Le Dr Pascal Buchet, néphrologue à l’AP-HP est maire de Fontenay-aux-Roses depuis 1994, et candidat à sa réélection. Encarté au parti socialiste, il se veut représentatif d’une gauche plurielle alliant le Front de gauche et les écologistes “pour mettre l’humain” au cœur du programme.

 

Egora.fr : Pourquoi vous représentez-vous aux élections municipales ?

Dr Pascal Buchet : Nous avons été élus avec une équipe représentant la gauche plurielle depuis plusieurs années et il nous reste encore beaucoup d’actions à mener, notamment dans les domaines de l’urbanisme, du cadre de vie ou encore de la sécurité routière. Ce sont les sujets qui m’ont poussé à m’investir en politique. Le jour où je suis devenu maire, ma pratique de médecin hospitalier m’a aidé à régler les problèmes en tant qu’élu. Dans une mairie, comme en santé, il vaut mieux prévenir que guérir. Il faut faire de la prévention mais aussi de bons diagnostics et de bons traitements. Entre un bon médecin et un bon maire, la démarche est un peu similaire.

 

Est-il important pour vous de continuer à exercer votre profession de médecin, en parallèle de votre carrière de maire ?

Je considère qu’être élu, c’est une fonction et non un métier. J’ai un métier, pour lequel j’ai été formé que j’ai toujours voulu conserver même si je ne l’exerce qu’à temps partiel. Il est important de garder un pied dans la réalité du monde professionnel. Ainsi, les mardis et jeudis je suis à l’hôpital. J’ai la chance d’y travailler avec la même équipe depuis 30 ans.

Je voudrais vraiment insister sur les nombreuses similitudes qu’il y a dans la manière d’aborder les questions lorsque l’on est face à un patient ou face à un problème municipal. Lorsque l’on est médecin il faut avant tout écouter le patient, faire une analyse clinique avant les examens complémentaires. C’est la même chose en mairie. Pendant des années, j’ai été réanimateur urgentiste. Je me suis retrouvé face à des accidentés de la route handicapés ou morts. Un de mes premiers soucis en devenant maire a été de tout faire pour qu’il n’y ait plus d’accidents sur ma commune. Ainsi, on a été la première ville “30” de France (Réduction de la vitesse à 30 km/h sur toute la commune, ndlr). En 10 ans, les accidents ont été divisés par trois.

 

Est-ce uniquement le mandat de maire qui se rapproche du métier de médecin, où la politique en général ?

La fonction de maire est très concrète, à la différence des mandats nationaux ou supra-communaux dans lesquels il y a beaucoup de distance malheureusement entre la réalité concrète du terrain et les délibérations. A la mairie, lorsque l’on prend une décision, elle est appliquée. C’est un peu comme un médecin qui prescrit. On peut espérer que le traitement sera bien pris ou que la prévention sera bien mise en œuvre. Il faut aussi éduquer, tant à la santé qu’à la citoyenneté.

 

La santé a-t-elle une place importante dans votre programme ?

Bien sûr, même si la santé s’apparente à beaucoup d’autres sujets. La santé, la sécurité des piétons, la prévention, l’éducation à la santé… sont beaucoup d’objectifs développés à Fontenay parce que mon métier de médecin m’y a sensibilisé. En tant que néphrologue, je donne aussi des conférences dans la ville sur le rôle du rein.

Nous avons également fortement développé les actions d’un centre municipal de santé qui était en train de disparaître. Nous avons fait en sorte qu’il se développe en complémentarité avec la médecine de ville. L’idée n’était pas d’opposer les deux, mais au contraire qu’ils soient complémentaires. Certaines spécialités du centre de santé n’existent pas en médecine de ville. Nous avons aussi développé, à travers ce centre, des actions de prévention et d’éducation à la santé. Tous les dentistes de l’établissement sont par exemple mobilisés pour faire de l’éducation dans les écoles et prévenir les problèmes bucco-dentaires. Nous avons mis en place une action de brossage des dents de tous les enfants de grande section de maternelle, après la cantine. Ils le font tous les jours. Après ils prendront le pli.

