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Déserts : un maire trouve la solution miracle

Le maire de Bernay n’a pas attendu que sa ville se transforme en désert médical. Il a pris les devants en créant un poste de généraliste salarié. Après avoir examiné des dizaines de candidatures, c’est le Dr Berge* qui a été choisie. Ses premières consultations sont prévues pour le mardi 12 novembre.

 

Qui a dit qu’il n’y avait pas de généralistes consentants pour s’installer dans de petites communes de province ? Car il semblerait qu’Hervé Maurey, sénateur maire de Bernay ait trouvé la solution miracle pour les attirer. Après les départs à la retraite non remplacés de deux généralistes de sa commune, il a pensé au salariat. “Nous avons d’abord essayé avec le libéral mais nous ne sommes parvenus à ne recruter qu’un seul praticien. Le salariat a alors été la seule option qui m’a semblé digne d’intérêt. J’avais entendu parler du succès de la Ferté-Bernard. J’ai donc sollicité l’avis du conseil municipal qui a validé ma décision” explique qu’Hervé Maurey, auteur d’un rapport pour le Sénat sur la désertification médicale.

Si les recherches d’un médecin libéral ont été peu fructueuses, celle d’un médecin salarié ont porté leurs fruits. “Nous avons eu plusieurs dizaines de candidats pour ce poste. Les profils étaient très variés avec autant d’hommes que de femmes. Il y a cependant eu peu de jeunes postulants. Le cadet était un praticien, déjà installé en libéral, de 35 ans. Nous avons également examiné les candidatures de généralistes en fin de carrière” constate le maire.

 

42 heures par semaine, consacrées uniquement à la pratique

C’est finalement le Dr Berge, 49 ans, mère de trois enfants, qui a retenu l’attention de l’élu. “Nous avons eu une bonne accroche. Elle a montré un certain intérêt pour la ville, indiquant d’emblée qu’elle souhaitait y vivre, ce qui est très important” note Hervé Maurey conscient des atouts du poste proposé. “Travailler 42 heures et non 60 au minimum, voire 70 en libéral, est important. D’autant que ces 42 heures ne seront consacrées qu’à la médecine et non aux tâches administratives qui rebutent les médecins” souligne-t-il.

Des avantages qui n’ont bien entendu pas échappé au Dr Berge, remplaçante en libéral depuis plus de 10 ans. “Ca va me dégager des contraintes du libéral. Je vais pouvoir me concentrer uniquement sur les patients” se réjouit la praticienne qui ne voit pas de défauts majeurs à son nouveau poste. “La seule contrainte que je pourrais éventuellement ressentir est celle d’avoir à rendre des comptes, contrairement à l’exercice libéral, mais cela me semble tellement ridicule par rapport aux avantages” juge-t-elle.

Si la praticienne devra, comme le stipule son contrat, travailler 42 heures par semaine, elle reste extrêmement libre de son emploi du temps. “Nous ne voulons pas lui mettre de pression inutile. Nous ne voulons pas lui demander d’enchaîner les actes. L’objectif n’est pas de gagner de l’argent. D’ici quelques moi, nous espérons simplement être à l’équilibre” confie Hervé Maurey. Seules obligations pour la praticienne, proposer des consultations avec et sans rendez-vous et travailler un samedi matin toutes les trois semaines. “Cela ne me semble pas du tout excessif” s’enchante la praticienne.

 

“Je pense gagner plus ou moins autant qu’à l’époque du libéral”

Financièrement parlant, l’opération semble également tourner à l’avantage pour le Dr Berge. “Cela répond parfaitement à mes besoins. Je pense d’ailleurs gagner plus ou moins autant qu’à l’époque du libéral” estime-t-elle, précisant se baser sur ses propres besoins et non sur le salaire maximal qu’un généraliste peut obtenir. En pratique, les honoraires de la praticienne seront reversés au service public qui effectuera alors un virement à la mairie de Bernay. De son côté, le Dr Berge percevra un salaire fixe. “Je démarre ce travail sereinement, sans m’angoisser pour la constitution de ma patientèle” explique la généraliste.

Un système qui aurait pu plaire au Dr Espinas*, généraliste libérale installée à Bernay depuis de nombreuses années et qui partagera son secrétariat avec sa nouvelle consœur. “Si un jour, je craque devant la paperasse administrative, je pourrais être candidate à ce genre de poste. Pour le moment je me satisfais du libéral où je gagne mieux ma vie” commente le médecin. Tout comme ses confrères libéraux de la commune, la généraliste a été consultée par le maire avant l’embauche de sa consœur. “Nous avons dit oui à la majorité absolue à cette initiative. Si nous y mettons tous du nôtre, la mayonnaise devrait prendre” optimise la praticienne avant d’ajouter “nous sommes un pôle de médecins présents pour soigner une population. Peu importe le statut”.

Rentrée des classes prévue mardi pour le Dr Berge, qui a déjà posé sa plaque sur la porte du cabinet médical.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Concepcion Alvarez

 

*à la demande des intéressées, les noms ont été modifiés.