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ROSP : entre 5 et 6 000 euros par médecin de famille

Après les invectives, les calculettes… Ainsi va la vie et l’UNOF se réjouit de prendre sa part, dans la concrétisation du premier versement prochain de la rémunération sur objectif de santé publique (ROSP), nouveau nom du P4P (paiement à la performance). Selon le premier bilan annuel du dispositif conventionnel, les médecins éligibles*, soit 75 444 médecins, percevront chacun 3 746 euros de rémunération moyenne. Les omnipraticiens (médecins généralistes plus MEP), 4 752 euros en moyenne et les 46 000 médecins généralistes hors MEP, 5 365 euros en moyenne. 80 % des médecins omnipraticiens étaient éligibles au ROSP, c’est dire qu’au total les objectifs assignés ont été réalisés à 50 %.

Les résultats en termes de santé publique sont-là, et pour les médecins généralistes, la rémunération afférente est aussi au rendez-vous, annonce la CNAM. “Nous sommes plutôt satisfaits de la manière dont le dispositif évolue. Les médecins atteignent leurs objectifs à 50 %. Il y a même 10 % d’entre eux qui sont au delà de 65 %, ce qui se traduit par une rémunération moyenne complémentaire de 9 000 euros par an”, développe le Pr. Hubert Allemand, le médecin conseil national de la CNAM. Les objectifs fixés ont été “bien calibrés”, ajoute-t-il.

Pour réussir cette réforme, la CNAM avait mis 280 millions d’euros au total sur la table, ce qui correspond à une augmentation de 3 % des honoraires. “Le point important, c’est que cette rémunération est ciblée sur les médecins qui se sont engagés à améliorer leur pratique et à devenir plus efficients dans leurs prescriptions, poursuit le Pr. Allemand. Elle est ciblée sur les praticiens qui font des efforts ou qui avaient déjà une pratique de qualité. De plus, ce dispositif améliore la santé de la patientèle, il est donc vertueux”. Elle ne peut être comparée à une augmentation générale de 1 euro sur le C par exemple. “Avec le ROSP, c’est l’ensemble des médecins qui évolue, ajoute le médecin conseil national, c’est toute la courbe de distribution des pratiques qui s’améliore. Ces premiers résultats démontrent une véritable dynamique”.

La caisse nationale est également très satisfaite des transformations en profondeur que la mise en place de cette rémunération sur objectifs a induite sur l’organisation du cabinet. Ainsi, 73 % des praticiens ont déclaré avoir un logiciel métier, ce qui leur permet de remplir un dossier médical informatisé. Les deux-tiers d’entre eux utilisent des logiciels d’aide à la prescription, “ce qui a un impact très important sur l’ensemble de la qualité des soins. Il y a maintenant 26 logiciels d’aide à la prescription certifiés par la Haute autorité de santé” confirme le Pr. Allemand. 67 % des déclarations d’arrêts de travail et de déclarations de médecin traitant sont effectuées en ligne, soit un triplement en un an. “Nous étions en retard par rapport à d’autres pays et on vient de franchir un cap. Le socle informatique du médecin généraliste est amélioré, il est mieux équipé”, se félicite-t-il, en soulignant également que 87 % des médecins ont déclaré leurs horaires d’ouverture.

La CNAM estime que la rémunération sur objectif de santé publique est en train de répondre positivement aux objectifs qui lui avaient été alloués : améliorer la qualité des soins en réduisant l’écart de la pratique avec les recommandations, réduire les disparités régionales et enfin, “améliorer la rémunération des médecins en privilégiant ceux qui font le plus d’efforts”.

Bonnes notes et peut mieux faire.

Pour le suivi des pathologies chroniques, les résultats sont bons, informe la CNAM. Le bénéfice est notable pour le suivi des diabétiques. Le dosage de l’hémoglobine glyquée passe de 40 % en 2009 à 49% fin 2012, la couverture des facteurs de risque cardio-vasculaires par les statines saute de 53 % en 2009 à 60 % fin 2012.

Les résultats sont plus mitigés en matière de prévention. L’amélioration est notable sur la part des patients de plus de + de 65 ans traités par benzodiazépines à demi-vie longue, et sous vasodilatateurs. La tendance est bonne pour la prescription d’antibiotiques pour les patients de 16 à 64 ans sans ALD. En revanche, les résultats ne décollent pas pour le dépistage du cancer du sein ou du col de l’utérus.

La CNAM est également satisfaite du poste optimisation des prescriptions/efficience, même si “un chemin important reste à parcourir” pour les statines par exemple – le taux d’atteinte du répertoire étant actuellement de 54 % pour un objectif de 70 %, – mais aussi pour la prescription d’antibiotiques et d’antidépresseurs.

*médecins télétransmettant 80 % de feuilles de soins électroniques (FSE), clientèle de plus de 200 patients.