On l’a longtemps appelé le “pivot”, puis ce fut plutôt la mode du “chef d’orchestre”, ou du “gate keeper” pour les anglicistes. Au fil des années, le médecin généraliste, ex omnipraticien, toujours médecin de famille est devenu médecin référent, puis médecin traitant, toujours pivot, toujours central. Mais toujours privé des moyens qui devraient normalement découler de l’alourdissement constant de ses missions, tant en matière de soins que de santé publique. Le tout dans un contexte d’épuisement né de la désertification médicale.

Et pourtant, à chacune de ses interventions, Marisol Touraine ne se prive pas d’exhorter le rôle stratégique du médecin généraliste, “cheville ouvrière” de sa stratégie nationale de santé basée sur la coordination et le parcours de soins. Une stratégie censée rééquilibrer le système de santé vers la médecine ambulatoire. Or, dans les faits, que voit-on ?

Qu’il n’y a manifestement rien de prévu dans l’immédiat en matière de revalorisation tarifaire sur le C ou sur un éventuel forfait médecin traitant, autant de coups de pouce qui permettraient de faciliter le financement d’un poste de secrétariat en médecine générale, le poste le plus lourd. A l’UNOF/CSMF, on estime qu’un C à 25 euros “rapidement” doit être envisagé pour pouvoir aussi doter le cabinet des nouvelle technologies de santé. Et alors que la stratégie nationale de santé repose sur le travail en équipe, au chevet et en dehors de la présence du patient, on relève qu’une enveloppe de 20 millions d’euros seulement (sur 180 milliards d’euros) sera réservée à sa rémunération, dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale 2014. Près de 300 équipes coordonnées sont actuellement constituées, dont la moitié seulement bénéficie d’un financement. Les 150 autres, devraient être concernées au 1er janvier prochain. Enfin, on croise les doigts pour qu’il en soit ainsi en fonction de l’enveloppe.

“Il est grand temps d’enclencher la première, on patine, ironise le Dr Duquesnel. Des équipes attendent cette ouverture. Si elle ne se produit pas, on ne pourra pas les récupérer sur le terrain…” Un prolongement de ces expérimentations doit dorénavant s’organiser sur le plan conventionnel. Mais là aussi, çà patine. Les réunions des représentants de la bonne dizaine d’organisations de professions de santé en vue de conclure un accord cadre interprofessionnel (ACIP), qui devaient commencer en mars à la CNAM, se mettent tout juste en place. Sous le regard de la ministre, qui s’est donné les moyens d’intervenir si rien de concret ne débouche.

Un coup de pression du ministère, sans doute lassé des lenteurs de la négociation avec l’assurance maladie qui sait parfaitement conclure des accords tarifaires, tout en maîtrisant l’art de gagner du temps.