A 28 ans, Pierre Leroy a un parcours atypique. Son diplôme de sage-femme en poche, il a choisi de reprendre des études de médecine. S’il n’a pas encore décidé de sa spécialité, il est en revanche sûr de son lieu d’exercice : ce sera l’hôpital universitaire. Pour l’instant, il est en quatrième année.

 

“J’ai été élevé dans une caserne de pompiers, ma nourrice vivait là”, raconte Pierre Leroy pour expliquer les origines de son goût pour le soin aux autres. “J’ai baigné dans le monde du social et de l’urgence.” Le bac en poche, il s’essaye à la médecine, “un peu par hasard”. Rien ne le prédisposait vraiment à cette voie-là, Pierre Leroy vient plutôt d’un milieu modeste. “Mon grand-père était maçon, ma grand-mère femme de ménage. Ma mère est employée, je n’ai pas connu mon père”, c’est ainsi que le jeune homme dresse le tableau familial. “Mais depuis tout gamin, j’étais attiré par les sciences, l’astronomie, la biologie…”

Au terme de sa première année de médecine, il passe le concours et décroche une place en maïeutique. Mettant de côté les a prioris, il décide de se lancer dans cette voie. “Je n’avais que ma mère pour m’aider. Elle n’était pas très enthousiaste à l’idée que je me lance dans des études longues et chères”, confie-t-il. Sage-femme sera donc un bon compromis.

 

“Je me suis demandé si je voulais faire ça toute ma vie”

Mais la formation, qu’il débute en 2006 à l’école de sage-femme de Caen n’a pas toujours été une partie de plaisir pour le jeune homme, notamment au cours des périodes de stages. “On vous met la pression. Vous êtes sous les ordres de l’encadrant, qui a sa manière de faire… mais l’obstétrique n’est pas une science exacte. Du coup vous avez vraiment l’impression d’être mauvais”, se souvient Pierre Leroy.

D’autant que s’affirmer quand on est un homme dans ce milieu féminisé à 99% n’est pas chose aisée. Les filles nouent plus facilement des discussions, des affinités, des relations de confiance entre-elles. “Même si avec les patientes, je n’ai jamais eu de problèmes.” Une seule fois, un homme n’a pas voulu qu’il accouche sa femme en prétextant des raisons religieuses.

Pas vraiment à l’aise, Pierre Leroy commence à se poser des questions sur sa vocation. “Je me suis demandé si ce métier était bien celui que je voulais faire toute ma vie…”, confie-t-il. “Quand on est sage femme, on aide des femmes à accoucher et voilà. C’est très noble de mettre des enfants au monde, mais les femmes enceintes ne sont pas malades. On ne traite aucune pathologie.” Malgré ses doutes, il choisit d’aller au bout et obtient son diplôme en 2009.

Juste avant, il trouve un stage dans un laboratoire de fécondation in vitro. Le travail de recherche lui plaît, l’équipe aussi. Il décide alors d’enchaîner avec un Master de recherche en biologie. “J’étais bien parti pour faire une thèse”, précise-t-il. Mais, en faisant un nouveau point sur ses projets il prend conscience de ce qu’il veut vraiment faire : médecine. “A force de travailler avec des médecins au laboratoire, j’ai ressenti le besoin d’approfondir les choses”, explique-t-il en ajoutant que l’hôpital lui manquait.

Son diplôme et son expérience lui permettent de reprendre des études de médecine. “Le passage par la case sage-femme a été un catalyseur, analyse-t-il.Je ne pense pas que j’en serais là aujourd’hui si je n’avais pas fait ça.” De sa formation, il a tiré de nombreux enseignements qui lui servent dans ses nouvelles études. “Le métier de sage-femme m’a beaucoup formé dans l’approche humaine”, confie le jeune homme. Etre à l’aise avec les gens, savoir comment leur parler, les écouter… Plus concrètement, Pierre Leroy est à son aise à l’hôpital, à la différence de certains de ses camarades. “C’est un milieu très spécial l’hôpital, vous êtes plus à l’aise quand vous rentrez dans un service en connaissant le milieu”, explique-t-il.

 

Travailler dans un hôpital universitaire

Actuellement en quatrième année, il est encore indécis sur sa spécialisation, mais ça ne sera pas gynéco. Il se donne encore le temps de la réflexion : “J’essaie de découvrir le plus de spécialités, tout dépend des rencontres que je ferai.” En revanche, il est déterminé quant au cadre dans lequel il exercera.”Dans 20 ou 30 ans, je me vois à l’hôpital universitaire. Le métier de médecin tel que je le conçois est à la croisée de l’enseignement, de la recherche et de la médecine”, ajoute-t-il.

A raison d’une douzaine d’heures par an, Pierre Leroy donne déjà des cours dans une école d’aide-soignante. “Il y a toujours une sorte de fierté quand on a fait un bon cours. J’aime me dire que j’ai apporté quelque chose aux gens.”

Dans cet emploi du temps chargé, le jeune homme trouve aussi le temps de glisser des gardes et quelques remplacements. “Travailler est une nécessité quand on décide de reprendre des études si longues, à 25 ans ça devient difficile de demander à sa mère, souligne Pierre Leroy. Mais ça ne me fait ni chaud ni froid : au final, j’aurai un métier qui me plaît.”

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : F. Na