Réquisitionné 26 fois depuis le début de l’année, le Dr Serge Ségu, médecin généraliste et homéopathe, attend avec impatience le verdict de la justice sur le bien fondé de ces réquisitions. Le tribunal administratif a demandé au préfet et à l’ARS un supplément d’instruction afin de pouvoir juger au mieux le dossier.

 

La lutte entre le Dr Segu et le préfet ne date pas d’hier. En mai 2012, ce médecin généraliste et homéopathe de Châteaudun (Eure-et-Loir) s’insurgeait déjà sur Egora contre cette obligation de permanence des soins. Cette fois ci, la chance semble tourner en sa faveur. Après une plainte déposée en 2012, le tribunal administratif vient de demander un supplément d’instruction du dossier. En clair, la justice réclame à la préfecture d’Eure-et-Loir, dans un délai d’un mois, de lui fournir le cahier des charges relatif à l’organisation de la permanence des soins dans le département, le rapport du conseil départemental de l’ordre des médecins au regard duquel le docteur Ségu a été réquisitionné, ainsi que la liste des médecins susceptibles d’exercer la permanence des soins sur le secteur de Châteaudun, et celle des médecins exemptés. La lettre du tribunal étant datée du 31 juillet, la préfecture avait jusqu’au 31 août pour faire parvenir les documents.

 

Réquisitionné toutes les trois semaines

Une bonne nouvelle selon le Dr Segu qui considère qu’il y a eu injustice. “Les spécialistes auraient du être aussi réquisitionnés. Lorsque j’ai porté plainte en 2012, le préfet estimait que j’étais le seul réquisitionnable, alors que ce n’était probablement pas le cas. C’est pour cela que la justice a ordonné un supplément d’instruction”. Si le généraliste a pu échapper à la permanence des soins entre 2002 et 2012 car il n’était pas volontaire, il enchaîne les réquisitions depuis plus d’un an au rythme d’une toutes les trois semaines minimum, plus quelques week-ends. “Sur le tableau de garde, ils font exprès de laisser des trous. Au final je suis appelé autant que les volontaires” enrage le Dr Segu qui soupçonne un “acharnement personnel” lié à son statut d’homéopathe. D’autant qu’à Châteaudun, il est le seul généraliste non volontaire. “Forcement, ça tombe toujours sur moi” constate-t-il. Réquisitionné le 9 août dernier, le praticien a même du repousser ses vacances.

 

“ Je me bats contre ces réquisitions par principe”

Une situation qui agace d’autant plus le praticien que le nombre d’appels est quasi nul. “Lors de ma dernière garde de week-end, je n’ai vu que six patients qui auraient pu facilement être absorbés par les urgences” note-t-il avant d’ajouter “et entre 20h et 22h, il y a encore moins de monde”. S’il ne prend pas partie contre la permanence de soins, le praticien estime qu’“il faudrait des équipes de jour et de nuit”. “Il n’est pas normal d’enchaîner une journée de travail avec un week-end ou une soirée. Si à l’hôpital, il y a des récupérations, ce n’est pas la cas en libéral” constate-t-il.

“ Je me bats contre ces réquisitions par principe” indique le Dr Ségu. “La démographie médicale est déjà en berne, ces réquisitions vont entraîner une baisse des installations” craint le généraliste qui espère que, comme pour son confrère le Dr Xavier Tarpin, ces réquisitions soient jugées illégales… “J’ai de bonnes chances” conclut-il.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi-Bonin