Créée en 1998 à l’initiative du Dr Xavier Emmanuelli, cette ONG est le prolongement dans le monde de l’action engagée par le Samusocial de Paris.

 

Selon l’ONU, l’urbanisation croissante amènera plus de 60% de la population mondiale à vivre en ville à l’horizon 2030. Des villes de plus en plus grandes qui génèrent de l’exclusion, et dans lesquelles de nombreux adultes et enfants tentent de survivre dans la rue. L’objectif du Samusocial International est de se porter à leur rencontre pour leur offrir une aide d’urgence et chercher, avec ses partenaires sur le terrain, des solutions de plus long terme. Actuellement, 14 Samusociaux locauxexistent en Afrique, Amérique du Sud et en Europe. Environ 15 000 personnes sont ainsi secourues chaque année : des adultes sans-abri en Europe, des personnes seules ou des communautés entières exclues en Amérique latine, des enfants et jeunes adultes des rues en Afrique.

Ces dispositifs locaux sont autonomes et liés au Samusocial International, basé en région parisienne, par une convention de partenariat qui garantit le respect de la Charte samusocial. Chacun s’engage à développer une méthode d’intervention d’urgence spécifique : “La méthode samusocial est celle de l’urgence sociale, explique le Dr Xavier Emmanuelli, qui avait précédemment fondé le Samusocial de Paris en 1993. Elle consiste à entrer en contact avec les grands exclus la nuit, via les maraudes des équipes mobiles, à évaluer les situations médicales et sociales, à abriter et soigner, puis à orienter les bénéficiaires. Le soin est la porte d’entrée d’un long travail médico-psycho-social, avec à la clé la sortie de la rue”.

 

Enfants des rues de Bamako

Créé en 2001, le Samusocial Mali vient ainsi en aide aux enfants des rues dans l’agglomération de Bamako. “Nous suivons une cohorte d’environ 800 enfants chaque année, dont 600 garçons et 200 jeunes filles”, explique le Dr Françoise Marquis, directrice expatriée de l’association malienne qui salarie 16 médecins, éducateurs et chauffeurs. La maraude de nuit, qui visite une quinzaine de sites de regroupement des enfants, a le soin comme première priorité. Tous usagers de drogues (alcool, essence, LSD…), les garçons souffrent de dermatoses, plaies surinfectées, paludisme, affections ORL ; mères et livrées à la prostitution, les adolescentes sont surexposées aux risques sanitaires et psychologiques. “Une fois l’évaluation faite, l’équipe les accompagne le jour pour les soins nécessaires en ambulatoire, les hospitalise si besoin dans des cabinets privés (petites cliniques) avec lesquels nous avons une convention de partenariat, ou en cas d’urgence grave à l’hôpital national”, précise le Dr Marquis.

La prise en charge psychologique et l’élaboration d’un “projet personnalisé de sortie de rue” arrivent dans un second temps. Puis la réinsertion, selon les cas via le renouement du lien familial, l’installation dans un centre d’hébergement géré par une ONG partenaire, l’apprentissage d’un métier artisanal… “Les quelques retours en famille réussis sont une grande joie… Les décès de certaines jeunes filles séropositives, pourtant sous traitement ARV, une très grande tristesse”, souffle la directrice.

Le travail de “plaidoyer” du Samusocial Mali auprès des structures partenaires a abouti à la mise en place en décembre 2011, avec la mairie du district de Bamako, d’un cadre de concertation spécifique de la lutte contre l’exclusion sociale des enfants et jeunes de la rue. Signe de l’intégration nationale de l’association, la directrice expatriée s’apprête à passer le relais, en septembre prochain, à un directeur malien (Alou Coulibaly).

 

Chasse aux financements

L’ONG ambitionne d’étendre son action à de nouveaux territoires : un dispositif est en cours de création en Colombie, et des missions exploratoires ont été réalisées en 2012 au Niger et en Bulgarie. Mais faute de financement pérenne, elle doit solliciter sans cesse ses contributeurs : Agence française de développement (AFD), appels d’offres européens, ambassades, fondations d’entreprises, dons de particuliers… “La grande exclusion liée à l’urbanisation est un enjeu mondial dont les décideurs n’ont pas encore pris conscience, et qui nécessite un changement de regard”, affirme le Dr Emmanuelli.

 

Le Samusocial International en chiffres

14 dispositifs en Afrique, Amérique du Sud et en Europe dont 7 à destination des enfants et des adolescents
Plus de 10 953 bénéficiaires*
3 198 maraudes effectuées*
9 centres d’hébergement d’urgence*
26 797 soins médicaux-psychologiques prodigués*
1 788 personnes hébergées*
23 982 entretiens sociaux-éducatifs menés*
1 671 388 euros de budget

*Chiffres au 31 décembre 2012, hors samusociaux Alger, Fort de France et Bruxelles

 

Voir aussi :

– Les enfants des rues : de la prise en charge individuelle à la mise en place de politiques sociales, ouvrage réalisé par l’Agence Française de Développement et le Samusocial International.
– Le blog de la Fédération nationale des Samusociaux.
– Le Samusocial de Paris.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Catherine Holué