 

Qu’est-ce que le cabinet passerelle que vous avez créé ?

Nous avons fait le constat, qu’à cause du prix trop cher des loyers en région Ile-de-France, les médecins ne s’installaient plus. 95% des jeunes médecins préfèrent une activité salariée, à l’hôpital, en remplacement ou dans les centres de santé. Pour pouvoir aider la médecine de ville, nous avons institué un système très simple qui consiste à mettre en accès deux cabinets dit “passerelles” dans lesquels on installe des jeunes médecins. Ces cabinets sont mis à disposition gratuitement, pendant deux ans. Cela leur permet de se constituer une patientèle. En échange de cette gratuité du loyer, on leur demande d’assurer une permanence des soins soit un soir par semaine, soit le samedi après-midi, lorsque les autres cabinets de ville sont fermés. Cela évite aussi d’engorger les urgences.

 

Ce projet a-t-il été difficile à mettre en place ?

Nous avons travaillé avec le conseil de l’Ordre. Au début il y avait un sentiment de mauvaise concurrence de la part des médecins de ville mais ils ont compris que c’était au contraire pour pouvoir installer des jeunes médecins sur la commune et qu’au bout de deux ans, ces MG pourraient prendre la suite de médecins partant à la retraite.

 

Avez-vous d’autres projets de ce type dans votre programme ?

On développe beaucoup de nouvelles spécialités. Nous avons par exemple créé des consultations de tabacologie, d’alcoologie. Il y a aussi désormais un mésothérapeute, un ostéopathe… L’idée est d’aider au développement de l’accès aux soins.

Nous nous penchons aussi beaucoup sur le domaine de la nutrition dans les écoles. Une diététicienne travaille sur les menus des cantines dans une optique d’éducation à l’équilibre nutritionnel pour lutter contre la surcharge pondérale ou au contraire les difficultés d’alimentation de certains enfants.

 

Où en êtes-vous dans l’affaire de harcèlement moral pour laquelle vous avez été condamné (voir encadré) ?

Il y a eu une cabale organisée par un opposant, mise en forme par le procureur Philippe Courroye, qui était à l’époque le procureur de la République des Hauts de Seine. J’ai été condamné mais je me suis pourvu en cassation et je saisirai le conseil de la Magistrature, sur la méthode car elle a été exclusivement à charge, sans juge d’instruction par exemple.

 

Une candidature contestée

En juin 2011, Pascal Buchet est poursuivi pour harcèlement moral, après le suicide en juillet 2007 de la directrice de la communication de la mairie de Fontenay-aux-Roses. Cette dernière ne l’avait jamais mis en cause de son vivant et avait même laissé un courrier à sa famille sans citer aucunement ni ses conditions de travail ni son employeur. Pascal Buchet est condamné en première instance par le tribunal de Nanterre à 8 000 euros d’amende et 15 000 euros de dommages et intérêts, il a interjetté appel de cette décision auprès de la cour d’appel de Versailles, qui a alourdi la peine initiale en le condamnant également a six mois de prison avec sursis. Pascal Buchet s‘est alors pourvu alors en cassation.
Le néphrologue a toujours proclamé son innocence et dénoncé une cabale politico-judiciaire menée contre lui, en tant que principal opposant politique de gauche au sein du Conseil général des Hauts-de-Seine. Pascal Buchet avait en effet révélé de nombreuses affaires dans le département et s’était en particulier opposé à la nomination du fils de Nicolas Sarkozy à l’Établissement Public de la Défense.
Dans le cadre des municipales, quinze membres du PS de Fontenay-aux-Roses ont dénoncé la candidature du maire sortant et annoncé qu’ils claquaient la porte du parti. La section PS des Hauts-de-Seine affirme pourtant ne pas être au courant de cette démission collective et assure que Pascal Buchet a été investi en octobre, lors d’un vote interne.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi-Bonin