Clément Cogneau est un interne en médecine générale à la fac de Brest. Le partenariat entre Médecins sans frontières (MSF) et l’Université a permis au futur médecin d’effectuer une mission de six mois à Bétou au Congo Brazzaville. Clément Cogneau revient sur cette expérience, partie intégrante du cursus de médecine générale.

 

Egora.fr : Comment avez-vous entendu parler de ce partenariat ?

Clément Cogneau : L’été dernier, j’étais en stage chez le Dr Jean-Yves Le Reste, directeur du département de médecine générale de Brest. Je lui avais parlé de ma volonté de partir. C’est alors qu’il m’avait fait part du partenariat en cours entre MSF et la fac de médecine de Brest. C’est donc lui qui m’a mis la puce à l’oreille.

 

Concrètement, en quoi consiste ce partenariat ?

Avant des internes pouvaient partir avec MSF mais ils devaient prendre une disponibilité. Il fallait donc mettre ses études entre parenthèse. Aujourd’hui ce qui change c’est que l’ARS paye un interne afin qu’il puisse partir travailler à MSF. Du coup on bénéficie d’un salaire de l’hôpital tous les mois et en plus on valide un stage pour notre maquette de futurs médecins généralistes, ce qui est totalement nouveau et innovant.

 

Ce partenariat ne s’adresse qu’aux médecins généralistes ?

Pour l’instant, oui. Le doyen et la vice-présidente de MSF, ainsi que le responsable des relations internationales de la fac de Brest sont très motivés pour ouvrir ce partenariat à d’autres spécialités, notamment la pédiatrie, la gynécologie et éventuellement l’orthopédie.

 

En quoi est-ce un plus pour la formation en médecine générale ?

Cela permet de s’ouvrir sur le monde. Plus généralement, cela permet de développer son sens clinique. Il y a peu de moyens techniques ou d’examens complémentaires, de fait, on est vraiment obligé de travailler avec nos yeux et nos mains. On repart sur les fondamentaux de la médecine.

 

Comment s’est déroulée votre arrivée sur place ?

Je suis d’abord arrivée dans la capitale du Congo Brazzaville, à Brazzaville où j’y ai passé quelques jours. MSF est également installé là bas. J’ai reçu des briefings où l’on m’a un peu expliqué comment les choses allaient se passer. Puis à Bétou, j’ai fait connaissance avec le service de pédiatrie dans lequel j’allais travailler. J’ai eu de la chance d’avoir une passation. Un médecin était déjà sur place avant que je n’arrive. Cela m’a fortement aidé.

 

Comment se passait votre travail ?

La pédiatrie était divisée en trois secteurs. La pédiatrie générale dans lequel on trouvait surtout des paludismes, des diarrhées et d’autres pathologies moins fréquentes mais variées comme des méningites. Il y avait un service de nutrition dans lequel se trouvaient des enfants gravement dénutris et il y avait également un service de néo-natalogie. Le matin je faisais la visite des trois secteurs, j’avais environ 40 ou 50 enfants à charge. L’après-midi je m’occupais des divers problèmes et des entrées.

 

Une anecdote vous a-t-elle particulièrement marquée durant ce séjour ?

Lorsque les enfants malnutris arrivent en consultation, ils ont un regard figé et ne sourient pas. Puis, au fur et à mesure des consultations et de leur prise de poids, ils se remettent à sourire. A ce moment là, on se dit que c’est gagné. C’étaient de vrais beaux moments.

 

Que vous apporte cette expérience au quotidien avec vos patients ?

C’est une question difficile. Une ouverture d’esprit, c’est certain. Je ne regarde plus les patients de la même façon sur le plan clinique. Il y a beaucoup plus de choses que je vois maintenant, que je ne voyais pas avant. Dans la relation avec les patients, cela permet peut être d’être plus proche. Sur ce point, j’émets une réserve. Je n’en suis pas certain.

 

Cette formation devrait-elle être obligatoire dans le cursus de médecine générale ?

Je suis convaincu que non. Pour partir avec MSF, il faut que la demande soit d’abord exprimée par la personne qui veut partir. Je pense que nous ne sommes pas tous fait pour faire la même chose. Je ne suis pas sur que cela puisse convenir à tout le monde. Il faut pouvoir s’adapter. L’adaptabilité est d’ailleurs le maître mot de cette expérience.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi-Bonin