dr Popovici est terminé. La généraliste peut remercier l’épidémie de grippe grâce à laquelle elle a enfin pu atteindre les 165 consultations par mois. Installée depuis près de trois mois à Saint-Céré avec sa consœur le Dr Elisabet Vecino dans le cadre du contrat de praticien territorial de médecine générale, la praticienne ne touchait pourtant pas les aides de l’ARS.

 

“Nous plafonnons à 6 -7 malades par jour”

Largement médiatisé par la ministre de la Santé, le contrat de praticien territorial de médecine général (PTMG) propose selon le site de l’ARS de garantir “pendant une durée de deux ans, un complément aux revenus tirés des activités de soins de manière à garantir un revenu net mensuel de 3 640 €”. En contreparties le généraliste s’installe dans une zone sous-dotée et effectue un minimum de 165 actes par mois (8 par jour en moyenne).

C’est là que les ennuis ont commencé pour le Dr Popovici et pour sa consœur. “Nous sommes dans une situation financière compliquée. Nous ne touchons pas les aides de l’ARS car nous ne voyons pas assez de patients par jour” se désolait la semaine dernière le Dr Popovici. “Chaque mois nous augmentons un peu notre patientèle, mais nous plafonnons à 6 -7 malades par jour” comptabilisait-elle avant d’ajouter “Il a fallu payer l’Urssaf, le conseil de l’Ordre ou encore le comptable, j’ai dû puiser dans mes économies”.

Conscient de leurs difficultés, Pierre Destic, le maire de Saint-Céré leur a donné un petit coup de pouce en leur offrant la gratuité de leur locaux jusqu’à ce qu’elles parviennent aux fameux 165 patients par mois. Il leur a également avancé l’argent qui a permis de financer leur matériel médical, somme qu’elles remboursent peu à peu tous les mois. Grace à l’aide de la municipalité, les généralistes effectuent également des vacations à l’hôpital de Saint Céré, deux fois par semaine. “Le problème, c’est la rigidité du contrat de PTMG qui devrait être plus progressif. Heureusement qu’il y a eu l’épidémie de grippe. Il aura fallu trois mois pour parvenir à toucher les aides de l’ARS” regrette le maire.

 

Les autres praticiens n’envoient pas leurs patients

Un point de vue partagé par le Dr Alain Corvez, directeur adjoint de l’ARS Languedoc Roussillon. “Nous essayons de faire bouger le dispositif. Nous avons fait remonter ce problème à la DGOS, au niveau national. Il faudrait abaisser le seuil de 165 consultations et diminuer les aides à mesure que la patientèle augmente. Cela serait plus pertinent et je pense que c’est possible” confie-t-il.

Originaires de Roumanie et d’Espagne les Dr Popovici et Vecino sont expérimentées et ne croient pas que leurs origines soient un barrage à la patientèle. “Je reçois des mamans avec des bébés de deux mois, elles me font confiance et sont contentes d’obtenir un rendez-vous dans la journée, ce qui n’est pas le cas avec les autres généralistes de Saint-Céré ” constate le Dr Popovici.

Le problème vient plutôt des autres praticiens de la commune, qui bien que surchargés, n’envoient pas ou peu de patients au deux nouvelles MG. “Certains prenaient un jour de repos dans la semaine, ils ont arrêté depuis l’installation des deux praticiennes” regrette le Dr Corvez qui a demandé au maire d’aiguiller les malades vers le cabinet des Dr Popovici et Vecino.

En attendant, l’ARS a fait un chèque de 10 000 euros aux deux praticiennes pour les aider à passer ce cap difficile. “Cette aide ne rentre dans aucun cadre, c’est un effort gratuit de l’agence” indique le Dr Corvez, conscient que “la constitution d’une patientèle peut prendre du temps”.

 

“Si elles partaient, se serait catastrophique”

Il ne regrette pourtant en rien l’installation des deux praticiennes sur la commune. Saint-Céré est le cadre idéal pour la signature d’un contrat de praticien territorial de médecine générale. “Il faut les aider. Si elles partaient, se serait catastrophique. Le système de PTMG a été mis en place pour aider les médecins déjà en place à souffler et faciliter leur départ à la retraite” estime le directeur adjoint de l’ARS.

Pas d’inquiétude pour le moment, les Dr Popovici et Vecino s’accrochent malgré les difficultés. Venues avec mari et enfants, elles ne comptent pas quitter Saint-Céré maintenant que le plus difficile a été fait.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi-Bonin