La nuit du 4 au 5 août 1962, la star de Certains l’aiment chaud, est retrouvée morte dans son lit à son domicile de Los Angeles. Dès le lendemain, le docteur Thomas Noguchi, 35 ans, réalise l’autopsie tant attendue. Il remarque une très forte concentration de barbituriques. “Mort par surdose de médicament”, conclut-il, évoquant la piste très probable d’un suicide. Pourtant, plus de 50 ans après, son expertise est sans cesse remise en cause…
 

 

C’est Eunice Murray, la gouvernante de l’actrice alors âgée de 36 ans qui retrouve Marilyn Monroe inanimée, nue sur son lit, dans la nuit du 4 au 5 août 1962. Une dizaine de boîtes de divers médicaments, dont une vide de Nembutal, un barbiturique, trônent sur sa table de chevet. Elle n’a laissé aucun mot d’adieu, mais l’hypothèse du suicide est déjà avancée par tous. Ce n’est pas par la première fois que Marilyn, très fragile mentalement, tente d’en finir.

Le dimanche matin du 5 août, le docteur Thomas Noguchi procède à l’autopsie. Ce médecin de l’institut légal de Los Angeles sera plus tard surnommé “le légiste des stars”. C’est lui qui aura la charge d’éclairer sur les décès de Robert Kennedy ou de Janis Joplin. Pour l’heure il n’a que 35 ans et c’est une de ses premières grande autopsie. Ses conclusions sont aujourd’hui consultables en ligne.

 

“Aucun résidu de pilules”

“L’estomac, détaille-t-il, est presque complètement vide (…). Aucun résidu de pilules n’est noté. Un prélèvement du contenu gastrique examiné au microscope polarisant ne montre pas de cristaux réfringents (…). Le côlon présente une congestion marquée et une coloration violacée.” Une concentration massive de barbituriques est mesurée dans le sang et dans le foie ainsi qu’un taux sanguin très élevé d’hydrate de chloral, un autre sédatif. Les conclusions sont claires, la mort est due à une intoxication aiguë aux barbituriques, par ingestion d’une surdose de médicaments.

Seulement, plus de 50 ans plus tard, ces conclusions sont encore loin de satisfaire tout le monde. Les rumeurs continuent de courir sur un complot et sur l’assassinat de celle qui a été la maitresse du président Kennedy. Et, judiciairement, l’affaire n’est toujours pas classée. Il faut dire que plusieurs zones d’ombres persistent.

Si le surdosage de barbituriques ne fait aucun doute, reste à savoir si c’est bien Marilyn elle-même qui a ingéré tous ces médicaments. En effet, aucune trace de pilule n’a été relevée dans l’estomac, et aucune trace de piqure n’est présente sur la peau. C’est alors que le procureur John Miner, qui avait assisté à l’autopsie et mené l’enquête, émet une hypothèse surprenante : celle d’une overdose de barbituriques administrés par lavement.

 

Lavement fatal

Ce qui expliquerait d’ailleurs la coloration violacée du côlon. Il n’en faut pas plus pour alimenter les rumeurs. On aurait fait prendre à Marylin de l’hydrate de chloral qui l’aurait rendue inconsciente, puis on aurait dissous 30 gélules (ou plus) de Nembutal dans de l’eau, le tout administré par lavement. Le psychanalyste de la star, le Dr Ralph Greenson, est le principal suspect.

Une autre hypothèse est évoquée notamment par le biographe de Marilyn Monroe, John Spoto. L’actrice aurait bien subie un lavement fatal, mais par erreur. Son médecin lui aurait administré par lavement de l’hydrate de chloral, sans savoir qu’elle avait déjà pris une forte dose de Nembutal.

Face à toutes ces rumeurs, le dossier est rouvert en 1982. Mais il confirme la validité du premier examen médico-légal. “C’est une autopsie correcte, techniquement et du point de vue de son interprétation, confiait récemment au journal Le Monde, le professeur Dominique Lecomte, qui a dirigé l’Institut médico-légal de Paris pendant plus de vingt ans. Ne pas retrouver de résidus de médicaments dans l’estomac n’élimine en rien une ingestion orale.”

 

Prélèvements égarés

“Aujourd’hui, on aurait sans doute approfondi les recherches de toxiques, avec des dosages au niveau de nombreux organes – estomac, intestin, reins… – qui aident à retracer précisément l’absorption des produits, ajoute-t-il. Bizarrement, dans le cas de Marilyn, nous ne disposons que de résultats d’examens dans le sang et le foie, alors que, d’après le compte rendu de toxicologie, d’autres avaient été demandés.”

En effet, le 5 août 1962, Thomas Nogouchi met de côté certains prélèvements, qui doivent donner lieu à un examen toxicologique ultérieur. Sauf que ces examens n’ont jamais eu lieu. Le toxicologue aurait, par mégarde, jeté les échantillons… De quoi alimenter, une fois de plus, les plus folles rumeurs.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : A.B.

 

[Avec Lemonde.fr et Lefigaro.fr]