Le Dr Jean-François Moreau a plus d’un tour dans son sac. Professeur émérite de l’Université Paris-Descartes, radiologiste honoraire de l’hôpital Necker et fervent défenseur de l’Hôtel Dieu, il vient de décider de se lancer dans la course aux primaires de l’UMP pour les élections municipales à Paris de 2014. Il nous confie ses motivations et surtout ses ambitions…

 

 

Egora.fr : Qu’est ce qui vous a poussé à vous présenter aux primaires des municipales parisiennes ?

Pr Jean-François Moreau : Je suis un homme qui ne s’engage pas pour jouer aux billes. Je suis né pour exercer des responsabilités. Telle est ma personnalité. D’autre part, je souhaite être efficace. J’ai été très sensibilisé par les propos de Stéphane Hessel dans Indignez-vous, mais aussi par ceux d’Edgar Morin qui a signé un article dans Le Monde en début d’année, dans lequel il abordait la vie politique nationale et internationale en parlant de “vide politique”. Je me suis dit, si c’est le “vide”, il faut que je m’engage. Bayrou m’ayant déçu, j’ai donc décidé de m’inscrire à l’UMP dans la cellule du 14ème arrondissement de Paris, puisque c’est là que j’habite. Je me suis engagé le 1er mars en leur faisant savoir que de toutes façons, je serai candidat dans le 4ème arrondissement. Pourquoi ? Parce que c’est là où se trouve l’Hôtel Dieu. J’ai une vision de cet hôpital qui n’est pas du tout la même que celle des politiques actuels.

 

Pourquoi les municipales parisienne et non d’autres élections ?

Lorsque j’étais jeune, j’avais plusieurs vocations. Je les ai toutes accomplies sauf une. La première était médicale. J’ai terminé ma carrière en tant que professeur de radiologie et chef de service. La deuxième était d’être professeur d’histoire et de géographie. Je suis devenu historien et ma connaissance de la géographie m’a permis d’avoir une carrière extrêmement puissante et efficace. J’ai pu devenir journaliste, écrivain, vidéaste ou encore photographe. J’ai beaucoup publié et j’ai même été rédacteur en chef du journal de radiologie. J’ai suis heureux d’avoir assouvi cette carrière. J’ai aussi pu militer pour la sauvegarde de l’Hôtel Dieu, à Paris. Je travaille d’ailleurs pour son 850ème anniversaire afin d’y implanter le musée de l’Assistance publique.

Depuis l’enfance je suis passionné par la politique. A l’âge de 15 ans, j’ai été littéralement emballé par Pierre Mendes France. C’était en 1953, en pleine période d’Indochine. Ma vocation première était de rejoindre son bureau après avoir terminé mes études de médecine. J’ai vécu comme un drame la défaite de Mendes France face à Guy Mollet aux élections de 1956. Si Giscard avait été réélu, je serai certainement entré dans la mouvance de Michel Joubert. Lorsque Mitterrand a battu Giscard, j’allais m’investir en politique, au côté de Michel Jobert.

 

L’objectif de ces primaires est donc de vous faire élire à la mairie du 4ème arrondissement pour œuvrer en faveur de l’Hôtel Dieu ?

Je souhaite apporter à la population électrice des balises qui lui permettent de se situer personnellement à chaque fois qu’il y a un problème lorsqu’elle est paumée. C’est pour cela que j’ai créé le concept des hexargonautes. Hexa, signifie, six comme six valeurs : liberté, travail, égalité, famille, fraternité, patrie. Elles sont fondamentales dans chaque action. Je suis né en 1938, sous la IIIe République lors de l’Anschlüss , en territoire occupé et je suis entré à l’école en 1943. J’ai été emballé par “travail, famille, patrie”. Après ça a été “liberté, égalité, fraternité”.

Je ne cherche aucun poste électoral véritablement mandaté. J’ai 75 ans. Les mandats sont de sept ans. Je voudrais voir ma candidature validée pour accéder au premier tour et pouvoir discuter avec Nathalie Kosciusko-Morizet, Rachida Dati et d’autres pour qu’ils voient ce que mes arguments apportent au débat politique.

 

Et justement, quels sont vos arguments, vos objectifs ?

