La guerre semble bel et bien déclarée. Après que le Centre national des professions de santé et la CSMF ont exigé que le titre d’ostéopathe ne soit accordé qu’à un professionnel de santé, voici le président du Syndicat national des médecins rhumatologues, (SNMR, membre de l’UMESPE) qui tire la sonnette d’alarme contre l’invasion d’ostéopathes non professionnels de santé diplômés d’écoles privées française.

Si le rythme de formation des étudiants se poursuit à l’identique de ce qu’il est devenu depuis le décret de mars 2007 légalisant l’ostéopathie – ce qui a eu pour effet de voir des écoles privées sortir de terre comme des champignons – ils seront 60 000 d’ici 2020 contre 3 500 en Angleterre ! Le président du SNMR demande à Marisol Touraine d’arrêter le massacre, devant les risques de dérive commerciale ou les risques sanitaires que cette situation induit. Les ostéopathes subissant jusqu’à cinq ans de formations, ils peuvent être tentés d’explorer des champs médicaux interdits…

Tandis qu’une réflexion est en cours au Ministère de la Santé, sur le contenu des études d’ostéopathie, le SNOF, syndicat national des ostéopathes de France essaie de reprendre l’avantage en faisant circuler une pétition auprès des patients. Où le “syndicat historique de la spécialité“ s’élève contre la “dérive” actuelle ou des professionnels ne pratiquent pas l’ostéopathie à plein temps, mais de manière “accessoire” ou à “temps partiel” et demandent à Marisol Touraine d’agir pour “clarifier la situation” et que cesse une situation où l’on voit des “praticiens mixtes : podologues, infirmiers, médecins, kinésithérapeutes qui rajoutent à leur titre celui d’ostéopathe. Consulterions-nous, à priori, une sage femme pour un lumbago aigüe ? Voilà les dérives actuelles”… Insistant sur le fait que “la médecine ostéopathique est une médecine manuelle qui exige un haut-niveau de pratique régulière” le SNOF souligne que ce qui lui semble primordial pour pratiquer la discipline, c’est “l’expérience (…) L’efficacité de la médecine ostéopathique ne peut s’exonérer de la qualité du praticien, de son diplôme sanctionnant des études longues, bien sûr, mais de son savoir-faire, certainement. Peut-on revendiquer un haut niveau de pratique, une expérience, quand on est ostéopathe de temps en temps, à temps partiel ? Ou alors pour quelle sorte d’ostéopathie ?”

A la lecture de ce texte, le sang des Drs Marc Baillargeat et Bruno Burel, président et vice-président d’Ostéos de France n’a fait qu’un tour. Et à leur tour d’écrire au Ministère de la Santé pour s’indigner du procédé du SNOF et des termes employés dans la pétition, qui “laissent entendre que la pratique de l’ostéopathie par des non professionnels de santé exclusifs est, non seulement, une pratique médicale mais aussi, selon eux, la seule. Et laisse entendre que leurs formations seraient du niveau de celui des chirurgiens ou des dentistes”.

Ostéos de France interroge la Ministre pour savoir si elle cautionne cette “volonté de faire disparaître les vrais médecins ostéopathes” alors qu’une réforme est en cours au Ministère pour améliorer le cadre légal de la formation et de la pratique de l’ostéopathie. Les Drs Baillargeat et Burel demandent enfin à Marisol Touraine d’“user de son autorité” pour rappeler chacun à ses obligations et stopper la confusion entretenue autour d’un faux exercice de la médecine.” On attend la réponse de la Ministre.