Selon l’Assurance maladie, 500 millions d’euros pourraient être économisés chaque année si les médecins modifiaient la structure de leurs prescriptions de statines au profit des molécules les moins couteuses, et en baissant leur coût.

 

Actuellement, 6,4 millions de patients sont traités par statine avec plus d’un million de nouveaux patients chaque année. Le coût de ces prescriptions est majeur : 1,2 million d’euros en 2012. Et cela, bien que des progrès importants ont été réalisés ces dernières années grâce à un meilleur ciblage des prescriptions, en même temps qu’un infléchissement des volumes prescrits, une baisse des prix, ainsi que la générication des produits. L’Assurance maladie s’est donc penchée sur la question dans un but d’optimisation des traitements, ainsi que des coûts induits.

Pour cela elle a, tout d’abord, mis en place une vaste étude (165 000 patients suivis sur 3 ans en moyenne), à partir de ses données et du Pmsi, qui a montré l’absence de différence significative, en termes de mobimortalité en prévention primaire, entre la rosuvastatine 5 mg (molécule non génériquée) et la simvastatine 20 mg (molécule génériquée). “Les résultats de cette étude réalisée en “vie réelle” sur un effectif très important de patients ne sont ainsi pas en faveur d’une prescription préférentielle de rosuvastatine 5 mg par rapport à la simvastatine 20 mg, génériquée et dont le coût est nettement moins élevé” a conclu l’Assurance maladie à l’occasion de la présentation de ces résultats lors d’une conférence de presse le 29 mai.

L’étude montre aussi que la rosuvastatine (prescrite à 2 patients sur 3), pourtant recommandée pour des patients ayant un risque cardio-vasculaire élevé, est prescrite à des malades ayant globalement un risque inférieur à ceux sous simvastatine.

 

Une structure de consommation inversée dans les autres pays européens

A noter que ces résultats sont cependant en contradiction avec ceux d’une précédente étude (28th International Conference on Pharmacoepidemiology & Therapeutic Risk Management, August 23-26, 2012 – Pharmacoepidemiology and drug safety2012) qui concluait que la rosuvastatine “diminue le risque d’infarctus du myocarde de 37% par rapport à la simvastatine et a un fort effet protecteur contre la survenue d’un 1er infarctus.”

L’Assurance maladie a ensuite observé que dans cette étude, comme de façon générale, la structure de consommation est caractérisée en France par une sur-réprésentation de la rosuvastatine, seule molécule non encore génériquée, ce qui est en décalage par rapport à ce qui est constatée dans les autres pays européens. Ainsi, en 2012, “cette molécule, recommandée pour les patients dont le risque cardiovasculaire est élevé, totalisait néanmoins 30,1% des volumes prescrits (en unités standards).Sur plus d’1 million de traitements de statines initiés en 2011, plus d’1 sur 3 (près de 356 000) était une prescription de rosuvastatine” souligne l’Assurance maladie.

Par opposition, au Royaume-Uni et en Allemagne, c’est la simvastatine qui est la plus utilisée avec respectivement 68,5% et 82,5% des volumes prescrits ; alors que la rosuvastatine ne représente que 3,9 et 0,5% des volumes dans ces deux pays.

 

Des coûts de traitement très variables

Le coût d’un traitement par rosuvastatine est plus élevé que pour les génériques de la simvastatine : 17,5 euros par mois contre 10,7 euros.

L’Assurance maladie considère donc, aux vues de ces données, que la structure de consommation est « très défavorable “les coûts de traitement par statines [étant] deux fois plus élevés en France que dans les 7 autres pays européens observés”. Elle conclue que “en conjuguant ces deux facteurs qui se potentialisent, la structure de consommation et les prix observés en Allemagne, les dépenses de statines seraient réduites de 500 millions d’euros chaque année en France”.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Dr Marielle Ammouche