Alors que Marisol Touraine s’apprête à dévoiler lundi sa stratégie nationale de santé à l’occasion de la remise officielle du rapport Cordier, un “Front généraliste” veut la “stimuler”. Car, “elle ne fait rien” affirme MG France, alors que les généralistes attendent et qu’il y a urgence.

 

Neuf organisations* représentantes des médecins généralistes emmenées par MG France, des médecins en formation, des remplaçants, des jeunes installés, des enseignants, des médecins en exercice libéral ou en centre de santé se sont regroupées hier, le 19 septembre, devant la presse. Ce “Front généraliste” veut “peser de façon constructive sur les choix que doit faire le gouvernement dans le cadre de sa stratégie nationale de santé”. Et lors de la conférence de presse, chacun y est allé de sa critique, à commencer par le Dr Claude Leicher, président de MG France, pas tendre avec la ministre de la Santé qui doit selon lui, être “stimulée”. “Ce “Front généraliste”, c’est pour montrer qu’on en a marre, a lancé le médecin. Cela suffit de faire des lois et de ne pas les appliquer.” Et d’ajouter : “Qui pilote quoi aujourd’hui ? Est-ce que la santé intéresse le gouvernement ? On a cru que Jean-Marc Ayrault allait donner un coup de pouce mais il ne sera même pas là lundi !”. Le rapport Cordier est selon lui, “une espèce de besoin d’apporter à Marisol Touraine une réflexion sur la politique qu’elle va mettre en place. Mais pour ne pas sécréter d’opposition, elle ne fait rien. Au bout de 15 mois, on ne sait toujours pas quelle est la route choisie”.

 

Pacte de confiance

Que souhaite le syndicaliste ? La mise en place d’un pacte de confiance avec les médecins généralistes portant sur l’organisation des soins primaires en équipe autour du médecin généraliste traitant, sur les moyens financiers des équipes, la dispense d’avance de frais garantie pour les actes de généralistes et dans le parcours de soins, et sur la filière de médecine générale. “La crédibilité de cette démarche passera par les premiers outils mis en place dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2014”, estime le syndicat. La ministre de la santé doit “montrer qu’elle a confiance dans la médecine générale”. Mais à la suite de sa rencontre avec Marisol Touraine le 16 septembre, le Dr Leicher affirme ne pas “la sentir prête à mettre le paquet sur la médecine de proximité”.

 

Plus de stages en médecine générale

Les externes et internes en médecine générale, qui se sont d’ailleurs vus refuser un rendez-vous à l’Elysée, n’étaient pas en reste. “100 % des externes sont censés faire un stage auprès d’un praticien de médecine générale, mais moins de 50 % y ont véritablement accès”, dénonce le président de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), Mathieu Levaillant. Il revendique la possibilité, pour 100 % des étudiants, d’avoir accès à un stage formateur en médecine générale, d’une durée raisonnable, avant de faire le choix de la spécialité.

Même discours du côté de l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG). “Nous n’avons qu’un seul objectif, affirme Julien Poimboeuf, le président. Nous voulons être mieux formés pour être prêts à nous installer dès la fin de nos études”. Et de s’inquiéter : “Sur trois années d’internat, les étudiants n’ont qu’un stage obligatoire de six mois en médecine générale. Le plus grand frein à l’installation est le manque de formation. Nous souhaitons une augmentation du nombre de stages en médecine générale pour être au plus proche du lieu d’exercice” et ainsi être formés sur le système de soin, l’interprofessionnalité ou encore la gestion du cabinet. Le hic ? “Nous ne pouvons pas assurer la formation pour l’ensemble des internes faute de personnels”, rapporte le Pr Vincent Renard, président du Collège national des généralistes enseignants (CNGE).

Le “Front généraliste” rappelle que seuls 3 % des enseignants sont dédiés à la médecine générale et forment 47 % des internes. MG France attend de la ministre qu’elle développe une véritable filière universitaire de médecine générale, en y consacrant plus de moyens et en demandant notamment au ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche de nommer les 14 enseignants de médecine générale qui ont postulé avec succès à ces fonctions.

Dès le lendemain, la CSMF faisait savoir par communiqué – tout comme la FMF – que MG France n’avait pas le monopole de la parole pour la médecine générale.

 

* Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), Collège national des généralistes enseignants (CNGE), Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG), MG France, Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (Réagjir), Syndicat de la médecine générale (SMG), Syndicat national des enseignants de médecine générale (SNEMG), Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG), Union syndicale des médecins de centres de santé (UNMCS).

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Laure Martin