En parfaits dictateurs, les dirigeants nord-coréens ordonnaient l’impossible à leurs médecins. En 1977, Kim Il Sung, fondateur du pays, a eu la folie de demander aux meilleurs praticiens de trouver le moyen de le faire vivre jusqu’à 120 ans. Et quelques années plus tard, son fils faisait venir les meilleurs chirurgiens français dans des conditions top secrètes.

 

 

En 1977, Kim Il Sung, fondateur de la République communiste de Corée du Nord, et dirigeant exclusif du pays, fait une requête pour le moins insolite aux meilleurs médecins. Leur mission : trouver le moyen de le faire vivre jusqu’à 120 ans.

Naturellement, les praticiens s’exécutent. Les vertus de plus 1750 herbes sont analysées, sans grand succès. Les médecins se tournent alors vers une toute autre thérapie : le rire. Si le dictateur riait plus souvent, il vivrait plus vieux. “Nous avons fait venir un comédien et des enfants de 5 et 6 ans qui faisaient des choses adorables”, raconte dans ses mémoires le docteur Kim So-yeon, qui a dirigé pendant 10 ans le département de recherche créé à cet effet. Chaque intermittent du spectacle qui réussissait à faire rire le président au moins 5 fois par jour a été récompensé du glorieux titre d’ “acteur méritant”. Là encore l’expérience est vaine.

 

Sang de jeunes hommes

Il faut passer à la méthode forte. Le président demande donc à ses médecins de lui transfuser du sang de jeunes hommes en parfaite santé. Cela ne parviendra pas à concrétiser le rêve de centenaire de Kim Il Sung. Il mourra à l’aube de ses 70 ans… d’une défaillance cardiaque.

Moins original, mais tout aussi mégalo, Kim Jong-Il, le fils de Kim Il Sung, était lui persuadé que les meilleurs médecins étaient Français. Et que naturellement, ils devraient remuer ciel et terre pour les sauver eux, et leur famille. C’est ainsi qu’au début des années 90 la femme de Kim Jong-Il, Ko Young-hee, atteinte d’un cancer, arrive dans un grand hôpital parisien. Sécurité oblige, son entourage allait exiger qu’un étage entier de l’hôpital soit vidé ! Ce à quoi s’est de suite opposé le personnel médical.

Un éminent chirurgien français prend en charge cette illustre patiente. Et il se fait remercier en étant reçu en grande pompe à Pyongyang, avec sa famille. Il fera le déplacement quatre fois, pour prodiguer à la famille souveraine des “conseils médicaux”. Il était hébergé dans un hôtel qui disposait d’un système de couloirs souterrains, permettant d’accéder directement aux appartements du dictateur. Ensuite, “dès qu’il y avait un problème, raconte le médecin, interrogé anonymement par Le Figaro, les Nord-Coréens m’appelaient pour récupérer des valves cardiaques, ou pour que je leur procure de l’héparine”. Quelques mois plus tard, il reçoit un appel surprenant : “Les services de renseignements français pensaient que j’étais en possession d’un tube de sang du leader Kim Jong-Il, qui aurait eu le sida.”

Une poignée de praticiens, tous français, ont pu percer un des plus grands secrets de ces 30 dernières années, celui de la santé des dirigeants nord-coréens. En 1991, lorsque Kim Il-Sung tombe malade, une déficience cardiaque, son fils contacte les meilleurs cardiologues français. L’un d’eux raconte au Figaro : “[On] est arrivé un jour en nous présentant un électrocardiogramme d’un patient qui nécessitait l’implantation d’un pacemaker”, se rappelle un anesthésiste.

350 simulateurs cardiaques dans les valises

De qui s’agit-il ? “D’une personnalité nord-coréenne, c’est tout ce qu’on nous répondit.” Dix jours plus tard, l’anesthésiste, un chirurgien, sa femme, et une infirmière embarquent pour Pyongyang. Avec eux, dix énormes sacs, enregistrés comme “valise diplomatique” échappent au contrôle. L’équipe médicale découvrira leur contenu à son arrivée à Pyongyang : 350 stimulateurs cardiaques, d’une valeur totale d’environ un million de francs de l’époque (650 000 euros).

“C’est ainsi que le régime contourne les sanctions qui le frappent pour s’approvisionner en matériels ou en médicaments rares”, explique un médecin. L’équipe pose une quinzaine de pacemakers à de jeunes militaires. Puis on leur annonce que le prochain patient est une personne âgée. Sur la table d’opération, l’homme porte des lunettes aux verres brisés… Le chirurgien est persuadé d’avoir opéré Kim Il Sung.

En remerciement, l’équipe médicale reçoit chacun une valise remplie de won, la monnaie locale, et étaient conduits, chaque soirs dans les grands magasins.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : A.B.

 

[D’après des articles du Figaro et de Vanityfair.fr]