La faculté de médecine de Brest vient de lancer un diplôme universitaire (DU) d’homéopathie. Elle serait la première en France. Si le succès a été immédiat, la réaction des médecins du secteur n’a pas été tendre.

 

56% des Français utilisent l’homéopathie pour se soigner dont 36% sont des utilisateurs réguliers*. C’est dans ce contexte que le Dr Christian Berthou, doyen de la faculté de Brest vient d’intégrer un DU d’homéopathie dans son établissement. “Je suis parti du fait que plus d’un Français sur deux utilise de l’homéopathie” explique-t-il avant d’ajouter “mais les malades ne peuvent pas demander conseil à leurs médecins puisqu’ils n’ont aucune formation dans ce domaine”.

 

“J’ai reçu plusieurs mails insultants de médecins libéraux”

Brest serait la première fac de médecine en France à proposer une telle filière. L’homéopathie, qui n’est pas reconnue comme une spécialité médicale, n’était alors enseignée “que dans des facultés de pharmacie”, regrette le Dr Berthou. Mais c’était avant le mois de juillet dernier. Depuis, le nouveau DU d’homéopathie a remporté un vif succès avec près d’une trentaine d’inscrits. “Ce diplôme fait partie de la formation continue, mais les internes inscrits sont considérés comme étant en formation initiale” indique le responsable. Médecins, sages-femmes, chirurgiens-dentistes ou encore vétérinaires font également partie du public concerné par cet enseignement.

Si le doyen croyait profondément à son projet, le mettre en place n’a pas été simple. “Je suis passé par les instances facultaires et universitaires. Le conseil d’administration de la faculté disait qu’avant de former, il faut évaluer. Il préférait la mise en place d’un diplôme inter-universitaire (DIU) à un diplôme universitaire qui ne concernait que la fac de Brest” raconte le médecin. Une fois la validation des instances acquises, la réaction des médecins alentours n’a pas été tendre non plus. “J’ai reçu plusieurs mails insultants de médecins libéraux disant qu’ils ne comprennent pas qu’en fac de médecine on enseigne le charlatanisme” soupire-t-il.

Une réaction bien connue du Dr Anne-Marie Le Berre, responsable pédagogique du DU, mais qui ne manque pas de l’exaspérer. “J’accepte la critique, mais que de la part de personnes qui savent de quoi ils parlent. On ne peut pas critiquer quand on ne connaît pas” estime la généraliste homéopathe. Si elle pratique et enseigne l’homéopathie depuis de nombreuses années, elle considère que cette médecine alternative est complémentaire à la médecine traditionnelle. “Lorsque je ne trouve pas de solution satisfaisante en allopathie, la réponse est souvent en homéopathie. C’est une médecine alternative et intégrative. Je passe sans arrêt de l’allopathie à l’homéopathie et vice-versa. Je ne mets pas ces deux pratiques en opposition” explique la praticienne.

 

“Les médecins homéopathes ont une empathie supérieure aux autres”

“Il y a un vrai besoin et une demande réelle en homéopathie” considère le doyen estimant qu’il est “indispensable de développer les médecines alternatives”. Et les résultats sont parfois surprenants. Le Dr Le Berre parvient ainsi à sevrer ses patients des benzodiazépines à l’aide de l’homéopathie. “Dans ce domaine il faut un sens clinique très aiguisé. Il a été démontré que les médecins homéopathes avaient une empathie supérieure aux autres” note le doyen.

Prochaine étape pour la fac de Brest, développer la recherche clinique. En attendant, un DIU sera bientôt mis en place avec les facultés de médecine de Strasbourg, Nancy et Lyon également intéressées par cet enseignement.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi-Bonin