Les docteurs Elisabet Vecino et Violetta Popovici viennent de prendre leurs quartiers à Saint-Céré, petite commune du Lot de 3 500 habitants. Ces deux généralistes quadragénaires originaires d’Espagne et de Roumanie viennent de signer un contrat de praticien territorial de médecine générale. Les deux femmes sont désormais associées dans un nouveau cabinet médical, et ont commencé les consultations la semaine dernière. Les deux praticiennes se confient à Egora.

 


Egora.fr :
Depuis combien de temps êtes-vous en France ?

Dr Popovici : Je suis là depuis quatre mois. Je suis venue ici par l’intermédiaire d’une amie, urgentiste en France depuis quinze ans, qui m’a beaucoup parlé du système médical français. J’ai commencé par un stage aux urgences dans le Gers, puis je me suis mise à la recherche d’un poste en cabinet libéral. C’est comme cela que je suis arrivée à Saint-Céré.

Dr Vecino : Je suis arrivée à Saint-Céré il y a deux mois, pour la rentrée des classes !

 

Quelles étaient vos conditions de travail dans vos pays ?

Dr Popovici : J’ai exercé la médecine générale pendant une quinzaine d’années à Timisoara, dans l’ouest de la Roumanie. Les conditions de travail étaient très dures. Le système médical y est beaucoup moins performant qu’en France. Il n’y a pas d’assurance maladie. Je gagnais en moyenne 1 000 euros par mois.

Dr Vecino : La situation en Espagne est très compliquée, surtout d’où je viens, en Catalogne. Le travail était difficile. Je voyais beaucoup de patients pour un très faible salaire. Au fil des mois, je gagnais de moins en moins. Avec mon mari, nous songions à changer de pays. Je suis tombée sur cette offre d’emploi postée par la mairie, donc nous nous sommes aventurés à Saint-Céré.

 

Comment avez-vous entendu parler de ce contrat de praticien territorial de médecine générale ?

Dr Vecino : La personne que nous avions en contact à Saint-Céré était l’ancien directeur de l’hôpital. Il connaissait ce nouveau contrat. Il en a demandé deux pour Saint-Céré et l’ARS a dit oui. Nous avons donc signé toutes les deux, la semaine dernière.
Ce contrat est une chance. Nous n’avons pas encore de patientèle, cela nous offre une sécurité financière. Nous ne voyons pour le moment que deux à trois patients par jour.

 

Comment les patients viennent vers vous ?

Dr Popovici : Aujourd’hui par exemple j’ai vu un père et sa fille. Le patient avait été envoyé par son médecin qui était débordé. Les collègues autour ont trop de patients et ces derniers ne veulent pas attendre, donc ils les dirigent vers nous. Les malades cherchent à pouvoir se soigner rapidement. Nous sommes cinq médecins en tout à Saint-Céré.

 

Comment s’est passée votre inscription au Conseil de l’Ordre ?

Dr Popovici : Très bien. J’avais déjà été inscrite au conseil de l’Ordre du Gers où j’avais fait mon stage aux urgences. L’entretien avec la présidente du Conseil s’est très bien passé. Je n’étais pas particulièrement inquiète.
J’ai commencé à apprendre le Français seule sur mon ordinateur en janvier dernier. Je me suis perfectionnée depuis que je suis en France.

Dr Vecino : Moi, je parlais déjà un peu français en Espagne. J’avais appris la langue à l’école. Je me suis perfectionnée depuis.

 

Comment envisagez-vous l’avenir, à l’issu du contrat de praticien territorial de médecine générale ?

Dr Popovici : Pour l’instant nous sommes au début de cette expérience, qui est un réel projet de vie. Ici la qualité de vie est excellente. A Saint-Céré, nous avons tout ce dont nous avons besoin.

Dr Vecino : Nous sommes toutes les deux venues avec nos familles. Nous avons chacune un enfant. Ils sont très heureux à l’école. Ils ont très bien appris le français. Nos maris sont aussi en train d’apprendre la langue.

 

Comment avez-vous été accueillies ?

Dr Vecino : L’accueil a été excellent. Nous avons fait la connaissance de nos collègues. Ils attendent que nous travaillions beaucoup ! Comme eux ! (rire)

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi-Bonin