Je veux être un homme qui participe à l’évolution de deux concepts, celui de la santé et celui de la culture en les mêlant tous les deux. Je crois que c’est cela que les Parisiens veulent. J’ai une connaissance des hôpitaux considérable et d’autre part, je n’ai eu que des succès professionnels. Les radiologues ont ce pouvoir d’être à la fois des cliniciens et des magiciens de l’image grâce aux incroyables performances technologiques.

Je souhaite que l’on rappelle la définition de la santé. La santé, c’est le bien-être et non pas le bonheur. Le bien-être physique, mental et social. La vie des gens doit commencer à 40 ans pour les hommes, et 50 ans pour les femmes. Ce que je dis est très percutant. Je vois tellement de cas désespérés de femmes de 50 ans, qui sont incapables de s’assumer alors qu’il leur reste 50 ans à vivre. Il faut habituer les gens à l’idée qu’on n’est pas foutu à 40 ans.

 

En quoi, cela est-il lié à la culture ?

La culture, c’est ce qui permet de situer l’individu dans sa cité, dans le temps et dans l’espace. La culture doit être considérée comme quelque chose d’aussi noble que l’industrie et il faut que la culture soit au service de l’humanisme. Je me réfère à ce vers de Joachim Du Bellay qui dit “France, mère des arts, des armes et des lois”. Il met les arts en premier.

 

En pratique, comment mêler santé et culture ?

Il est très important de dire que l’Unesco siège à Paris. L’Unesco signifie éducation, sciences, culture. La santé est à la fois un art et une science. Malheureusement Unesco et OMS ne communiquent pas. J’aimerai pouvoir mêler ces deux entités.

 

En terme de santé publique quelles seraient vos priorités ?

Si on me donnait les pleins pouvoirs, comme on les a donné à Cincinnatus* sous la république romaine, pendant un an, je quitterais ma charrue, règlerais les problèmes de l’assistance publique et de tout le système médical d’Ile-de-France et je retournerais à ma charrue une fois l’année écoulée. Je connais tous les problèmes de l’assistance publique puisque je suis à la fois médecin et malade. J’ai 15 maladies qui évoluent en même temps et je ne me fais plus soigner à l’assistance publique. C’est fini.

 

Que faire pour résorber les problèmes de l’AP-HP ?

Je commencerais par rappeler que l’AP-HP est le premier employeur d’Ile-de-France. Les hôpitaux sont en pleine crise morale et financière. Moi je sais parfaitement trier le bon et le mauvais grain. Il faut absolument redéfinir les fonctions. On a favorisé les fonctionnaires. Tout le monde est parfait mais malgré tous ces gens parfaits, cela ne fonctionne pas. Il faut donc voir si les fonctionnaires sont adaptés à leur fonction. Cela touche le problème des retraites. Les hôpitaux traînent des boulets pendant dix voir quinze ans. Certains ne sont plus capables d’exercer un métier à l’intérieur d’un corps mais ils sont titulaires. Il faut trouver des solutions. C’est d’une complexité énorme mais il se trouve que j’ai étudié la question depuis 60 ans. Je ne me lance que lorsque je sais que je peux être utile, voire indispensable.

 

Que vous manque-t-il pour y arriver ?

Un passage sur les médias. Il me faut 300 signatures d’électeurs parisiens et dix parrainages d’élus parisiens avec une photocopie de leur carte d’identité pour pouvoir participer à ces primaires. Mon problème, ce sont les élus. Mais de toutes façons, je jouerai un rôle important de sherpa pour Mme Kosciusko-Morizet. Je pense que Rachida Dati n’y arrivera pas. Quant aux autres certains sont des farfelus qui n’ont aucune chance. Nous ne sommes que trois à avoir un site internet, NKM, Bournazel, qui connait bien le nord de Paris et moi. On connaît par cœur le discours de NKM, je pense que Bournazel n’a pas l’envergure alors que moi, à 75 ans, je suis un homme qui apporte quelque chose de nouveau. L’UMP appelle à la rénovation et aux personnes extérieures, j’arrive à point nommé. Je suis vierge de tout engagement donc je ne suis ni pourri, ni corrompu. Je ne vis que de ma retraite universitaire. Je suis le type idéal.

 

Pour contacter le Pr Moreau : jf@jfma.fr

* Article modifié vendredi 5 avril 2013 à 11h30.

 

Source :
www.egora.fr
Auteur : Sandy Berrebi