En 2012, les ventes de vaccins ont fortement baissé en France. Pratiquement toutes les catégories de vaccin sont touchées, signalait en mars dernier IMS Health, y compris les vaccins pédiatriques. La nouvelle affaire touchant le Gardasil ne devrait pas arranger les choses.

Le vaccin réservé aux adolescentes en prévention du cancer du col de l’utérus vient d’être mis en cause par une patiente souffrant de sclérose en plaque, les troubles s’étant déclarés juste après la première injection. Avec son conseil, la jeune fille de 18 ans vient de porter plainte contre le laboratoire Sanofi et l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM). Le laboratoire conteste fermement tout lien de cause à effet entre le vaccin et le syndrome neurologique dont souffre la patiente. D’autres plaintes pourraient suivre, laisse entendre son avocat.

Il s’agit d’une mauvaise affaire pour la santé publique. “La vaccination fait partie de nos missions de santé publique, souligne le Dr Luc Duquesnel. Mais dans ce climat de défiance que l’on ressent fortement dans nos cabinets, on a tendance à baisser les bras. On a reçu en avril, un nouveau calendrier vaccinal, mais dans les faits, on rame”. Et ce d’autant, ajoute-t-il, qu’en l’absence de dossier médical informatisé, les médecins généralistes n’ont aucun moyen de savoir si un patient est ou n’est pas vacciné. Les infirmières, les pharmaciens demain, pourront prêter main forte pour vacciner contre la grippe. Un renfort souhaité par les pouvoirs publics pour soutenir les campagnes de vaccination défaillantes, mais “sans aucune lisibilité pour le médecin traitant alors qu’avec un projet de santé, il n’y aurait aucune difficulté à se répartir la tâche sur un territoire”, ajoute le président de l’UNOF/CSMF.

Les chiffres des ventes de vaccins entre 2008 et 2012 révélaient déjà une baisse de 12 % du marché en unités et de 30% en valeur. La tendance se poursuit donc en 2012, souligne IMS Health, le leader mondial de l’information, du conseil, des services et technologies en santé qui déplore que la couverture vaccinale de progresse pas.

Ainsi, on notait l’an dernier – 6,5% pour l’hépatite B, – 26% pour le méningocoque, – 2 % pour le pneumocoque, – 8 % pour le tétanos et – 1,6% pour les associations incluant une valence antitétanique, – 23% pour la typhoïde, – 40% pour les vaccins contre la rougeole, – 33% pour la rubéole et – 11% pour les associations ROR (rougeole, oreillon, rubéole).
Pour le vaccin antigrippal, le marché a globalement perdu près de 2 millions d’unités entre 2008 et 2012 (de 10 à 8 millions de boites). La baisse, liée à la controverse sur la vaccination nationale contre la grippe A (H1-N1) entre les années 2008 et 2009, dont la médecine de proximité avait été exclue au profit d’une centralisation organisée par le ministère de l’Intérieur, s’est maintenue et n’a pas été compensée les années suivantes.

Les ventes du dernier trimestre 2012 sont restées stables par rapport au dernier trimestre 2011, malgré les dispositions prises pour relancer la couverture vaccinale des personnes âgées, y compris dans le cadre du CAPI (contrat d’amélioration de la pratique individuelle), renommé ROSP préconisant aux médecins traitants de hausser à 75% le taux de vaccination contre la grippe des personnes âgées.

“On a noté en 2012, par rapport à 2011, une importante surmortalité hivernale, plus de 25 000 décès supplémentaires”, a relevé le Pr. Claude Le Pen, économiste de la santé et consultant d’IMS Health.

De la même manière, les recommandations du Haut conseil de la santé publique de mars 2011, préconisant d’administrer deux doses de vaccin trivalent ROR aux personnes nées entre 1980 et 1991 (plus de 6 millions de personnes), n’ont pas plus été suivies d’effets.

Le risque de résurgence de certaines maladies est clairement posé, insistait alors le Pr. Emmanuel Grimpel, pédiatre et infectiologue à l’hôpital Armand Trousseau (Paris).