Dans une lettre ouverte à la ministre de la Santé, le président du Collège national des généralistes enseignants (CNGE), le Pr. Vincent Renard, affirme que les retards pris dans la mise en place administrative et pour le financement du DPC menace toute l’organisation de la maîtrise de stage. A défaut du remboursement des sommes avancées par le Collège ou dues par l’Organisme gestionnaire du DPC (OGDPC), “nous serons contraints d’annoncer publiquement que nous arrêtons toute formation à la maîtrise de stage”, prophétise le Pr Renard qui voit une “catastrophe” se profiler.

 

“Madame la Ministre,

Je souhaite attirer votre attention de manière urgente sur le DPC et la maîtrise de stage.

Le Collège national des généralistes enseignants vous a alerté il y a plus de deux mois sur les difficultés du DPC par rapport à la formation des maîtres de stage que vous souhaitiez pourtant prioriser. La complexité des procédures mises en place de manière incomplète et avec retard par l’OGDPC (Organisme gestionnaire du DPC. Ndlr) ne permettent pas le même déploiement que l’année dernière à la même époque.

Au 30 avril 2013, nous avons formé à la pédagogie 320 participants pour 620 jours de formation, alors qu’en 2012 à la même époque, nous avions formé 521 participants pour 1 002 jours de formation. Malgré l’investissement de toutes nos équipes, le militantisme de tous les collèges régionaux de généralistes enseignants, cette chute de près de 40% des formations pour les maîtres de stage reflète les obstacles administratifs et l’absence de toute politique incitative du dispositif actuel de DPC.

 

Nous ne sommes pas censés être les trésoriers de secours d’un ’OGDPC défaillant

De surcroît, le CNGE ne reçoit les versements de l’OGDPC qu’avec un retard considérable de plusieurs mois ; actuellement plusieurs programmes de l’année 2012 ne sont toujours pas réglés. Malgré toute notre bonne volonté, nous ne sommes pas censés être les trésoriers de secours d’un OGDPC défaillant ; actuellement, nous avons engagé sur la campagne 2013, sur nos fonds propres, plus de 500 000€ et nous ne pouvons évidemment plus aller au-delà. L’OGDPC n’a pas manifesté de velléité de payer les sommes dues tant que les médecins participants ne se sont pas inscrits jusqu’au dernier sur un outil complexe sur lequel nous n’avons aucune maîtrise.

Je vous rappelle que nous avions lancé la campagne DPC en début d’année pour la maîtrise de stage après les assurances données au ministère, par votre cabinet et en présence de Mme la directrice de l’OGDPC, sur la prise en compte de ces formations et la fluidité des circuits de remboursement. Si ces paiements des formations 2012 ne sont pas effectués et si les paiements 2013 ne sont pas débutés, nous serons contraints d’annoncer publiquement que nous arrêtons toute formation à la maîtrise de stage.

Dans ces conditions, les objectifs que vous aviez fixés lors de votre venue au congrès du CNGE, notamment relatifs à la généralisation du stage en 2ème cycle, ne peuvent pas être atteints. Pour permettre de s’en approcher et d’éviter la catastrophe qui se profile, des mesures que nous avons déjà réclamées sont indispensables :

1/ Une indemnisation hors quota DPC des formations du CNGE à la pédagogie. Nous n’avons eu aucune réponse à cette demande formulée il y a plusieurs semaines, alors qu’il permettrait aux généralistes de ne pas épuiser leur crédit formation fortement réduit depuis l’instauration du DPC dans la formation à la maîtrise de stage.

2/ Le paiement des sommes dues par l’OGDPC sans délai. Nous ne pouvons pas continuer dans les conditions actuelles.

3/ Une garantie d’être remboursé par l’OGDPC en temps et en heure indépendamment de l’inscription des médecins sur le site de l’OGDPC, ce qui serait le moyen dans le dispositif. Mais au-delà, de mettre un terme à la dérive d’une vision et d’un discours purement financiers du DPC : le DPC de chaque médecin ne se résume qu’à un budget et un quota en forte baisse, les organismes doivent se débrouiller sans outil opérationnel pour connaître le solde du financement attaché individuellement au médecin.

Cette désertion pour les formations des maîtres de stage ne vont que se renforcer au 2ème semestre avec l’épuisement des crédits de formation des médecins les plus motivés pour se former.

Nous mettons en garde sur les conséquences lourdes à venir de cette situation. Nous déclinons par avance toute responsabilité si les externes voire les internes ne peuvent réaliser demain leurs stages en médecine générale. A l’heure où des propositions les plus contre productives concernant la démographie médicale sont régulièrement agitées, il est paradoxal de constater que les mesures structurelles les plus solides et les plus simples ne sont pas prises.

Dans l’attente de votre réponse, je vous prie d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de mes sentiments les plus dévoués.”

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : C.L.B.