Plantes, champignons ou animaux, les hommes ont très vite trouvé dans la nature les moyens de faire disparaitre simplement, et discrètement, leurs ennemis. Retour sur quelques-unes des grandes affaires d’empoisonnement qui ont marqué l’Histoire.

 

Si les premiers hommes, à l’époque de la Préhistoire connaissaient déjà certainement les revers maléfiques de certaines plantes comme la ciguë ou la belladone, c’est dans la Rome Antique que l’on retrouve les toutes premières affaires d’empoisonnement.

 

Champignons vénéneux

Au premier siècle après Jésus-Christ, Agrippine, femme de l’empereur Claude, élabore un plan maléfique pour permettre à son fils, Néron, de monter sur le trône de Rome. Elle loue alors les services d’une célèbre empoisonneuse : Locuste. A l’époque, cette Gauloise était connue pour boire chaque jour un peu de poison ce qui l’aurait immunisé contre toutes les toxines. Agrippine demande à Locuste de tuer son époux. Plusieurs esclaves sont mis à disposition de la Gauloise pour lui permettre de tester ses potions. Ce sont finalement des champignons vénéneux qui entrainèrent, sans mal, la mort de l’empereur. Et c’est Agrippine qui lui servit son dernier repas.

Seulement Claude avait eu un fils d’un premier mariage, Britannicus, héritier du trône. Cette fois, c’est Néron qui demande les services de Locuste. Mais l’empoisonneuse fait une erreur. Britannicus survit au poison qui ne lui donnera qu’une terrible diarrhée. Néron ordonne alors à Locuste de préparer une nouvelle tentative. « Il la força de préparer, dans sa chambre et en sa présence, le poison le plus rapide et le plus efficace. Ensuite, on l’expérimenta sur un chevreau qui ne mourut qu’au bout de cinq heures. On le fit cuire et recuire, et on le donna à un porcelet qui périt sur le champ », raconte Suétone dans Néron. Ce deuxième essai fut le bon, le poison tua immédiatement Britannicus.

 

César Borgia portait une bague à poison

Bien des années plus tard, dans l’Italie de la Renaissance, une autre famille règle ses mésententes à base de poison : les Borgia. Le père, Rodrigo Borgia, pape connu sous le nom d’Alexandre VI, était, tout comme son fils César, un maître en matière d’empoisonnement. Pour éliminer leurs ennemis, les Borgia auraient utilisé des poisons à base de mercure, d’arsenic, d’aconit, d’if, de jusquiame, de phosphore, de pavot, de ciguë, etc. Ainsi, la fameuse Cantarella, aussi appelée « sucre de plomb », était un mélange qui devait contenir de l’arsenic, du phosphore et de l’acétate de plomb. On raconte que César Borgia portait une bague à poison qui lui permettait d’empoisonner son ennemi en lui serrant simplement la main. D’ailleurs la mort du pape Alexandre VI reste mystérieuse. On a souvent raconté qu’il avait lui-même succombé à un empoisonnement.

Mais les plus célèbres empoisonneurs de l’histoire sont… des empoisonneuses. Entre 1679 et 1682 la Cour de Louis XIV est marquée par l’affaire des poisons. Plusieurs personnalités, souvent très haut placées, ont été impliquées dans ce terrible scandale. Les plus célèbres sont deux femmes. Madame de Brinvilliers qui, pour obtenir l’héritage, aurait empoisonné son propre père et ses frères grâce à un mélange d’arsenic et de bave de crapaud. On retrouvera en effet chez l’apothicaire Glaser des paquets de poisons qui lui étaient destinés. Pour la faire avouer, La Brinvilliers est soumise à l’épreuve de l’eau, un moyen de torture qui consistait à administrer de grandes quantités d’eau. Puis elle fut exécutée.

Inquiet par cet épisode qui mettait la Cour en plein émoi, Louis XIV mandata une commission, la Chambre ardente, pour enquêter sur les affaires des poisons. Elle mis en lumière le rôle d’une autre femme, la Voisin, qui aurait joué un rôle central en approvisionnant des aristocrates en poudre. La Voisin est exécutée, brûlée vive, avec une trentaine d’autres personnes. Louis XIV décide de clore l’affaire afin d’éviter de poursuivre les nombreux aristocrates dont le nom était cité dans cette affaire, et notamment sa maîtresse, la marquise de Montespan.

 

…Et quelques empoisonnés célèbres

Particulièrement toxique, le mercure a été un des poisons préférés des empoisonneurs. La Brinvilliers, par exemple, l’utilisait comme base pour ses mélanges mortels. Le scientifique Isaac Newton, qui utilisait fréquemment du mercure pour ses expériences, semblait atteint d’un empoisonnement chronique. Il traversa un grave épisode de dépression, et souffrait d’insomnies et de troubles de la digestion. L’analyse d’une mèche de ses cheveux démontra la présence de quantités élevées de mercure. Agnès Sorel, la célèbre maîtresse de Charles VII, aurait elle aussi succombé à une intoxication au mercure, d’après des analyses effectuées sur ses ossements, en 2005.

L’arsenic a aussi souvent été utilisé dans l’histoire. La mort de Napoléon serait peut-être le fait de l’arsenic, des quantités importantes ayant été retrouvées dans ses cheveux. Et la maladie puis la mort de Charles Darwin auraient pu être causées par l’ingestion d’arsenic contenu dans la « solution de Fowler », un remède fréquent au 19e siècle et qu’il absorbait fréquemment.

En Russie, l’énigmatique Raspoutine a survécu à un empoisonnement au cyanure. Son assassinat avait été soigneusement préparé. Invité à dîner, il devait consommer des gâteaux et du vin contaminés par une dose de cyanure. Raspoutine se rassasia des pâtisseries et de l’alcool, sans pour autant s’effondrer d’empoisonnement. Ceci s’expliquerait par le contact du cyanure avec le sucre des gâteaux dans lequel il avait été ajouté : sucre et cyanure auraient pu former des composés non toxiques, éliminés par l’organisme.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Catherine Le Borgne

 

[Avec www.futura-sciences.com]