Près de 360 millions d’euros, c’est ce que devrait coûter l’épidémie de grippe à l’assurance maladie. Entre les médicaments, les consultations et les arrêts maladie, les groupes régionaux d’observation de la grippe évaluent le coût d’une épidémie de grippe à 90 millions d’euros par million de malades. Déclarée fin décembre, l’épidémie de grippe avait déjà touché près de 3,6 millions de personnes au bout de treize semaines, juste avant de passer sous le seuil épidémique. “C’est la plus longue des épidémies de grippe saisonnière jamais observée depuis 30 ans”, souligne le Dr Thierry Blanchon, du réseau Sentinelles-Inserm.

Faut-il y voir l’effet de la désaffection des Français vis-à-vis des vaccins en général, et du vaccin contre la grippe en particulier ? Cette tendance est devenue une réalité préoccupante depuis le long couac de la campagne contre la grippe A (H1-N1), co-organisée en 2009-2010 par le ministère de la Santé et de l’Intérieur, sans consultation et encore moins participation des médecins généralistes.

Et pourtant, cette année 2012-2013, les généralistes ont “fait le job” comme on dit. Malgré les effets de la désertification médicale, biens réels dans certains bassins de vie, ils ont assuré le train d’enfer réclamé par une épidémie clouant au lit des patients avec 39° de fièvre.

Le gouvernement, toujours prêt à froncer des sourcils devant une courbe non conforme, entendra-t-il cet argument ? Ces millions de consultations supplémentaires par rapport à 2012, année sans épidémie majeure, vont sans conteste alourdir la courbe des dépenses de médecine de ville. Un argument repris par la Tutelle pour différer certaines augmentations tarifaires actées, voire justifier la mise en place de forfaits pour la rémunération globale de certaines tâches ? Les dirigeants de l’Unof ne sont pas nés de la dernière pluie. Aussi, avec Michel Combier, disent-ils oui à des forfaits en compléments du paiement à l’acte, ou pour la rémunération des tâches transversales. Mais résolument non à des forfaits qui anéantiraient les efforts de productivité de la médecine de famille, confrontée à un surcroît d’activité brutal, qu’elle parvient néanmoins à assumer.