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Maire et médecin, pourquoi je ne marierai pas de gays

Opposant de la première heure, au mariage pour tous, “qui ne répond pas à l’ordre naturel des choses”, le Dr Christophe Levesque, exerce la médecine générale depuis 21 ans dans un village de l’Eure. Il est aussi le maire de Saint-Christophe-sur-Avre (150 habitants). La loi étant passée et conformément à sa promesse, va-t-il démissionner ?

 

Egora.fr : Vous n’avez jamais caché, depuis le début, votre opposition au mariage pour tous, au point d’annoncer que vous rendriez votre écharpe de maire si la loi était promulguée. Le mariage pour tous a désormais force de loi. Qu’allez-vous faire ?

Dr. Christophe Levesque : J’ai effectivement exprimé publiquement mon opposition extrême au mariage pour tous non pas en tant que médecin, mais en tant que maire car ce projet, qui entraîne une modification profonde de notre modèle de civilisation, nous engageait nous, élus locaux, en tant qu’officiers d’état civils. J’ai adhéré au Collectif des maires pour l’enfance et j’ai participé aux trois dernières manifestations de la Manif pour tous et nous étions des milliers grâce au charisme de quelques-uns, à descendre dans la rue. J’ai trouvé formidable que les gens, enfin, se mettent en route pour dire que cet enjeu de civilisation rencontrerait notre opposition ferme. Dès le départ et à plusieurs reprises, j’ai fait savoir que je ne voyais pas comment je pourrais rester maire de mon petit village si la loi passait et à plusieurs reprises, j’ai évoqué le choix qui me conduirait probablement à démissionner de mon poste le cas échéant. Mais cela n’est pas si simple car il faut que le préfet l’accepte. Ma lettre est faite, mais cela pose de gros problèmes d’organisation dans notre commune. Je suis plutôt encouragé par mes adjoints et d’autres élus opposants, à rester aux commandes. Mais sur le plan personnel et moral, j’avoue que je ne m’y retrouve pas du tout. J’ai une très haute opinion de l’être humain, je suis un fervent défenseur de la famille car c’est la base de notre société alors que ce n’est pas facile de vivre en couple.

En tant que maire parfois et souvent en tant que médecin, je suis souvent amené à défendre et conseiller des gens dans la difficulté. Et je constate que ce genre de loi permet de faire n’importe quoi, ce qui est contraire à la nature même de l’être humain. La différence sexuée est profondément inscrite dans la nature et elle est la base de la nature humaine, on n’y peut rien. Je me réfère à la nature humaine et à l’ordre naturel des choses. La théorie du “gender”, la possibilité pour deux hommes ou deux femmes de se marier et d’être placés exactement dans la même condition qu’un couple hétérosexuel ne répond pas à l’ordre naturel des choses.

 

L’homosexualité est un fait avéré depuis l’origine des temps…

Oui, mais depuis l’origine des temps on n’a pas jugé bon de mettre deux hommes ou deux femmes sur le même plan qu’un couple hétérosexuel. L’homosexualité existe pour des raisons complexes pas complètement élucidées : raisons comportementales, physiologique, morales et peut être médicales. On est heureusement sorti du carcan psychiatrique, mais j’ai des patients homosexuels dans ma clientèle qui m’ont fait part de leur choix, douloureux, qui reflète souvent une souffrance, des difficultés passées, ils le reconnaissent eux même d’ailleurs.

 

La souffrance, elle peut aussi provenir des comportements homophobes qui d’ailleurs, se sont particulièrement réveillés ces derniers mois.

Absolument pas ! La souffrance, elle est antérieure au débat sur le mariage homosexuel, elle est intérieure et profonde au point de conduire les gens à choisir ce mode de vie. En revanche, le débat autour de la loi, qui a été si mal organisé, et le fait d’avoir défendu cette décision dans un pays où une majorité de gens n’en voulait pas, a sûrement renforcé les comportements homophobes ou le sentiment d’homophobie. Je le vois et je le ressens tous les jours dans mon cabinet, de la part des hétérosexuels. L’Etat qui devrait défendre une vision de l’organisation de la société, se fourvoie dans la défense de corporatismes au point de faire grandir le sentiment d’homophobie, ce qui est le contraire du but recherché. C’est raté. Un grand nombre de maires ont dit qu’ils ne célébreraient pas un mariage homosexuel et se reposeraient sur des membres de leur conseil, s’ils en trouvent. Mais dans certains villages, l’intégralité des élus actuels ont dit qu’ils ne célèbreraient pas ces unions. Le maire ne sera pas remplacé et cela posera des problèmes. D’autres se mobilisent à grand renforts de juristes pour essayer d’obtenir la clause d’objection de conscience.

 

Jean François Copé, secrétaire général de l’UMP, s’est engagé à revoir la loi. L’appuyez-vous ?

Bien sûr. Mais les gens qui ont participé à la Manif pour tous ne veulent même pas du contrat d’union civile. Les personnes qui l’ont évoqué à la tribune se sont fait siffler ! Cela prouve le malaise qui pèse sur cette loi et cette décision. Je comprends bien qu’il faille protéger les enfants de ces couples, mais pas par le mariage. Evidemment, mes convictions religieuses fortifient mes prises de position, et ce que je pense en tant que maire et en tant que médecin confortent aussi mes convictions religieuses. C’est dans l’hétérosexualité que j’observe l’épanouissement maximum de l’être humain. Et on n’a encore rien trouvé de mieux qu’un père et une mère, tous les enfants adoptés le disent. Or, depuis le début, il y a eu comme un rouleau compresseur qui est passé sans tenir compte de l’avis des gens. C’était chose écrite, une promesse de campagne. Personne ne nous a écoutés.

 

On peut imaginer que vous allez rester mobilisé dans l’attente de la prochaine loi sur la famille…

Oui, bien entendu. Mais on pouvait vraiment penser qu’il y avait des choses bien plus urgentes à faire pour notre pays, qu’une loi sur la famille. Les gens qui ne se sont pas mobilisés n’ont plus que leurs yeux pour pleurer.

 

François Hollande s’appuie sur le suffrage universel.

Je veux bien qu’on dise cela, mais il ne faut pas nous dire à chaque élection, que l’on va faire de la démocratie participative, un référendum. La réalité c’est qu’on a envoyé à la corbeille une pétition signée par 700 000 personnes, c’est une forme dictatoriale, rien d’autre. Cela va revenir comme un boomerang sur la tête de leurs auteurs, car les Français ont bonne mémoire. Ils se souviendront aussi des élus de l’opposition qui se sont abstenus lors du vote. Ces manifestations étaient remplies de jeunes, ils étaient furieux d’ailleurs. Mais je pense qu’au-delà de tout cela, François Hollande est une marionnette, et qu’il y a des puissances de lobbying très fortes à commencer bien sûr par les milieux de la mode, les milieux homosexuels qui ont verrouillé un certain nombre de personnalités, et qui évoluent très loin de ce que nous vivons dans nos villages. Mais ils ont le pouvoir. Tout est planifié d’avance. Il y a un autre phénomène qui touche autant la gauche que la droite, et qui traverse en particulier les milieux journalistiques, c’est la franc maçonnerie, dont le plus beau représentant au gouvernement est Vincent Peillon, le ministre de l’Education nationale. Il faut lire ses écrits sur la famille, les enfants, l’éducation… Vous comprendrez que nous ne puissions être d’accord.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Catherine Le Borgne