Les remplaçants super-stars ! Beaucoup moins nombreux que l’offre l’exigerait, ils ont, comme on dit, le marché pour eux. Au grand dam des médecins qu’ils remplacent qui se plaignent parfois de leurs exigences léonines, notamment en matière de rétrocession d’honoraires. Le dernier Atlas démographique de l’Ordre trace leur portrait robot.

 

 

La lecture de la dernière édition de l’Atlas de la démographie médicale, édité par le conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) tombe for à propos a l’heure où les praticiens libéraux organisent – ou tentent d’organiser – leurs congés. En effet, en 2010 et 2011, l’existence d’un bataillon d’un peu moins de 10 000 remplaçants, bien dans leur statut, ne souhaitant pas sauter le pas de l’installation en libéral, avait fait la Une des gazettes, présentés comme symptômes incarnés du malaise de la médecine libérale. Ils sont aujourd’hui 10 138 inscrits au tableau de l’Ordre au 1er janvier 2013 (sur 199 419 médecins inscrits) ce qui représente un accroissement de 5,2 % sur les sept dernières années.

 

Remplaçant plus âgé que le remplacé

Mais cet accroissement est particulièrement disparate. Et l’on comprend mieux les difficultés que certains confrères ont pu rencontrer pour se faire remplacer lorsqu’on lit qu’en sept ans, les effectifs des remplaçants ont diminué de 24,4% en Corse, de 13,1 % en Alsace, de 8 % en Picardie et de 7,1 % en Haute Normandie et Poitou-Charentes. Les praticiens sont souvent obligés de se remplacer entre eux, en groupe, faute de combattants. A l’inverse, Midi Pyrénées et Bretagne bénéficient d’un bataillon où les effectifs ont crû de 25 % de ses effectifs en sept ans, suivies de près par la Basse-Normandie (23,9 %).

Ces médecins remplaçants ont en moyenne 48,8 ans (il n’est pas rare que le remplaçant soit plus âgé que le remplacé…), et se répartissent à parts égales, pour la première fois, entre les hommes et les femmes. Un tiers est âgé de moins de 40 ans, 18,5 % sont des retraités actifs, âgés de 65 ans et plus.

C’est la médecine générale qui absorbe le plus de remplaçants : 68,6 %. Les praticiens ont en moyenne 43 ans et 59 % d’entre eux sont des femmes. En MG, on ne recense que 5,1 % de remplaçants ayant obtenu leurs diplômes hors de France, dont 19,5 % en Algérie, 13,8 % en Allemagne et 13,4 % en Belgique.

 

Pédiatrie : 29% de diplômes étrangers

Le deuxième gros bataillon (19,8 %) est représenté par le radiodiagnostic et l’imagerie médicale où les remplaçants ont en moyenne 50,2 ans. 23 % de ces spécialistes n’ont pas obtenu leurs diplômes en France, mais en Belgique (22,3 %), Algérie (20,7 %) et Maroc (1,4 %).

Les anesthésistes-réanimateurs suivent (10,3 %), âgés en moyenne de 51,1 an. Un tiers d’entre eux n’a pas eu son diplôme en France, mais en Belgique (25,9 %), Allemagne (24,1 %) et Algérie (9,3 %).

Enfin, les pédiatres ferment le ban, un peu plus jeunes en moyenne (46,6 ans), et majoritairement (76,3 %) féminines. 29 % d’entre eux n’ont pas eu leur diplôme en France, mais en Syrie (19,2 %), Algérie (19,2 %) ou Allemagne (13,5 %).

L’Ordre s’est intéressé au devenir les 1002 médecins inscrits au tableau comme remplaçants au 1er janvier 2008. Cinq ans plus tard, ils ne sont plus que 26 % à poursuivre cette activité. Ceux qui ont planté leurs plaques ont en moyenne 37 ans et 56 % sont des femmes, 72 % des anciens remplaçants exercent sur un mode libéral/mixte.

Très bonne nouvelle, signale l’Ordre, 16,5 % des médecins de janvier 2008, sont actuellement installés dans des communes de moins de 2 000 habitants.

 

2% d’installation dans un groupe pluriprofessionnel

Quelle organisation professionnelle ont-ils choisi ? Près d’un tiers (29 %) exercent en solo, et 50 %, en cabinet de groupe monodisciplinaire. 18 % sont en contrat avec un médecin.

Mais contrairement aux idées reçues, ils ne sont que 2 % à s’être installés dans un groupe pluridisciplinaire et 1 % seulement, dans un groupe pluriprofessionnel. Un constat qui a amené le Pdt du CNOM, Michel Legmann, à estimer que “le groupe monodisciplinaire est le mode d’exercice préféré des médecins, car il correspond à la pratique au quotidien. Les structures pluriprofessionnelles ou pluridisciplinaires sont une construction politique, qui ne correspondent pas aux besoins des médecins et qu’ils ne choisissent pas. Il y a d’autres solutions pour pallier la désertification médicale”.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Catherine Le Borgne